
1 0 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i qjTE.
fçavoient que l 'Egyptien. Il demanda d’abord à Cafë
iien ôc à Germain s'ils étoient freres ; ôc eomme ils1
eurent répondu qu’ils ne l’étoient que fpirituelle-
ment , il les entretint de l’amitié , montrant que la
cÆsmt.i.:, véritable eft celle qui eft fondée fur la vertu. Enfuite
11 les mit dans une cellule feparée, pour y paffer la
nuit ; mais ils ne purent dormir, tant ils étoient agi tez
par le zele que fon difcours avoit excité dans leurs-
coeurs.
c.i. Ilsfortirent donc de la cellule, & s’affirent environ
à cent pas, dans un lieu plus écarté. Alors Germain
.. dit en gemiflant : Que ferons-nous ? Ces faints nous-
montrent par leurs exemples, quel eftle chemin de la
perfeétion, ôc nous y pourroient conduire , fans la
promeiTe que nous avons faite de retourner promptement
à nôtre monaftere ;ôc fi nous y retournons une
fo is , on ne nous permettra plus de revenir ici. Ils demeurèrent
quelque tems à s’affliger tous deux de
cette penfée, fe reprochant leurmauvaife honte, qui
leur avoit fait faire cette promefle pour obtenir leur
congé. Enfin, Caffien dit : Confultons ce vieillard y
ôc prenons ce qu’il nous dira pour un oracle d iv in.
Ils attendirent l’heure des prières norfturnes ôc quand
elles furent finies, ils s’affirent à l’ordinaire fur les
nattes oùils avoient couché ; ôc Jofeph les voyant trif-
t e s , leur en demanda le fujet. Germain le leur expliqua,
ôc Jofeph leur dit: Eftes-vous perfuadez de tirer
e.-j. un plus grand profit pour les chofes fpirituelles en ce
pays-ci? Nous croyons , dit Germain, qu’il n’y a
point de comparai fon. Alors Jofeph leur fit un entretien
fur l ’engagement des promeffes, leur montrant
qu’il eft quelquefois meilleur de ne les pas accomplir.
— Il approuve même le menfonge officieux, ôc prétend
l ’ autorifer pat des exemples de 1 écriture; fuivant 1 erreur
de quelques Orientaux. Les deux amis perfuadez
parle dilcoursdeJoleph, tefolurent de demeurer en
E g yp te , ôc y pafferent fept ans; pendant lefquels ils
éc r ivo ient fouvent a leurs freres. ^
Dm s le voi finige de Panephyfe , ils virent l’abbe
Pynufe , qui leur étoit déjà connu pour avoir été dans
leur monaftere de PaleftinL.il etoit pretre ôc iupérieur
d ’un grand monaftere, ôchono e par toute la province
pour fes vertus ôc fes miracles. Ne pouvant a fon
gré exercer l’humilité; il prit un habit ieculicr, ôc s en
alla d a n s lu Thtba ide au monaftere de Tubenne, fondé
par S. Pacome l l fçavoi tque la régularité y étoit
grande; Ôtefpcroit s y cacher dans la multitude des
moines, joint la diftance des lieux, On le laiifa long-
tems àla porte à poftuler, ôc fe jetter aux genoux des
freres. Ils leregardoient commeun vieillard qui quit-
toit le monde , quand il n en pouvoir jo u i r , ôc qui
cherchoit à s’affurer du pain , plutôt qu’a procurer
fonfalut Enfin après plufieurs r e fu s , on 1 admit ôc
o n le f i t travailler au jardin fous un jeune frere. Il lui
obéïifoit avec une excrême foumiffion .' fe cha^geoic
de tous les travaux les plus bas ôc les plus degoutans,
ôc fe relevoit même la nuit pour les faire fecretement.
Après avoir étéainfi caché pendant trois ans , quoique
fes freres le cherchaflent par tout le pais : enfin
quelqu'un qui venoit d e là balle Eg ypte , le vit ôc le
reconnut à grande peine,lé trouvant avec un méchant
h .b i t , qui labouroit la terre tout courbé , pour fe-
mer des herbes, ôc qui portoit du fumier. Il douta
très-long tems fi c’étoit lui : mais 1 ayant reconnu
au viiage ôc à la v o i x , il fe jetta à fes pieds, au grand
¿connement des moines de Tabenne qui le regar-
R iî
C. )!•
I V .
Pynufe.
Coll. IG. c» x,
Injut.c. 30.
Sa£. liv• xv. n•
58.