
ro8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
— — • Le lendemain l’empereur étant forti pour s’exer-
4° 4* cerdans le champ , v i t auprès du lieu nommé Pemp-
ton, parce qu’il étoit à cinq milles de C . P. une grande
quantité de gens vêtus de blanc. Il demanda à les
gardes ce que c’étoit. Ils dirent que c ’étoient des hérétiques.
C ’étoit en effet les Catholiques, quiétant
chaffezdu bain où ilss’étoient aifemblez , Si ne voulant
pas-aller dansées églifes avec les ennemis de
leur é v ê q u e , s’affembloient en pleine campagne ; Sc
il y avoit entr’eux environ trois mille nouveaux bap-
t i f e z , qui portoient l’habit blanc , félon la coutume.
Les ennemis de faint Chryfof tome profitant de cette
occafion, envoyèrent les plus impitoyables de la fuite
de l’empereur , pour difllper la mult itude, Sc prcm
. f. 78. dre ceux qui les inftruifoient. C e peuple fi nombreux
eût pû facilement fe défendre , mais i l étoit trop
bien influant. On prit donc quelque peu de clercs Sc
plufieurs laïques, entre lefquels étoient des femmes
' de marque. O n arracha les voiles à quelques-unes ; à
quelques autres les pendants & les oreilles mêmes.
Une des plus riches Sc des plus belles prit l'habit d’une
efclave Se s’e n fu i t , courant dans la ville pour fau-,
f. 8«. ver pon honneurt j_es prifons furent remplies de diffe-
rens magiftrats : on y chantoit des hymnes & on y
offroit les faints myfteres -, enforte qu’elles d e v inrent
des églifes : au lieu que l ’on entendoit dans les
églifes des foüers, des tortures Sc des juremens terribles,
pour obliger à anathematifer Jean. Mais plus
fes adverfaires faifoient d’efïorts, plus les aifemblées
de ceux qu i l'aimaient étoient nombreufes. Elles fe
tenoient tantôt dans un lieu , tantôt dans l’autre :
mais principalement dans une efpace que le grand
Conftantin avoit fait enfermer de paliiïades, pour y
L i v r e v i n g t - u n i e ' m e . m 9
-voir des courfes de chevaux, avant qu’il eût bâti la
vi lie.
Vers ce même temps un homme poffedé du de-
smon, ou qui paflbit pour l’être, fut trouvé avec un
poignard, dont onprétendoitqu’il vouloit tuer faint
Chryfoftome ; le peuple le mena au prefet , comme
ayantété gagné par argent pour faire ce coup. Mais
Chryfoftome envoya des évêques de fes amis , qui le
délivrèrent avant qu’on lui fift aucun mal. Enfuite
un valet du prêtre Elpide , ennemi déclaré de faint
Chryfof tome, ayant reçu cinquante fols d’or pour
le tuer, s’arma de trois piognards , Se courut vers la
rnaifon épifcopale. U n homme qui le reconnut l’arrêta
, Si lui demanda où il alloit. Il ne lui répondit
que par un coup de poignard ; Sc frappa de même
un fécond q u i cr ia, voyant frapper le premier; en-
fuite un troifiéme Sc un quatrième, Sc ainfi jufques
à fept perfonnes,dont quatre moururent fur le champ.
Le peuple enfin ayant pris ce meurtrier, le prefet
s’eniài f i t , Sc pour appaiièr le peuple, promit d’en
faire juftice ; mais il le laifla impuni. Depuis ce
eemps-là le peuple fit garde jour Se nuit devant la
maifon épifcopale pour la fùrcté de faint Jean C h r y foftome.
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Cinq jours après la Pentecôte,qui cette année 404.
fut le cinquième de Juin , Ac a c e , Severien , Antio-
ch u s&C y r in allèrent trouver l’empereur, Si lui dirent
: Vous pouvez faire ce qu’il vous plaira , mais
nous vous avons dit que nous prenons fur nôtre tête
la dépofition de Jean : il ne faut pas nous perdre tous,
pour épargner un feul homme. L’empereur envoya
Ie notaire Patrice dénoncer à Jean de fe recommandera
Dieu , Sc defortir del ’égliie. Après un ordre
Tome K D d
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XXX.
S. Chryioftome
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