
i s H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ;
doient comme le dernier de la communauté : Ils furent
bien plus furpris, quand ils apprirent fon nom ,
que la renommée avoit rendu célébré.Touchez d’une
fenfible douleur , ils lui demandèrent pardon de la
maniéré indigne dont ils l’avoient traité par ignorance.
Lui de fon côté pleuroit abondamment d’avoir été
découvert; & d’avoir perdu l’occafion de s’humi l ier ,
qu’il avoit tant cherchée- Ses freres le* ramenèrent à
fon monaftere, le gardant avec grand loin, de peur
qu’il ne leur échapât encore.
*•5«. Toutefois il s’enfuit quelque tems après & paifa
en pays étranger, pour n être point reconnu..Etant
forti de n u i t , il s’embarqua, & vint en Paleftine au
monaftere de Bethléem,où Caffien & Germain de-
meuroient alors. Il y fut reçu comme novice,& l’abbé
le mit dans la même cellule qu’eux. Mais il y demeura
peu de tems : des moines Egyptiens qui étoient v e nus
aux lieux faints faire leurpriere, le reconnurent
bien-tôt, & le ramenèrent à fon monaftere. Caffien
î-ji. îî. & Germain étant venus en Eg yp te , le cherchèrent
Coll. x x. c .x , * 1 r • r /
avec grand loin ; & turent témoins d’une Inftruètion
qu il donna en prefence de toute la communauté à un
moine qu’il venoitde recevoir , aptes l ’avoir laide à
la porte pendant plufieurs jours. Nous vous avons réfuté
long-tems, d i t - i l , non que nous ne délirions
de tout nôtre coeur vôtre fa lu t ;& celui de tous les autres,
& que nous ne voulions aller bien loin au dev anc
de ceux qui veulent fè convertir r mais de peur de
nous rendre & vous auffi très-coupables devant D i e u ,
ii pour avoir été trop facilement reçû vous tombiez
dans le relâchement. Eniuite il lui fit une grande in-
ftruètion iur le renoncement parfait, que demande
m. l a vie monaftique. Les deux amis en furent fi touchez.,
L i v r e v i n g t i e ’ me. t]
qu’ils tombèrent prefque dans le defefpoir ; tant ils fc
trouvoient éloignez delà perfeition de leur état. Ce
fut une occafion à l’abbé Pynufe de les entretenir de la
penitence, & des moyens de reparer les fautes paf- c-” •<«/•
fées. Il les pria inftamment de demeurer dans fon monaftere:
mais le defir de voir ie fameuxdefertdeSce-
tis les empêcha de s’y arrêter.
Ils traverferent donc le N i l , & paflèrent a Diolcos, v.
petite ville à l’une des-fept embouchures de ce fleuve, Coll x v 111 .c. i •
où il y avoit plufieurs anciens 8c célébrés monafteres. ih
II y avoit auffi des anacoretes dans une ifle fermee
d’un côté par le N i l , Sa de l’autre par la mer;,qui ne
contenoit quedes labiés fteriles ;, &c ou ils n’avoienc
d’eau que celle du fleuve, diftant de leur habitation
de plus de trois milles,.enforte qu’ils la menagebienc
avec plus de foin, qu'on ne conferve ailleurs le vin le
plus précieux. Encore ce chemin étoit des montagnes
fabloneufes très-difficiles à pafler. Un de ces anacoretes
nommé Archebius , voy ant le defir de Caffien & ».j7. .
de Germain de demeurer en ce lieu-la , leur laifla fa
cellule toute meublée , feignant d’avoir déjà réfolu
de loger ailleurs; &c après en avoir bâti une autre avec
bien de la p e in e , il la laiflà encore par le même artif
ice à d’autres freres furvenans , ôeen bâtit pour lui
une troifiéme. Cet Archebius étoit d’une bonne fa- ».}i».
mille de Diolcos : il fe retira dès l’enfance dans un
monaftere qui n’en étoit qu’à quatre milles ; & pendant
cinquante ans qu’il y vécut, il ne revint pas a la
v i l le , & ne vit aucune femme, pas même fa mere.
Toutefois fçachant qu’après la mort defonperé, elle
étoit inquiétée pour une dette de cent fols d or qu il
avoit laiffé : il fie fi bien qu’en travaillant jour Sa
nuit pendant une année fans fortir de ion monaftere,,