
3 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ,
■ Etant preffé;par Paulin de les nommer, il ne'pùt nommer
que Rufin, qui demeuroft à Rome avec'Pamnià-
que. Iliajouta toutefois,,qu’il avoit toujours dit , que
les; enfans avoient befoin du baptême, & devoient
être b-iptifez. Il donna même uu petit mémoire, où il
a v o i io i t , que les. enfans iavoicrtt befojn de rçdemp-
tion , & par confequent de baptême. Toutefois
aïant été oüi plufieurs fo is , il en confelfa aifez pour
être convaincu d’herefie & d’opiniâtreté dans les er-
: reurs'tlopt il étoit accufé : ainfi il fut condamné &
priviéide Ih communion ecclefiailique, comme il parodiait
parles aiftes de ce concile de Carthage. Celeftius
appella de cette fcntcnce au faint fiege apoftoli-
quejmais au lien de pôurfuivre fon appel, il s’en alla
à Ephefe. Ses difeiplesdeiCarthagé étonnez de fa condamnation,
n’oferent plus attaquer la foi de l’églife,
que par de vains difeours & des plaintes femées parmi
le peuple. > il . n: . ijklapq-
Saint Auguftin nfavoit pas: aflifté â ce concile de
Carthage,& il ne fepreffa pas d’écrire contre les Pela-
fie tract, u. e. tj. giens ; mais lui & les antres évêques Catholiques travaillèrent
à les combattre dans leurs fermons & leurs
converfarions particulières. Nous avons plufieurs fermons
de’ Auguftin où il O traite ce fujet, & exhorte « . t . ' .
fon peuple a demeurer ferme dans Panciennedoétrine
de l ’églife.; Il foutient particulièrement le péché
originel , & la neceffité du baptême des enfans.
Que chacun de vous, dit i l , parle pour ceux qui ne
peuvent parler pour eux-mêmes. On recommande
aux évêques le patrimoine des pupilles : ils doivent
avoir bien plus de foin de leur falut. Il commença
toutefois à . écrire contr’cux dès la même année 4 i i r
Car le tribun Marcellin qui étoit à Carthage , importuné
Serm. 170. 174
*7f.
¡crm. 176. e.
De geft. Peiag'.c,
L i v r e y i n g t - t r o i s i e ’m e . 5 7 7
importuné des difputes qu’il avoit tous les jours avec
eux, confultoit faint’Auguftin par lettres, & l’obligea
de lui écrire fur ces queftions, principalement fur
le baptême des enfans.
Saint Auguft in donc pour fatisfaire aux prières de
Marcellin & au devoir de fa charge, écrivit deux livres
qu’il lui adreffa, intitulez : du merite des pechez,
& de leur rémiflion, autrement du baptême des enfans.
Dans le premier, il prouve que l’homme eft devenu
fujet à la mor t , non par la neceffité de la nature,
mais par le merite du péché : que le péché d’A dam
a engagé toute fa race, & que l’on baptife les enfans,
afin qu’ils reçoivent la rémiflion du péché originel.
Dans le fécond l ivre, il montre premièrement,
que l’homme peut être fans péché en cette vie , par la
grâce de Dieu & fon libre arbitre : en fécond lieu, que
perfonne en cette vie n’eft abfolumcnt fans péché ;
puifqu’il n’y a perfonne qui n’ait befoin de dire :
Pardonnez-nous nos pechez : troifïémement, que cela
arrive, parce que perfonne ne le veut autant qu’il
faut. Enfin , qu’aucun homme,excepté Jefus-Chrift
feul, n’eft , n’a é té , ni ne fera fans péché. Peu de
jours après qu’il eut achevé ces deux livres, aïant recouvré
les expofitions de Pelage fur faint P a u l , il y
trouva un nouvel argument que Pelage propofoit
comme le fentiment d’un autre contre le péché originel
: en difant que fi le péché d’Adam nuit à ceux
qui ne pechent p o int , la juftice de Jefus-Chrift fert
auffi à ceux qui ne croient point. Cette objedtion que
S. Auguf t inn’avoitpoint p révûê, lui donna occafîon
d’ajouter à ces deux livres une lettre à Marcellin, ou
plûtôt un troifiéme livre : où il montre comment les
enfans font comptez pour fideles & profitent de la
Tome V . B b b
A n . 4 1 z.
pii
Premiers écrits de
S. Auguftin contre
les Pclagicns.^
Retr. i l . c. j j .
Lib. Ht. de f i e .
mot. init.