
joîî H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j j e .
les m a in s , en difant : O ù allez-vous ? Il y a un lion;
A ces mots faifi de peur , j’ai cherché à m’enfuir, &c
voulant entrer dans un certain l ie u , j’y ai vu des
moines qui chantoient avec une douceur merveilleii-
fc. Ma peur a augmenté, & je ne m’en ferois pas remis,
iî je n’étois entré dans la maifon de R u b en ,d ’où
j ’ai couru de toute ma force vers ma mere qui étoit
proche.
Si-tôt q u e l’évèque Severe fut arrivé à M agon e , il
envoïa des'clercs pour avertir les Juifs de fa venue,
& les prier de vouloir bien venir à l’églife. Ils répondirent
qu’ils ne pouvaient y entrer ce jo u r - là , qui
étoit un famedi. L ’évêque leur envoïa dire : Attend
ez-moi donc à la fynagogue. Nous ne voulons pas
vous obliger à une oeuvre fervile ; il ne s’agit que
d’une difpute fur la loi : montrez-nous qu’il foit défendu
d’en conférer le jour du fabbat. Us refuferent
obffinément de venir à le g lifc ; mais ils vinrent à la
maifon où 1evêque logeo it. Il leur dit : Je vous prie,
mes freres, pourquoi avez-vous amaffé tant de pierres
& tant d’armes, comme fi vous aviez affaire à des
voleurs, principalement dans une ville foumife aux
loix Romaines ? à ce que je vois, vous êtes altérez de
notre fang, tandis que nous ne le fournies que de v o tre
falut.
Les Juifs étonnez nièrent le f a i t , même avec ferment.
L evêque dit : Q u ’eft il befoin de fermens dans
les chofesdont on peut s’affurer par fes yeux ? A llons
a la fynagogue. Us y marchèrent en chantant tous un
pfeaume. Chrétiens & Juifs. Mais avant qu’ils y ar-
rivaifent des femmes Juives commencèrent à jetter
fur eux d’en-haut de groffes pierres qui ne blefferent
perfonne : les Chrétiens, qu o iqu e pût faire l’évêque
pour les retenir , attaquèrent auffi les Juifs à coups de ^ N> 41b*.
pierres, fans qu’il y en eût pas un de bleffé. Puis,s’étant
rendus maîtres de la fynagogue, ils la brûlèrent
avec tous fes ornemens, excepté les livres & l’argenterie.
On emporta les faints liv r e s , de peur qu’ils ne
fuffent profanez par les Juifs ; Sc on leur rendit leur
argenterie , afin qu’ils ne fe plaigniffent pas qu’on les
eût pillez. Après avoir détruit la fynagogue au grand
étonnement des Juifs , les Chrétiens revinrent à l’é-
glife rendant grâces à D ie u , & lui demandant leur
converfion.
Ruben fu t le premier qui témoigna tout haut vou- 1 u .
loir quitter le Judaïfme : Il reçut le ligne de la croix Juff°uvcrkDa Je*
comme catecumene -, & commença à reprocher aux
autres Juifs leur endurciffement. T rois jours après
Théodore accompagné d’une grande troupe de Juifs,
vint à la fynagogue brûlée , dont les murailles ref-
roient encore : il s’y affembla auffi un grand nombre
de Chrétiens. Comme T h eo d ofe difputoit. hardiment,
& fe mocquoitde toutes les objedions ,le peuple
Chrétien fe mit à crier tout d’une vo ix ¡T h é o d o re
crois en J. C . les Juifs crurent que l’on c r io it :
Théodore croit. Ainfi épouvantez de fe voir abandonnez
par leur chef,ils le difperferent de tous cotez,
les femmes couroient les cheveux épars, en criant :
Théodore qu’as-tu fait ? les hommes cherchoient à fa;
cacher dans la ville , ou s enfuïoient fur les monta—'
gnes. Théodore demeura fur la place, étonné de fe
voir abandonné de tout le monde,& voïant des moines
qui chantoient fuivant fon fonge, Ruben lui d it :
Q u e craignez - vo u s , feigneur Théodore ? Si vous
Voulez vivre en sûreté dans les honneurs & les ri-
cheffes, croïez en J. C . comme moi. Théodore aptes