
y i o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
vues en O r ien t , furent excitez à en faire venir ; &
trouvèrent moïen d'avoir une phiale qui contenoit
de fon fang, avec quelques petits fragaiens d’os très-
déliez,comme des pointes d’épics. Ils gardèrent quelque
temps ces, reliques, fans que pcrfonne le fçut î &
comme ils en parloientun jour, une vierge confacréc
à Dieu , qui fe trouva prefente,dit en elle-même: Et
quifçait fi ce font véritablement des reliques de martyrs
! La nuit fuiyante elle eut un fonge, qui fut v é rifié
par l’évencment, aufli-bieii qu’un autre fembla-
ble d’une autre vierge.
L ’évêque Evodeaïant donc connoiflançe de ces reliques
, alla à un lieu hors de la ville d‘Uzale,où étoit
la mémoire de deux anciens martyrs Félix & Genna-
de ; & y reçut les reliques de S. Eftienne. Un barbier
nommé Concordiusquis’étoit rompu le pied en tombant
, &c en étoit demeuré long-temps au l i t , s’étant
recommandéiS. Eftienne fut guéri,vint de fon pied
rendre grâces à Dieu dams l’églife des martyrs, & après
y avoir prié long-temps, il y alluma des cierges, &
laiila fon bâton. L’évêque aprçs avoir célébré les faints
myf te res, partit de cette églife accompagné d’une
multitude infinie de peuple di vifé en plufieurs choeurs,
portant des cierges & des flambeaux, chantant des
pfeautnes, & répétant fouvent ces paroles: Beni foit
celui qui vient au nom du Seigneur. L ’évêque aflis
dans un char iot , portoit les reliques iur les genoux.
Ils marchèrent ainfi jufques à la ville,où ils arrivèrent
le foir , & les reliques furent dépofées dans l ’églife
fous l’abfide , e’eft-à-dire dans le fanduaire , & mi-
fes fur le trône de l’évêque couvertes d’un linge.
Le même jour une femme aveugle nommé H f
L i v r e v i n g t - q u a t r i e ’me . p i
laria boulangère, connue dans la ville , vint à leglifc
pleine de. f o i , & pria une femme pieufp de lui donner
la main, & de la mener près des reliques. Elle prit
en tâtonnant le linge qui les couvroit , l ’appliqua fur
fes deux y e u x ,& f e retira chez elle. La nuitétantfor-
rie de fa porte, elle commença à voir au clair de la
lune les murailles voifines & les pavezdela rue. Elle
appellafon fils, & lui dit : Mon fils, ne font-ce pas
là les murailles de la maifon d’un tel ? Son fils crut
qu’elle difoit cela pour le faire parler. Elle-ajouta en
levant les yeux au ciel : Je vois la lune fur le théâtre :
elle eft encore en quartier. Son fils lui dit : Pourquoi
faifiez-vous l’aveugle ? croïant qu’elle ne l’avoir jamais
été. Le lendemain matin elle vint toute feule à
l’églife rendre grâces à Dieu.
On mit enfuite les reliques fur un petit lit dans un
lieu fermé, où il y avoir des portes & une petite fenêtre
, par où on faifoit toucher des linges, qui gué^
riifoient les maladies. On y venoit de tous côt tz ,même
de loin ; & il s’y fit une infinité'de miracles. On
mit devant la mémoire de faint Eftienne un voile
donné par un homme inconnu,où étoit peint le faim,
portant fur fes épaules une croix , de la pointe de laquelle
il ftappoit la porte de la ville, & en chafloic
un dragon. Et cette peinture dans une églife eft remarquable.
L’évêque Evode avoit féparé une partie dès reliques,
& les avoit mifes dans fon monaftere en une
petite chaffc d’argent, pour les tranfporter en l’églife
d’un lieu nommé le Promontoire, qu’il avoit retirée
des Donatiftes. Mais Dieu fit connoitre par deux re-
vdat ions que cette tranflation ne lui étoit pas agréable
; & en effet, comme on préparait déjà le chariot,
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