
avez fait le ciel 6c la terre , il vous avez pitié de ma
mifere , & me délivrez de cette fâcheufe maladie , je
me fais Chrétien , & je renonce à toute fuperftition
païenne. A ian t ainfi parlé , il s’endormit, 6c vit un
moine portant une grande barbe g n fe , qui lui demanda
ce qu’il avoit. Terebon lui déclara fa maladie. Le
moine répondit : Accomplis ce que tu as promis à
D ieu , & il te guérira.' Terebon réitéra la promeiTe ,
6c le moine lui dit : Je fuis Etirhymius, qui demeure
dans le defert d Orient a dix milles de Jerufalem dans
le torrent au midi du chemin de Jéricho : il tu veux
être g u é r i , viens à moi fans différer.
Terebon fe leva , 6c raconta ce fonge à fon pere ,
qui auffi-tôt le prit avec lu i, menant une grande troupe
d Arabes &c une groffe efcorte , & vint au lieu qui
lui avoit ete marque en fonge : où demeuroient Eu-
thymius 6c Theoctifte. Les moines qui vivoient fous
leur conduite', voiant cette multitude de barbares ,
en furent épouvantez. Mais T h eo ftifte s’approcha
des barbares, ôc leur dit : Que cherchez-vous ? Ils
repondirent : Nous cherchons le ferviteur de Dieu
Euthymius. L ’abbé Theoétifte leur dit : Il ne parle à
perfonne jufques à famedi, il eft en retraite. A fpehete
prit Theoétifte par la main, & lui montra fon f i ls ,
qui parla ainfi : J ’ai été frappé de cette maladie étant
en Perfe , il y a deja lon g temps ; & j’ai éprouvé inutilement
toute lafcience des médecins, & toute la fuperftition
des mages : au contraire, mon mal eft augmente.
Etant venu en ce païs., j’ai été touché de Dieu
& j’ai dit en moi même telle ôc telle choie. Il raconta
enfuite fes réflexions ôc fon fonge , ôc ajouta : Je
vous prie donc de ne me point cacher le médecin que
Dieu m’a montré.
L i v r e v i n g t q u a t r i e 'm e .
Theoétifte rapporta tout cela à Euthymius dans fa
retraite ; Ôc Euthymius ne croïant pas permis de re-
fifter aux révélations divines , vint à eux , 6c aïant
prié avec ferveur , il fit le ligne de la croix fur T ereb
o n , &c le guérit à l ’inftant. Les barbares étonnez
crurent en J .C . ôc fe jettans tous par terre, ils prioienc
qu’on leur donnât le báteme. Euthymius voïant qu’ils
croïoient du fonds du coeur, fit faire un petit lavoir
dans un coin de fa caverne , & les aïant in ftru its , les
baptifa tous : premièrement Afpebete, dont il chan-
a le nom en celui de Pierre : puis fflÈÈ Maris frere de fa
femme. C ’étoit les deux premiers de la troupe, & les
plus diftinguez par leur fageffe & par leurs richeffes'.
Enfuite il bap tria Terebon & tous les autres. Il les tint
quarante jours auprès de lui pour les inftruire & les
affermir dans la fo i : puis il les renvoïa. Mais Maris
oncle de Terebon ne voulut point quitter les faints
moines. Il renonça à t o u t , & donna fes b ien s, qui
étoient g ran d s , pour bâtir ôc augmenter le monafter
e , où il paffa le refte de fes jours, & fut un grand
ferviteur de Dieu. Le bruit de ce miracle attira à S.
Euthymius un grand nombre de malades de diverfes
e fp e c e s ,q u i furent tous guéris : enforte qu’ih devint
célébré en peu de temps, 6c fa réputation s’étendit
dans toute la Paleftine & les provinces circonvoi-
fines.
Saint Euthymius étoit de M e litin e , métropole de
la petitè Arménie : fon pere Paul 6$ fa mere Denife
étoient fo r t diftinguez par leür noibleile ôc parleur mu.t.e.
vertu. Aïant vécu long temps en^tmble fans enfans,
ils allèrent à l ’églifc du martyr'S. Polyeuébe près dç
la v ille , 6c y pafferent plufiçtirs jours en priere. Une
nuit ils eurent une v if io n , où il leur fut dît par deux
B b b b iij
XXVIII.
Commcncemens
de S. Euthymius,
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