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Sttp. IV.
¿J4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
& tu feras fa u v é , ils difentque c’eft exiger l’un & o ffrir
l’autre : qüc l'homme doit prefenter fa fo i , pûif-
que le Créateur lu i en a donné le pouvoir , & que fa
nature n’eft jamais fi corrompue, qu il ne puiffe defi-
rer fa guérifon , & par coniequent qu il ne doive être
délivré de fa maladie , ou puni.de ne vouloir pas guérir.
Q u e ce n'éft pas nier la g râ ce, de dire qu’elle eft
précédée d’une telle vo lon té , qui cherche feulement,
fans rien pouvoir par elle-même. Ainfi admettant
dans tous les hommes une volonté , par laquelle ils
peuvent méprifer la gracé, ou lui obéir : ils croient
pouvoir rendre raifon de l’éleétion & de la réprobation
, en ce que chacun eft traité félon le mérité de fa
vo lon té . r . n a.
Quand on leur demande pourquoi la fo i eft prechée
en un lieu ou en un temps plutôt qu’en l ’autre,
ils répondent que c eft a caufe de la prefcience de Dieu;
& que l’on prêche dans les temps & dans les lieux où
il a prévu que l’on doit croire. Quant à ce que vous
dites, que perfonne ne peut perfeverer, qu’il n’en ait
reçu la force ; ils en conviennent , avec cette reftric-
tion : que le libre arbitre fait toujours quelque avance
, quoique fo ib lem en t, pour recevoir ou rejetter le
remede : non pour faire le moindre pas vers la guéri-
fon. Mais ils ne veulent pas que l’on dife que cette
perfeverance ne puiffe être méritée par nos prières,
ou perdue par notre refiftance : ni qu’on les renvoie
à l’incertitude de la volonté d e -D ieu , tandis quils
vo ien t évidemment quelque commencement de vo-
«u l o n t é pour l’obtenir ou la perdre. Quant au paffage
que vous emplôïez : I l a été enlevé de peur que la
malice ne changeât fon efp rit,ils le rejettent, comme
n’étant pas canonique.
L i v r e v i n g t - q j j a t r i e ’me. ¿35
Ils foutiennent que la pratique d exhorter eft inutile,
s’il n’eft rien demeuré en l’homme que la correction
puiffe exciter. S il ne peut craindre les maux, dont on
le menace , que par une volonté qui lui eft donnée :
ce n’eft pas lui, difent-ils, qu’il faut blâmer de ce qu’il
ne veut pas maintenant ; mais celui qui a attire à fa
pofterité cette condamnation. Us n’aiment pas non
plus la différence que vous mettez entre la grâce du B p h.
premier homme & celte qui eft maintenant donnée
à tous : ils difent qu’elle jette les hommes dans une
efpece de defefpoir. Car c’étoit Adam qu’il falloir exhorter
& menacer, lui qui a voit la liberté de perfifter
ou d’abandonner;non pas nous, qui fommes engagez
par une neceflité inévitable à ne point vouloir la
juftice , excepté ceux que la grâce délivre de la maffe
commune de damnation. Ils fou tien nen t, que quelque
fecours que Dieu donne aux predeftinez, ils peuvent
le perdre ou le garder par leur propre volonté .
D e -là vient qu’ils n e conviennent pas non plus que le
nombre des élus &c des réprouvez foit détermine ; Sc
qu’ils ne reçoivent pas la maniéré dont vous expliquez
ce qui eft d it , que Dieu veut que tous les hommes
foient fau v e z :ca r ils ne veulent pas feulement i&'Jt.,',- - é
l'entendre de ceux qui font du nombre des predefti- glZm .îZ
•nez, mais de tous abfolument fans exception. Enfin
ils en reviennent à cette plainte : Q u ’é toit-il befoin
de troubler tant de perfonnes moins éclairées pa rl’ob-
feurité de cette difpute ? Sans cette d é c ifion , la relig
ion Catholique n’avoit pas été moins bien défendue
pendant tant d’années, par tant d’auteurs & par voùs-
mêmes.
Je ne dois pas omettre que dans tou t le refte ils *.%
témoignent admirer toutes les a étions & les paroles
L l l l ij