
4 zS H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . ’
---------------jsje vois-ta p a s , lui dit-il, la fechcreiTe qui afflige le
A n . 41 j . monde ? Ne confideres-tu pas qu’il y a dans le defert
bien des faints meilleurs que toi, que nous avons bi ffez
i te choifilïant pour nous faire connoître ? C ’eft
pour cela que nous t’avons fait venir d’une autre bourgade,
pour être le prêtre de celle-ci. Lucien épouvanté
, lui promit de ne plus différer. Enfuite il eut
une autre vifion. Il crut être à Jerufalem & raconter
fa vifion à l’évêque Jean, qui lui difoit : Si cela eft
ainfi , il faut que je prenne Ce grand boeuf,propre au
chariot & à la charuë , & que je vous laiffe les autres
avec la terre. Il vaut mieux que celui-ci foit dans une
grande ville, les autres vous fuffiront.
xxm Après cette derniere vi f ion, Lucien alla à Jerufainvention
des ]em , & raconta tout à l’évêque Jean, excepté cette
E.klme, 6 a nt derniere partie, qui regardoit le grand boeuf. Car il
c' i ' avoit compris qui l fignifioit S. Etienne, & que levé-
que lui demanderoit les reliques, pour mettre en l’é-
olife de Sion, lignifiée par le grand chariot. Il voulut
donc voir fi l’évêque lui en parlerait. L’évêque
Jean pleura de jo ïe , & loua Dieu , puis il dit : S’il
eft ainfi , mon cher f i ls , il faut que je transféré delà
le bienheureux Etienne premier martyr & premier
diacre ; & il ajouta : A l le z , foüillez fous un tas
de pierres qui eft dans le champ : & fi vous trouvez
les reliques, faites-le moi fçavoir. Lucien lui
dit : Je me fuis promené dans ce champ , & j’ai vû
au milieu un tas de petites pierres : j’ai cru qu’ils
étoient là. L’évèque répondit : Al le z commeje vous
ai dit ; & fi vous le trouvez , demeurez-y pour garder
le lieu, & mandez- le moi par un diacre, afin
que j’y vienne. Lucien étant de retour à fon b ou rg ,
lit avertir tous les habitans par cri p u b l ic , de venir
le lendemain matin fouiller ce tas de pierres. ^
Le lendemain comme il alloit pour y trava iller, il.
trouva un moine nommé Migece , qui racontoit à
tous les freres une vifion qu’il avoit eue la même nuit.
Lucien l ’appella, & lui demanda ce qu’il avoit vû.
MiCTece étoit un homme fimple & d’une vie pure.
Gamaliellui étoit apparu d e là même maniéré qu’à
Lucien , qui en reconnut toutes les marques, & lui
avoit donné ordre de dire à Lucien : Vous travaillez
inutilement au monceau de pierres : nous n’y fommes
plus. O n nous-y mit quand on fit nos funérailles, félon
l’ancienne cou tum e , & ce tas de pierres étoit la
marque du deüil. Cherchez d’un autre côté au lieu
nommé en Syriaque Debatalia. En e ffe t, continua
Migece,, en racontant fa vifion , je me fuis trouvé
dans ce champ , j’y ai vû un monument négligé &
tombant en ruin e, où étoient trois lits d’or garnis :
un plus haut que les autres, où étoient couchez deux
hommes , un vieux & un jeune , & un dans chacun
des autres. Celui qui étoit dans le lit plus haut m’a-
dit : V a dire au prêtre Lucien que nous avons été maîtres
de ce lieu : Si tu veux trouver le grand & le jufte,
il eft à l'Orient. Lucien aïant oüi le rapport du moine
Migece , loua Dieu de ce qu’il y a voit encore un
témoin de fa révélation.
Après donc avoir foüillé inutilement le tas de pierres
, ils allèrent au monument indiqué par Migece ,
& aïant creufé , ils trouvèrent trois coffres & une-
pierre où étoit écrit en très-grandes lettres Cheliel ,
N a fu am , Gamaliel, Abiba. Les deux premiers mots
étoient les noms d’Ecienne &c de Nicodeme traduits
en Syriaque. Auffi tôt Lucien manda cette nouvelle
à lev êq ue J e an , ,qui étoit à Diofpolis au concile.
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N. 415.