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toutes fores de criminels , fuivant la conduite gene-
Ep. i?»,.*p a*/;,'raie de tous les évêques,.- C ’eit le fuj.çt d’une grande
Ep.ij;.«. 54-»• jettre ^ Macedonius vicaire d ’Afr ique , qui leconful-
Matth. v. 44. ta pLir cetce queftion. S. Auguftin répond : Ce n’eft
pas que nous approuvions le peçhé, mais nous avons
pitié 4e l’homme, en même temps que nous -dételions
le crime ; & comme la correction des moeurs n’a
lieu qu’en cette v ie , la charité que nous avons pour
le genre humain, nous oblige d’interceder pour les
criminels : de peur que le fupplice par lequel ils fini-
roienc cette vie,ne fut fuivi du fupplice qui ne finiroit
point. Pour montrer enfuite que la religion autorife
cette pratique, de quoi Macedonius fembloit douter:
il emploie l’exemple de la bonté divine , qui fait lever
fon foleil fur les bons & fur les mauvais , & qui
puniifant en cet tevieun très-petit nombrede crimes,
afin qu’on ne doute point de fa providence , referve
les autres au dernier jour, afin d’y fignaler fa juftice.
Nous aimons donc les méchans, dit- il,nous leur fai-
fons du bien, nous prions pour eux , parce que Dieu
le commande: nous le faifons fans participer à leurs
crimes, non plus que l u i , mais pour les amener à la
*«>. 11.3. penitence à fon imitation. Que s’il ufe de patience
même envers ceux qu’il fçait qui ne feront point penitence:
combien plus devons-nous avoir pitié de ceux
qui promettent de s’amander, quoique nous ne foïons
pas alTurez qu’ils feront ce qu’ils promettent ? Ces paroles
femblent marquer que les évêques n’interce-
doientque pour ceux qui promettoient de fe convert
ir , & de recevoir le baptême ou la penitence ; & ce
qui précédé, fait aifez voir , combien ils comptoicnt
peu la penitence que le condamné pouvoir faire ,
depuis le jugement jufques au fupplice.
L i v r e v i n g t - d e u x i e’m e. 37 1
Macedonius avoit o b je d é la pratique de l’églife, e ¿V I É
qui ne recevoir qu’une fois à la penitence publique.
S. Auguftin en conv ient , mais il ajoûte que Dieu ne zp.m.n.y.
laiife pas d’exercer fa patience envèrs lés pécheurs qui
retombent. Si quelqu’un d’eux nous diiort, continuë-
t’i l , ou recévcz-moi èncore à la même penitence, ou
permettez que je fuive mon defefpoir, & que je faiTe
tout ce que je voudrai, m’abandonnant aü plaifir & à
la débauche , autant que mesfacultez & les loix humaines
me le permettent : ou lï Vous m’en détournez,
dites-moi s’il me fervira de quelque chofepour la vie
future, de me mortifier,de faire de plus grandes aufte-
ritez qu’auparavant, des aumônes plus abondantes,
en un m o t , de mieux vivre & d’avoir une plus ardente
charité : perfonne de nous ne fera aifez infenfé
pour lui dire,que tout cela ne lui fervira plus de rien.
Donc l’églife a ordonné très-fagement, de n’accorder
qu’une fois cette penitence fi humiliante : de peur
que ce remede d’autant plus falutaire, qu’il eft moins
expofé au mépris, ne fut moins utile en devenant
plus commun : & toutefois perfonne n’eft allez' hardi
pour dire à Dieu : pourquoi pardonncz-Vous encore
a cet homme , qui après fa première penitèncé s’eft
engagé de nouveau dans le péché ?
Saint Auguftin releve enfuite-la qualité de pe-
cheur qui étant commune à tous les hommes,, fe
trouve aulli dans les jugés, les a'ccuiateürs 5i lés in-
tercelfeurs ; & les oblige tous,félon leurs differens devoirs
, à. avoir pitié des coupables bar principe d’humanité.
Puis il conclut : Vous VoïeZ donc que la te- & lsi
hgion autorife nos intercédions, & que nous pôtf-
Vons demander graCe, même pour des feelerats, puif-
que ce font au moins des pécheurs qui parlent pour
A a a ij