
^' N ~ y avoir pen fé , dit à 1 evêque & aux Chrétiens : Je fe-1
rai ce que vous v o u le z , je vous en donne ma parole.
Mais permettez-moi de parler à mon peuple, afin que
ma converfion foie plus utile. T o u s les Chrétiens témoignèrent
une joïe incroïable ; les uns fe jettoient
fur lui pour l’embraifer , les autres s’empreifoient à
lui parler. Il s’en alla chez lu i , & les Chrétiens allèrent
à l’é g life , en chantant félon la coutume. Après
les faints m y fte rc s , comme ils fo r to ien t, ils trouvèrent
une grande multitude de Juifs, qui venoient demander
à l ’évêque le ligne de J. C . On retourna à
l ’églife , on rendit grâces à D ie u , & l ’évêque les marqua
tous fur ie front.
U n autre jour on ne commença la mefle q u ’à la
feptiéme heure, c’eft-à-dire une heure après m id i ,
tant l’évêque fut occupé à exhorter les Juifs qui v e noient
fe convertir , & à faire écrire leurs noms ; & le
peuple fentoit tant de joïe , qu’il ne fongeoit pas à
manger. Le lendemain on attendoit avec impatience
que Théodore exécutât fa parole. Il vo u lo it auparavant
amener fa femme qu’il a voit lailfée dans l’illed e
M a jo rq u e , de peur qu’elle ne demeurât J u iv e , & ne
\ • voulut le quitter. Les Chrétiens trouvoient l ’excufe
ra ifo n n a b le , mais les Juifs convertis ne purent fouf-
frir ce délai. Théodore fe rendit, & tous les Juifs fui-
virent fon.exemple, entre-autres un vieillard de cent
deux ans. Leurs d od eurs mêmes fe rendirent fans
difpute. Quelques Juifs étrangers qui attendoient le
vent fa vo rab le , aimerent mieux perdre l ’occafionde
s’embarquer que de fe convertir. Il y eut feulement
quelques femmes qui demeurèrent opiniâtres durant
quelques,jours.
Le huitième jour depuis que l ’évêque Severe é to it
L i v r e v i n g t -q u a t r i e ’m e . yo<>
venu de Jammone, il voulut y retourner ; mais com me
il étoit prêt à partir, une de ces femmes, quis’é-
toit embarquée pour fe retirer, aïant été ramenée à
terre, vint le jetter à fes g en o u x , en lui demandant
avec larmes de la recevoir. P ou rqu oi,lui d it- il,a v e z -
yous quitté vos freres av .c tant de legereté ? Elle répondit
: le prophète Jonas voulut aufli s’enfuir de
devant le Seigneur , dont il accomplit la vo lon té
malgré lui. Enfin il y eut cinq cens quarante perfon-
nés qui fe convertirent pendant huit jou rs , à compter
depuis le quatrième des nones de Février , après
le confnlat d’Honorius & de Conftantius,c’eft à-dire
le fécond de Février 418. Les Juifs convertis commencèrent
à détruire ce qui reftoit de leur fyn a g o gue
, & à bâtir une nouvelle é g life , non feulement à
leurs dépens, mais de leurs propres mains.
L ’évêque Severe écrivit ce grand événement dans
une lettre qu’il adreifa à tous les évêques, les prêtres,
les diacres & les fideles de to u f le monde , & qui s’eft
confervée jufques à prefent. Il paroît par une loi
d’Honorius du dixième Mars de la même année 418.
que les Juifs avoiententrée auparavant dansles charges
du palais, & même dans les fondtions militaires
puifqu’il le défend; mais il leur permet les charges des
villes &i la fonc tion d’avocat.
La lettre de l’évêque Severe fu t apportée en A fr ique
à U za le , dont l’évêque étoit Evode ancien ami
de faint A uguftin. On la lut publiquement dans l ’é-
glife du haut du ju b é , au commencement de l’office,
le même jour que l’on apporta dans cette églife des
reliques de faint Eftienne. Des moines d’Uzale aïant
oui parler à O ro fe des reliques de ce faint, qu’il avoit
S f f iij
A^n . 418.
T. . 14 . C . Th. fa
Ju d .
IV .
Reliques de fai-rfï
Eftienne à U z a le .
1. dé mime. f aneli
Stephani.
c. I i