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A n. 398. A fin de rendre fon ordination plus folemnelle,l'empereur
avoit convoqué un concile, & y avoit appelle
Théophi le d’Alexandrie,comme l’évêque du premier
suf-uv. xtun. f ieg edefon empire. Théophi le vouloicfaire évêque
de CP. le prêtre l f ido re, qui avoit pratiqué longtemps
la vie monaftique dans le defert de Seetis, ÔC
gouvernoit alors l’hôpital d’Alexandrie. Outre ion?
mérité qui étoit g rand , on pretendoit que T h é o phile
lui avoit obligation , pour s’être bien acquitté
d une commiftion très-délicate. On dit que dans la
guerre du tiranMaxime,Théophile chargea lfidore ds
lettres & de prefens pour les deux concurrens, l’empereur
Theocfofe ôc Maxime, lui ordonnant d’aller à
Rome ,d’atrendre l’évenement de la guerre,& de donner
au vainqueur les lettres ôc lesprefens. Q u ’lfidoro
exécuta fa commiff ion, mais qu’il fut découvert ôc
obligé de s’enfuira Alexandrie, Voi là comme on di-
foit qu’il avoit gagné la confiance de Théophile»
Quand faint Jean Chryfoftome fut arrivé à C P.
Théophi le qui etoit habile à connokre les hommes
fur la phyf ionomie, fut furpris de la hardieil'e ôc de la
fermeté, qui paroiffoit à fon extérieur; & i l en eue
encore plus de répugnance à confentir à fon ordination.
Mais enfin on l’y fit refoudre : Eutrope lui montra
plufieurs memoires, donnez aux. évêques contre
lui: difant qu’il n’avoit qu’à choifir, de fe défendra
contre les accufations, ou de fe rendre à l’avis des autres
eveques. il céda, ôc ordonna Jean : qui fucainfi
établi eveque deCP. le aii. de Février, fous le con-
fulat d Honorius pour la quatrième fois ôc d’Euti-,
chien, c ’eft-à-dire l’an 398.
Dans fon premier dxfcours que nous n’avons plusj
il parla fur le combat de Da vid contre Goliath, ôc
L i v r e V i n g t te’ m e . ^
promit de parler contre les Anomeens, ce qu il exe-
cuta dans le fécond qui commence ainfi : Je vous ay Hcmu- catïn^:
parlé un feul jo u r , ôc Je vous aime déjà, comme fi
j ’avois été nourri avec vous. Ce n’eft pas que j ’aye
beaucoup de charité: mais c’eft que vous êtes fort aimable.
Car qui n’admireroit vôtre zele ardent, vôtre
charité fincere,l affe6tion pour ceux qui vous inftrui-
f e n t , l’union entre-vous l T o u t cela attirerait une
âme de pierre. O eft pourquoi je ne vous aime pas
moins que Téglife ou je fuis ne ,ouj . ay ete nourri ôc
élevé» Elle eft foeurde la vôtre: vous le montrez parla
conformité de vos aétions. Si elle eft plus ancienne
celle-cy eft plusardente pour lafoy . Laf fembleey eft
plus nombreufe , & l’auditoire plus célébré : mais
celle-ci montre plus de patience ôc de courage. Les
loups environnent de tous cotez le troupeau qui ne
diminue pas, vous refiftez a la tempete ôc a la flama
de l’herefie. En effet quoique les Anomeens ôcles autres
Ariens n’ofaffents’affembler publiquement aC P.
le pais errétoit encore rempli : fans compter les Mar-
eionites, les Manichéens ôc les Va lent inien s , qu’il
attaque dans le même difeours» x x v iu
On peut juger de l’opiniâtreté des heretiques de Loi* pour i e -
CP. parla multitude des lo ix , que Ion fut oblige de
faire pour les reprimer.Omre celles des années prece-
dentes, il y ena trois de 1 année 39^. une de 1 annee
397. ôc une de 398. partie contre tous les heretiques,
partie contre les Eunomien^Sc les Apollinariftes en
particulier. La derniere eft la plus fevere:elle ordonne
de cbaffer de toutes les villes les clercs des Eupomiens
ôc les Montaniftes ; ôc leur défend des’affemhler même
à la campagne, fous peine de confifeationdelà
m a i fo n ô c du dernier fupplice contre le concierge»