
3 | votre fainteré. Faites-nous p art, s'il vous plaît, des
livres que vous faites fur tous vos ouvrages, quand
vous les aurez publiez. Il entend les Rctraftations :
ahn qu’ils nous autonfent, continuë-t’il, à rejetter ce
qui vous aura déplu à vous-même dans vos écrits.
Nous n’avons point de livre de la grâce & du libre
arbitre. Etant preffépar le porteur, & craignant de ne
me pas bien expliquer, j ’ai obligé un homme célébré
par la yertu, ion éloquence & fon zele de vous écrire
ce qu il pourrait ramaiTer ; & j’ai joint fa lettre à celle-
ci. Car c’e ftu n homme qui mérite , même fans cette
occahon, d’etre connu de votre fainteté. f e l i I G ^ i ^ H i l a i r e p a rle a in fi, eft faint Profper. Il
pet à s. Auguitin. croit de lue s en A q u ita in e , ou plutôt en Provence ;
& ne paroît avoir été que fimple laïque, mais très-inf-
truit & très-zelé pour la do&rine de la grâce. Il n’a -
y o it jamais vû faint A u g u ft in , mais ils fe connoif-
(H et■ f° ien t déjà par lettres. Dans celle d on til accompagna
la lettre d’H ila ire , il dit : Piufieurs des ferviteurs de
Dieu qui demeurent à M a r fe ille , aïant vû les ouvrages
de votre faintete contre les Pelagiens, croïent
contraire a 1 opinion des Peres & au fentiment de I’é-
g ife , tout ce que vous y avez dit de la vocation des
élu s , félon le décret de Dieu. Quelques-uns atten-
doient la-deiTus un plus grand éclaircillement de vo-S
tre part : quand par la difpofition de la providence ,
la meme cjueftion s’étant émue en A fr iq u e , vous
ayez p u b lie je livre de la Corre&ion & de la Grâce.
L a ia n t reçu par un bonheur inefperé, nous crûmes
qu’il ferait ceiTer tous les murmures. En effet il confirma
ceux qui gouraient votre doétrine :mais les autres
n en furent que plus aliénez. Leur oppofition eft
a craindre, & pour eux-mêmes, car ce font des gens
L i v r e v i n g t - q j i a t r i e ’me. 637
de grande vertu , & pour les fimples fur lefquels ils
ont une grande autorité.
Saint Profper explique enfuite la doélrine des Demi- g
Pelagiens, comme avoit fait Hilaire , & encore plus
fortement. Ils foutiennent, dit-il, que la doôtrine de
la predeftination ôte à ceux qui font tombez , le foin
de fe relever, & infpire la tiedeur aux faints : puif-
que d’un.côté & d’autre le travail eft inutile fi le reprouvé
ne peut entrer par aucune induftrie , ni l’élû
périr par aucune négligence. Que toute vertu eft
anéantie, fi le décret de Dieu prévient la volonté
humaine ; & que fous ce nom de predeftination, on
introduit une neceffité fatale : où l’on fait Dieu créateur
de diverfes natures, fi perfonne ne peut être
autre chofe que ce qu’il a été fait. Enfin ils foutienn
en t, que notre créance eft contraire à l’édification ,
& qu’encore qu'elle foit vraie , pn ne doit pas la publier
: puifqu’il eft dangereux de propofer des cho-
fes qui ne peuvent être bien reçûës, & qu’il n’y a
point de péril à taire ce qui ne peut être entendu.
D ’autres plus Pelagiens font confifter la grâce dans
les dons de la nature ; & d ifen t, que fi l ’on en ufe
b ie n , on mérite d’arriver à cette grâce qui fauve.
A in fi ceux qui v eulen t, deviennent enfans de Dieu,
& ceux qui ne veulent pas font inexcufables : la juf-
tice de Dieu confifte en ce que ceux qui ne croïent
pas pe r iiïent, & fa bonté p a ro ît , en ce qu’il n’ex clut
perfonne de la vie , mais veut que tous indifféremment
foient fauve:z. En un mot ils veulent que
nous aïons autant de liberté pour le bien que pour
le mal.
Quand on leur obje&e les enfans qui meurent
avant l’âge de diferetion : ils difent qu ils font perdus
L l l l iij