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avoir ainfi paiTé la plus grande partie de la n u i t , ils
fortoicnt le mat in, tu travgrioient la ville pour fe
rendre au lieu de leur aftemblée.En ces cantiques, ils
aifeôtoient d’irriter les Catholiques,en difant :Où iont
ceux qui diient que trois choies ne font qu’une puif-
fance : S. Jean Chryioftome craignit qu’ils n’ébran-
laifent quelques-uns des fimples;Se excita des Catholiques
à chanter auili de leur côté pendant la nuir.
Le fuccès n'en fut pas auffi heureux, que fon intention
étoit bonne. Les prières noôfcurnes des Cathol iques
fe faifoient avec plus d’éclat,que celles des A riens.
Car ils portoient des croix d ’argent,chargées de flambeaux
de c ire: l ’invention étoit de S Chryio f tome,
& fimperacrice Eudoxia en faiioit la dépenie. Les A -
riens encore fiers de leur puiflance paiTée, ne le purent:
fouffrir: ilsfe jetterent une nuit iur les Cathol iques,
eniorte qu’un eunuque de ¡’impératrice nommé Bri-
ion , qui chantoit avec les autres, fut bleffé au front
d’un coup de pierre, & quelques particuliers furent
tuez de part 8c d’autre. Cela fut caufe que l’empereur
défendit aux A riens de chanter en public: renouvel-
lant ladé fenfequi leur avoit été faiteibus le pontificat
de Nedtaire en 396. de s’affembler dans la ville
H 50. c. th. de pDur f ai r6 des litanies, c’eft-à dire des prières de jour
& de nuit. Tou t cela augmentoit l’affe&ion du peuple
pour S. Chryioftome , & lui attiroit d’ailleurs des
ennemis.
xi. Les choies étoient en cet état, quand les moines
&C" ch.rflez d’Egypte par Théophi le fe retirèrent à C. P.
Ils fe prefenterent à S. Chryioftome , qui voyant à
fes pieds cinquante vieillards, venerables par leurs
cheveuxblancs & leur extérieur mort ifié, en fut touché
, juiques à verfer des larmes ; &i leur demanda
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qui les avoit maltraitez. C e f t , dirent- ils, le pape
Théophile. Si vous le craignez., comme font les autres
évêques, il ne nous refte que de nous adrefler
à l’empereur. Mais il vous aimez l’honneur de l’é-
glife, perfuadez à Théophi le , qu’il nous permette de
demeurer en Eg yp te ; puis que nous n’avons fai ll i ,
ni contre la loi de D ieu , ni contre lui. S. Chryiof tome
croyant qu’ il feroit aifé d’adoucir Théophi le , s’en
chargea volontiers: mais jufques à ce qu’il lui eut
écrit , il exhorta les moines à ne dire à perfonne le
iujet de leur vo yag e, il les logea à l’églite, nommée
Anaftafie: des femmes pieuies, entre autres fainte
Olympiade , fournirent leur iubfiftance ; & eux-mêmes
y contribuoient par le travail de leurs mains.
En même temps qu’ ils arrivèrent à C. P. il s’y trouva
des clercs de Théophi le , qu’il avoit envoy e z pour
gagner par des preiens l’a f f ôfcion des officiers, que
l ’on devoir envoyer pour gouverner l’Egypte ; afin
d ’employer leur autorité contre ceux qui lui déplai-
foient. S Chryioftome ayant apellé ces ecclefiafti-
q u e s , leur demanda s’ils connoiflbient les moines fugitifs.
Ils dirent fincerement : Nous les connoiffonsi
ils ont iouffert une grande v io lenc e ; vous pouvez ,
feigneur , ne les pas recevoir à la communion fpiri-
tuelle, pour ne pas choquer nôtre évêque : mais les
bien traiter d’ailleurs. S. Chry ioftome prit ce parti ,
& ne les admit point à la communion des myfteres ; J
leur permettant feulement de faire leurs prières dans i ;. I' e’
l ’églife. Cependant il écrivit à Théophi le , & lui demanda
en grâce, comme fon fils & ion frere , de les
recevoir.Théophile n’eut point d’égard à cette priere;
au contraire, il envoya à C. P. les cinq moines qu il
avoit iubornez pour les accufer, ôî qu’il ayoit ordon-
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