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fufé de dreiler un éditen faveur des Ariens. Il s’étoit
retire a Breife fa patrie, &c étoit le principal ornement
de cette églife. Dans le fécond fermon qui
avoit ete fait pour les Néophytes au fortir des fonts,
S. Gaudence leur explique les myfteres, que l’on ne
pouvoir expliquer en prefence des catecumenes, ôc
il leur dit ; Dans l ’ombre de la pâque légale, on im-
moloit plufieurs agneaux, un en chaque maifon : car
un feul ne pouvoir iuffire pour tous. Mais dans la
vérité ou nous fommes un feul eft mort pour tous;
& c eft le même qui en chaque maifon de l’églife
dans le facrement du pain & du v in , nourit , étant
immo lé , vivif ie ceux qui le c roy en t , & fanéfifie ceux
qui le confacrent. C'eft la chair de l’agneau, c’eft
fon 'fang. Et enfuite le même créateur & feigneur
de la nature qui tire le pain de la terre , fait encore
du pain fon propre corps, parce qu’il le peut & l ’a
promis: & celui qui de l ’eau a fait du v in , fait du v in
fon fang.
Dans ces fermons, il exhorte les Néophytes à mener
déformais une vie véritablement Chrét ienne, à
.4,fub.fin. renoncer à toutes les parties, de l’idolatrie : les enchantemens,
les ligatures, les augures", les forts,
lobfervation des fonges ? les feftins fúnebres. A u
contraire, di t - i l , foyez fobres, foigneux de venir à
l ’é g l i fe , & de vous appliquer avec nous à-la priere Se
à la pfalmodie ; que ce foit l’occupation de votre
loifir. Il exhorte les gens mariez à la parfaite continence:
leur déclarant toutefois, qu’ils peuvent ufer
librement de leur mariage. Il leur recommande d’éviter
l’y v rogne r ie , les feftins diffolus, accompagnez
de danfes, ôt d’inftrumens de inuiîque. Malheureu-
fes, dit- il, font les maifons, qui pe différent point des
théâtres
L i v r e v î n g t i e ’m e . 41
îheatres : que la maifon du Chrétien loit exempte de
toute la fuite du démon. Qu ’on y exerce l’humanité
&c l’hofpitalité : mais qu’elle foit continuellement
fanéfcifiéepar les pfeaumes Sc les cantiques fpirituels :
que la parole de Dieu &c le figne de J. C. foit dans le
coeur, dans la bouche, fur le f r o n t , à table , au
b a in , au l i t , en entrant , en fortant, dans la jo y e ,
dans la trifteffe. A ces dix fermons du tems pafcal ,
S. Giudence en ajouta quatre fur divers fujets de l ’évangile
, & un cinquième fur les Macabées : que
Benevole avoit ouïs , mais qu’il avoit encore demandez.
L’empereur Honorius étant conful l’an 396.donna
à Milanunfpeétacle au peuple de bêtes d’Afrique. Un
criminel nommé Crefconius s’étoit réfugié dans l’é-
glife : mais le peuple affemblé dans l’amphitheatre,
obtint du comte Stilicon la permiffion de l’enlever
avec des foldats. Car Stilicon avoit toute l ’autorité
pendant le bas âge de l’empereur. Crefconius fe réfugia
à l’autel, & S. Ambroife avec le clergé qui s’y
trouva l ’entoura pour le défendre ; mais les foldats
qui étoient en grand nombre &C conduits par des
A r i e n s , furent les plus forts, ils enleverent Crefconius
, & s’en retournèrent triomphans à l’amphithea-
tre. Ceux qui étoient dans l’églife , demeurèrent fort
affligez; & S . Ambroile pleuralong-tems, profterne
devant l’autel. Mais quand les foldats furent retourn
e z , & eurent fait leur rapport: deux léopards étant
lâchez fauterent legerement à l’endroit ou ils etoient
affis, & les laiiferent coniiderablementbleifez. Stilicon
en fut touché : il fe repentit de la violence qu il
avoit faite à l’églife, en fit fatisfadtion àS. Ambroife
pendant plufieurs jours, & délivra Crefconius:
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An. ¡9 6 '
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X V.
S. Ambroife fauve
des criminels*
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