
A n . 4 i8v
Roffïd. v i t . C• 28.
V ici or.
Chr. Tafc.
l i i .
Lettre de faint
Auguftin à Boni-
face.
JE/. z i ©. al. 7©.
610 H i s t o ;i r e E c c l e s i a s t i q u e .
cet avis.d’Aëtius, qui étoit fà créature, & qu’il eroïoir
tou jours attaché à feainterêts> :. aittfi aïant ce çud’ordre
de fe rendre Auprès de l’empereur, il refùfa d’obéir,.
& confirma le. foupçon qu’Aëtius avoir donné coR-
tre lu i.
Alors.on lui déclara la gue rre, & on envoïa contre
lui premièrement trois capitaines, donc il fe dé f i t ,
puis le comte Sigifvult. Boniface dans la neceffité de
le fo u ten ir , envoïa en Efpagne , &c traira avec les
princes des Vandales, c’eft-à-dire avec Gontbaris _<Si
Gizeric oûGenferici II convint avec eux de partager
l ’Afrique en trois : de leur en donner chacun un tiers,
& garder l’autre pour lui : que chacun gouverncroit
fa part ; mais que fion le sa ttaq u o k ,jls fed é fen d ro ien f
en commun. Sur ce traité,, les Vandales; paftcrent le
détroit , & vinrent en Afr iqu e , laiiTantl’Efpagne’aux
Vifigoth s , qui s’y étoient rendus les plus puilfans.
A v e c les Vandales,, il y avoit des A lain s, des Goths:-
& des gens mêlez de plüfieurs autres nations -, & leur
nombre,en comptant to u t, depuis les erifans jufqües
aux v ie illa rd s , les maîtres &? les e ic la v e s , é to it , dp
q u a tre -v in g t mille,., Genferic les fit compter pour
je tte r la terreur; & le bruit fe répandit qu’ils étoient
quatre-vingt mille combattans. Ils ravagèrent le païsr
qu’ils trouvèrent paifible $ tu a n t , b rû lan t, coupant
les arbres, & fur tout défolant les éghfes : car ils
étoient Ariens g C e fu t fous le confulat de Taurus &
de Félix qu’ils paflerent èn Afr iqu e j.c’eft-à-dire l ’an;
418. M ■■■ ■■■. .
Saint A uguftin écrivit,alors, au, comte Boniface ,
pour le faire rentrer, en-lui même. Il déclare d’aborft-
qu’il ne veut lui parler ni de fii pu¡fiance , ni dp - la
confervation de fa v ie , inais feqle^ientde_(on falut :
L i v r e v i n s t - q u a t r i e ’me . 6n
Je fçai, lui dit-il,que vous ne manquez pas de gens qui *-zl
vous aiment félon le mon de , & vous donnent de ces
fortes de confeils : mais on ne vous en donne pas ai-
fément fur le falut de votre am e , faute d’en trouver
l ’occafion.
Il le fait fouvenir enfuite du deftein qu’il avoir eu ».*: \
de fe retirer, & il lui reproche fon fécond mariage.
E n co re , dit-il , j’ai trouvé quelque confola tion, en
çe que j’ai appris,que vous n’avez pas voulu époufer
cette femme , qu’elle ne fe fût fait catholique ; &
toutefois les Ariens ont tellement prévalu dans votre
maifon , qu’ils ont baptifé votre fille ; & fi on nous
a dit v r a i , ils ont rebaptifé des vierges confacrées à
Dieu. O n dit même que yotre femme ne vous fuffir
p a s , & que vous entretenez des concubines. Il lui
reprefente enfuite les maux qui avoient fuivi ce malheureux
mariage, c’e ft-à -d ire fa révolté ; & ajoute :
V ou s ne pouvez nier devant D ie u , que l’amour des ». 73
biens de ce mon de , vous fait faire tout ce mal. V ou s „. 4.
en faites peu par vou s -m êm e : mais vous donnez
occafion d’en faire b eaucoup, à tant de gens qui ne
fongent qu’à parvenir par votre moïen ; ainfi loin
de reprimer votre cupidité , vous êtes réduit à contenter
celle d’autrui. Vous direz,ajoute-t’il, que vous
avez de bonnes raifons, & qu’il faut plutôt s’en
prendre à ceux qui vous ont rendu le mal pour le bien.
C ’eft de quoi je ne fuis point ju g e , parce que je ne
puis entendre les deux partis : mais jugez-vous vous-
même à l ’égard de Dieu. Si l’empire Romain vous a ».s.;
fait du bien , ne rendez pas le mal pour le bien : fî
on vous a fait du m al, ne rendez pas le mal pour le
mal.
: Vous me direz peut-être, que voulez-vous que je
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