
ï î o H i s t o i r e E c c l e s i a s T iqiue: .
rablesdans la v ille ,le sm a g iila ts , lesfophiftes. Pha-'
remus en fut ja lo u x , il ne parut point ,■& attendit la
fortie de faint Jean C h ryfoitome , qui vo y an t fou
mal d im in u é , iongeoit à continuer ion vo y ag e vers
Cucufe.
Cependant il v in t nouvelle tout d'un coup,qu’une
multitudeinombrable d’Ifaures couroit le territoire
de Cefarée , 8c qu’ils a voient brûlé un gros bourg.
C e tribun prit auffi-tot ce qu’ila v o itd e troupes, fit
fo r tit, craignant qu’ils n’attaquaifent la v ille même;
tout le monde étoit dans- une frayeur extrême, en
forte que jufques aux vieillards faifoient la garde fur
les murailles* En cette allarme univerfelle, une trom
pe de moines v in t au point du jo u r autour du logis
de faint Jean C h ry fo itom e , menaçant de brûler la
m a ifo n , s’il ne fortoit. Ils étoient fi furieux , que les
gardes en eurent peur ;. car ils les menaçoient eux-
mêmes , 8c fev antoien t d’avoir battu plufieurs foldats
prétoriens. C eux-ci eurent donc recours à S. Chry-
ib ilom e , 8c le conjurèrent dépa rtir,, en lui difant :
Quand nous devrions tomber entre les mains des Ifau-
re s , délivrez-nous de ces betes feroces. Le g ou ve r neur
l’ayant appris,vint à cette maifon ; mais les moines
n’eurent aucun égard à Ces remontrances, 8c il ne
fe trouva pas le plus fort. Dans cet embarras il-envoya1
à Pharetrius, le priant d’accorder quelques jours,tant
à caufe de la maladie de faint C h ry fo itom e , que du
péril desI-faures..Tout c e lan e fe rv it de rien, les moines
revinrent le lendemain plus échauffez ; & aucun
des prêtres de la v ille n’o fo ita g ir , fçachant que cette
vio lence fe faifoit par ordre de Pharetrius; ils fe ca-
choient de h on te , 8c ne venoient point quand fain^
Chryfoitome lesmandoit.
L i v r é v i n g t -u n i e’ m e: £ i î
Enfin il prit le parti de for tir , 8c monta en litiere
¿11 plein midi ayant la fièvre, en prefence de tout le1
peliple qui g em iffo it, 8c maudiifoit celui qui en étoic
caufe. Quand il fut forti de la v i l l e , quelques-uns du
i clergé vinrent fans bruit l ’accompagner ; 8c comme
[ d’autres perfonnes difoient:Vous l’expofez à une mort
certaine ; un de ceux qu’il aimoit le plus, lui dit : A lle
z , je vous p r ie , expofez-vous aux Ifaures ; fortez
l feulement d’ici. Seleucie v euv e du farrreux R u fin ,
I voyant cela, pria faint Jean C hryfoitome d efe retirer
dans une maifon qu’elle avoir à cinq milles delà ville ;
[ elle envoya des gens avec lu i, 8c il s’y logea en effet.
( Mais Pharetrius 1’aïant appris, fit de grandes m enaces
I à cette dame, qui fans en rien témoigner à S ;C h ry -
I foitome, donna ordre à fon intendant de lui donner
[ toute forte de foulagement ; 8c s’il v eno it des moines- I lui infulter, d’aifembler des païfans- de fes autres rer- I res 8c lesrepouifer. Elle pria faint Chryfoitome de f c
I réfugier dans fa maifon qui avoit un château, 8c n’é-
■ toit pas aifée à prendre; mais il ne le voulut pas, ne
I fçachant pas ce qui d evait arriver.
Cependant Pharetrius preffa tellement cette fem-
I me, que ne pouvant lui refiite r, 8c aiant honte d a-
I vouer fa foibléife» elle fit dire au milieu delà n u i t ,
I que les barbares venoient. Le prêtre Evethius v in t
I éveiller S. Chryfoitome , & lui cria : Levez-vous , je
I vous prie , les barbares font ici proche. Que fa u t - i l 1
I faire, dit l’ évêque ? nous ne pouvons nous fauver
I dans la v i l l e , ce feroit encore pis : Sortons , dit le
i prêtre, & i ls fe mirent ainfi en chemin par une nuit
■ fans lune 8c très-obfcure. L ’évêque fit allumer des;
I flambeaux; mais Evethius les fit éteindre , de peur
I que les barbares ne fuifent attirez par la lumière..
Ee iij,.