
3i>o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
perftitions, moins on y trou voit de fondement rai-
fonnable.
Mais il y avoit des philôfophes, qui reconnoiffant
un Dieu fouverain, prétendoient qu’il y avoit au-defi
fous de lui plufieurs intelligences| qu’il falloit fervir
pour arriver au bonheur de l ’autre vie. C ’étoient les
Sup. I. xv. ri. 4*. Platoniciens, dont j’ai dit quelque chofe à l ’occafion
de l’empereur Julien ; & comme c’étoit la derniere
civü.uv.vni. reffouree de l'idolâtrie, S. Auguft in s’applique à les
t.*4. e. ¿.c, réfuter exactement. Il reconnoît d’abord que la doctrine
de Platon eft bien au-deiTus, non feulement des
fables poétiques & des fuperftitions populaires, mais
des opinions de tous les autres philofophcs, & qu’elle
approche le plus de la véritable religion. Mais il prouve
fort au long contre ceux qui fe difoient Platoniciens,
c’eft-à-dire les difciples de Plotin , Jamblique,
Porphire & Apulée : qu’il ne faut adorer & fervir que
le Dieu fouverain ; &. non aucune de ces intelligences
, qu’ils mettoient au defTous : foit dieux, foit démons,
foit anges, foit bons, foit mauvais ; & qu’il
n’y a qu’un feul médiateur entre Dieu & l ’homme ,
i .£. j. qui e f t j . C . Que le culte de latrie & le facrifice n’eft
dû qu’à Dieu feul 5 &c que le vrai facrifice eft celui du
coeu r , par lequel nous nous offrons en unio'n au facri-
6 ce de Jefus-Chrift , ce que l’églrfe, ajoûte t’i l , célébré
au fli par le facrement de l’autel connu des ridelles
: où on lui ertfeigne qu’elle s’offre elle-même dans
la chofe qui eft offerte. Il n’en eft pas de même des:
vm.c. n. martyrs : nous ne leur faifons ni temples, ni prêtres,
■xxii.r.io. facrifi ces : parce qu’ils ne font pas nos dieux, mais
leur Dieu eft le nôtre. Il eft vrai que nous honorons
leurs mémoires, les regardant comme des faints &i
des hommes de Dieu , qui ont combattu jufques à la
L i v r e v-i n g t -t r o i s i e ’m e . 3311
mort pour la véritable religion. Mais qui a jamais vû
un prêtre des fideles debout devant un autel, même
pofé fur le faint corps d’un mar tyr , dire dans fes prières
: Je vous offre ce facrifice à vous Pierre ou Paul
ou Cyprien ? Nous l’offrons à Dieu qui les a fait hommes
Si martyrs, & qui les a honorez dans le ciel de
la focieté des faints anges : pour lui rendre grâces de
leurs vic toires, &c nous exciter à les imiter par fon
fecours.
Après avoir refuté le paganifme, S. Auguf t in vient if * j e
à la fécondé partie de fon deflein , qui eft d’établir la chrétienne,
religion Chrét ienne, en répondant aux principales l u . 7.1.
chfhcultez des païens : premièrement fur la création
du monde & des anges, & fur l’origine du mal : où il Lib. XI I .
marque & réfuté l’erreur d’Origene, que le monde w.c.«.;.
corporel n’ait été fait que pour unir les efprits. Il explique
la création de l’homme, fon premier é ta t , fa XI I .
chute, & les fuites de fon péché étendues fur toute àr! *■
fa race. Puis il fuit le progrès des deux citezoufocie-
tez des enfans de Dieu & des méchans. Il marque les
prophéties, principalement touchant le Chrift ; & *vin-
montre l’antiquité des prophètes au-deffus des hiftoi-
res, & même des fables des païens. Il ne manque pas c, 19, ¡p.
de relever l’accompliffement de la prediétion la plus
confiderable, fçavoir la converfion des nations & la
prédication de l ’évangile, établi par tout le monde
en U peu de temps, malgré tant d’oppofitions -, & il
fait voir le bien que Dieu tire des perfecutions, que <■, ¡s.
l’églife fouffre au dedans, par les heretiques & par les k .
mauvais Chrétiens;
La derniere partie de l’ouvrage eft de la fin différentes
des deux citez. S. Auguftin rapporte & réfuté 1.1.3-,
les diverfes opinions des philofophes touchant la fit1
la foi
&c.