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4 H i s t o i r e E c c i e s I à s t i q d ê .
de palme qu’ il emp lo y o i t , le contentant d'en ajoute?
de tems en tems. Les anciens du monaftere lui dirent
un jour : Pourquoi ne changez-vous point cette
eau puante ? Il répondit : Je dois fouffrir cette odeur
à caufe des parfums, dont j ’ai ufé dans le monde. Il
ne confumoit par an pour fa nourriture qu’une petite
mefure de bled nommée Thall is, encore ceux qui
le venoientvoiren mangeoient avec lui. On donna
une fois aux freres de Scetis quelques figues. C ’étoit fi
peu de chofe, qu’ils ne lui en envoyèrent points
craignant de l’offenfer. Il ne vint point à l’eglife ,
& dit: Vous m’avez excommunié, ne méjugeant pas
digne d’avoir part àla benediôtion que Dieu vous a
envoyée. Tous furent édifiez de fon humilité : le prêtre
alla lui porter des figues, & le ramena à l’églife
avec joye. Il veilloit toute la n u i t , & vers le matin
la nature le forçant à dormir , il difoit au fommeil:-
Viens-çà,mauvais ferviteur,Se après en avoir pris un
p e u , i l ferelevoitauffi-tôt. Il pria une fois deux moines,
Alexandre & Z o ï le ,d e l ’obferver pendant la nuit,,
& ils ne s’apperçurent point qu’il eût dormi, iinorr
que le matin , il foufla trois fois comme en fommeil-
lant : encore doutèrent iis s’il ne l’avoir point fait ex-
• près. Le ianaedi au foir i l fe mettoit en priere , tournant
le dos au foleil , Sl demeuroit ainfi les mains
élevées au ciel jufques à ce que le foleil lui donnât fur
• le vifàge. Il difoit q u e c ’étoit aifezpour un moine de
dormir une heure;
Un jour il étoit malade en Scetis , le prêtre vint „
le p o r ta i l’égli fe, & le mit fur un lit de peaux avec,
un oreiller fur fa tête.. Un des moines le vint voir ,
& feandalifé de le trouver fi bien couché, il dit $
Eft-ce là L’abbé Arfene? Le prêtre le prit en particu?
L i v r e V I NGT i e ’m e . y
l ie r , & lui dit : Que faifiez-vous dans vôtre village ?
Le vieillard répondit r J ’étois berger. Et comment
paiïiez-vous vôtre v i e , dit le prêtre. J’avois, dit-il,
beaucoup de peine. Et maintenant comment v iv e z -
vous dans vôtre cellule ? J’ai plus de repos , dit-il.
Alors le prêtre lui dit: V o y e z vous cet abbé Arfene l
dans le mon d e , il étoit le pere des empereurs ; i l
avoit mille efclaves vêtus de foye, avec des bracelets-
& des ceintures d’o r , il couchoit fur des lits précieux.
Vous qui étiez berger,n’aviez pas dans le monde
la douceur que vous avez i c i ;& i l n’a pas ici les
délices qu’il avoit dans le monde? vous êtesfoulagé,.
& il fouffre. Le vieillard touché de fes paroles fe
profterna, & dit : Pardonnez-moi mon pere, j’ai péché
; il eft dans le vrai chemin de l’humiliation ; &c ~t
s’en retourna édifié. Saint Arfene étoit fi pauvre ,
qu’ayant befoin d’une chemife dans fa maladie, Il ». i**-
fouffrir qu’on lui donnât par charité de quoi l’acheter,
& dit : Je vous remercie,Seigneur,de m’avoir fait
la grâce de recevoir l’aumône en vôtre nom. Un ».,*
officier de l’empereur vint lui apporter le teftament
d un fenateur ion parent, qui lui laiffou une très-
grande fucceffion. il le prit & le vouloit déchirer.
L ’officier fe jetta à fes pieds, & lui dit : Je vous prie,
ne le déchirez pas ; il y va de ma tête. S. Arfene dit :
Je fuis mort devant lui ; & ne voulut rien recevoir
du teftament.
La vertu qui éclata le plus en lu i , fut l’amour de
la retraite. Sa cellule écoit éloignée de trente - deux
milles; c’eft-à-dire de plus de dix lieues; il n’en for-
toit pas volontiers ; Scd ’autres moines lui rendoient
lesfervices neceifaires.Qjand il alloit à l’églife,ilde-
meuroit affis derrière unpallier, afin que perfonne ne: «.4»-
A . iij.