
88 H ï s t orn e E c c l e s i a s t i q u e .'
^ 4 la vente de tC)us les emplois. Gainas capitaine Goth,
* ^ ,i>‘ qui commandoit les armées, nele put fouffrir : il fuf-
cita fous main Tr ibigi lde ion p a rent , qui ravagea
la Phry g ie, Sc les provinces voifines; Scl’empereur
Ar c ade , que Gainas trahiffoit, fut obligé pour faire
zofimi^.p.y^ Ja paix avec Tr ibigilde, d’abandonntr Eutrope, comr
- r , . 1, ^ | a thiioft.iuc.t, me lacaulede tous les mauxdel empire.On dit memç
qu’il avoic offenfél'imperatrice Euaoxia, jufquesà la
menacer de la chaifer du palais : qu’elle alla trouver
l'empereur en pleurant , & qu’elle acheva de le re-
foudre,
En cette extrémité, Eutrope fe réfugia dans l’égli-
fe pour fauve r fa v ie , 8c S. Chryfoftome s’opofagene-
reufement à ceux qui voulurent l’en tirer par yio-
orxt.inZKrop. lence. Il fit même en cette occafion un difcours ats
A .t o .% .p .67 . . . . . ,
p.îî.4./«.4St. peuple, profitant du concours prodigieux qu avoir
attiré un telfpeéfcacle. D ’abord il releve parcet exemple
la vanité des chofes humaines, 8c }a fragilité des
grandes fortunes. Où font maintenant, dit-il à Eu-;
trope, ceux qui Vous fervoient, & q u i vous faifoient
faire place dans les rues, ceuxquivous donnoient des
loüanges? Ils s’en font fuis, ils ont renoncé à votre
amicié, ils cherchent leurfeureté à vos dépens. Nous
n ’en ufons pas ainfi : l’églife à qui vous avez fait la
guerre, ouvre fon fein pour vous recevoir ; & les
théâtres, que vous avez chéris, qui vous ont tant coût
é , qui nous ont fi fou vent attiré vôtre indignat ion,
vous ont trahi. Je ne le dis pas pour infulcer à celui
qui eft tombé, mais pour foûtenir ceux qui font debout.
il ajoûte en parlant d’Eutrope : Hier quand on
vint du palais pour le tirer d’icy par force, il courut
aux vafes facrez , ayant le vifage d’un mor t , tremblant
de tout le corps, parlant d’une yoix entrecou-
L i v r e v i n g t i e ’ me . 89
I l iée, & d’une langue bégayante. Il exhórteles audi-
I teursàen avoir pi t ié , 8c ajoûte ? Vous direz qu’il a
I fVrmé cet afile par di verles loix ? mais il a appris par
I experience le mal qu’il a fait : lui-même a violé la
I loy le premier, & fa difgrace eft uneinftruftion pour
H tout le monde. L'autel paroît maintenant plus terri-
I ble, en tenant ce lion enchaîné: c’eft comme l ’ima-
I ge du prince, qui foule aux pieds les barbares vain-
I eus 8c captifs. Et enfuice : Ai-je adouci vos efprits :
I ai-je chaffé la colere? ai jeéteint l’inhumanité ? ai-
■ je excité la compailion ? oüi je le c r o i , vos vifages
I le témoignent & ces torrens de larmes. Allons donc
■ nous jetter aux pieds de l’empeur, ou plurôt. prions
■ le Dieu de mifericorde de l’adoucir , eniorte qu’il
■ nous accorde la grâce entiere. Il eft déjà fort chan-
■ gé. Gar ayant apris qu’Eutrope s'étoit refugié en ce
■ lieu faint, il a parlé à toute fa cour, qui vouloir l’ai-
■ grir contre le coupable , & le demandoit pour l’é-
■ gorger. Il a répandu des larmes, & faifant mention
■ de la table facrée, à laquelle il s’eft r é fu g ié . il a apai-
■ ic leur colere. Après cela, quelle grâce meriteriez-
■ vous, fi vous gardiez la vôtre? comment vous apro-
■ cher iez -vous des faints m yf teres, 8c demanderiez-
1 vous le pardon de vos pechez ? Prions plûtôt le
■ Dieu de mifericorde de délivrer ce malheureux de
■ la mort, 8c de lui donner le temps d’expier fes crimes.
■ C ’eft-à- dire de recevoir le baptemetcar Eutrope écoit
■ payen. _
Ce difcours eut fon effet; 8c S. Chryfoftome fauva la
■ vie à Eutrope : mais ce ne fut pas fans p e in e , 8c fans
I livrer des combats. On vint à l’aglife en armes, on ti-
I ra des épées, on mena le S. évêque au palais, on lui
■ fiu n c r im e du fermon qu’il avoit prononcé, on le
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©é pnmifî. B e i
ap Pro/p.p. 2 g.
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Serm* irt pf. 94
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