
4 oS H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
qu’Avitus apporta cil Efpagne,contenoit la vraïe foi
de la Trinité, de la création , de la bonté des ouvrages
de Dieu, niais elle renfermoit auffi quelques erreurs.
Que les anges, les démons & les ames étoient
d’une même fubftance, & qu’ils avoient reqû ces
rangs différents félon leurs mérites. Que le monde
corporel avoit été fait le dernier, po'ur y purifier les
ames qui avoient péché auparavant. Que le feu éternel
n’étoit que le remors de la confcience : nommé
éternel, parce qu’il dureroit long-temps : ainfi que
toutes les ames feroient.à la fin purifiées, & le diable
même. Que le Fils de Dieu avoit toujours eu
un corps, mais plus ou moins fubtil, félon les créatures
aufquclles il avoit prêché : les anges, les puif-
fances, & enfin les hommes. Que la créature foumife
à la corruption malgré elle, étoient le fo le il, la lune
& les étoiles, qui étoient des puilTances raifonnables.
Cet Avitus, un autre Avitus auffi Efpagnol, & un
Grec nommé Bafile, enfeignort cette dodtrine corm
me d’Origene.
Saint Auguftin répondit à la confultation d’Orofe
par un petit écrit, où d’abord il le renvoie à fes ouvrages
contre l’herefie de Manés, dont celle de Prif-
cillien n’étoit qu’un rejetton. Il montre qu’il eft de la
f o i , que l’ame eft un ouvrage de Dieu , & tiré du
néant comme les autres. Que le feu éternel eft un vrai
feu & vraïement éternel. Que le monde n’a point
été fait pour punir les efprits , mais par la bonté de
Dieu. Qu’il n’y a aucune raifon de croire que les
aftres foient animez ; & que nous ne devons point
rechercher trop curieufement la nature des corps ou
des efprits.celcftes. Sur quoi il dit : Je croi très fermement
qu’il y a des trônes, des dominations, des
principautez
L i v r e v i n g t - t r o i s i e ’m e . 4 0 ?
principautez, des puiffances, & qu’ils différent entre
eux : mais afin que vous me méprifiez,moi que vous
croïez un fi grand dodteur, je ne fqai ce qu'ils font,
ni en quoi ils différent.
S. Jcrôme étant confulté par le tribun Marcellin ,
fur la queftion de l’origine des ames, l’avoit renvoie
à faint Auguftin, qui pouvoit l’en inftruire de vive
voix, étant avec lui en Afrique. Mais faint Auguftin
étoit lui-même embaraffé de cette queftion : & corn-
meelle étoit de celles dontOrofecherchoitàs’inftrui-
re, il lui confeilla d’aller en Paleftine confulter faint
Jerôme,&: le pria de repaifer en Afrique à fon retour.
Orofe entreprit le voïage,Si faint Auguftin ne manqua
pas cette occafion fi favorable d’écrire à S. Jérôme,
comme il fouhaitoit depuis long-temps. Il lui
écrivit donc deux grandes lettres, ou plutôt deux
livres, fur deux queftions qui étoient alors très-importantes,
à caufe des Pelagiens : la première fur l’origine
de l’ame : la fécondé fur ce paflage de S . Jacques
: Celui qui viole un précepte eft coupable de
tous.
Dans le premier livre S. Auguftin établit d’abord ce
qui eft certain touchant la nature de l’ame : qu’elle eft
immortelle, qu’elle n’eft point une portion de la divinité
, qu’elle eft incorporelle : enfin qu’elle n’eft
tombé dans le péché que par fa faute & par fa propre
volonté ; & qu’elle n’en peut être délivrée que par la
grâce de Jefus-Çhift. Voilà, dit-il, ce que je tiens
fermement touchant l’ame. Ce que je demande ,
Ç eft ou elle a. contradté ce peçhé , qui attire la condamnation
des enfans-mêmes, morts fans baptême ?
Dans les livres du libre arbitre contre les Mani-
çhéens, j’ai rapporté quatre opinions fur l’origine de
Tome F , ' F f f
xvn.
Lettres à S. Jérôme
par Croie.
Apud Au g. epifl.
165. al 17 .
Aug.ep'tfl 166, al.
28. ». 1. 2.
l '.R e t r . c. 4.
J a c .u l e ,
Ep. 1 (6 . c. 1,