surface; elles fleurissent en juillet et août; en septembre leurs rameaux
entrelacés forment des fourrés presque inextricables dont les branches;
se brunissent sous la couche de Diatomées qui les envahit; puis, devenues
fragiles avec l’âge, elles se brisent les unes après les autres sous
le choc des vagues. En octobre il y a destruction rapide et pendant
l’hiver les tempêtes rompent, détachent, dispersent au loin toute cette
exubérance de frondaison estivale. Dès le milieu de l’hiver, la beine est
de nouveau une plaine de sable déserte et sans végétation.
J’ai noté la floraison de.:
Potamogeton perfoliatus juillet et août.
P. crispus juillet.,
P. lucens - août.
P. filiformis juillet et août.
P. pectinatus forme a août.
— b août.
.*■ Wi-i , - " c (inconnue).
Myriophyllum spicatum août et septembre1.
Ceratophyllum dèmersum juillet et août
Celles de ces plantes qui sont annuelles sont assez propres, vertes,
luisantes au premier printemps; mais bientôt elles se recouvrent, comme
les plantes vivaces le sont depuis longtemps, d’une couche semi-muci-
lagineuse brunâtre, composée essentiellement de Diatomées, d’algues
gélatineuses, auxquelles adhèrent les poussières aquatiques ; à la fin de-
l’été ces plantes laissent à la main qui les manie des taches brunâtres.
Ce vernis, demi-vivant, demi-mort, donne -en automne à toutes les
plantes aquatiques une-teinte brunâtre-grisâtre qui est loin d’avoir
l’éclat des belles végétations du printemps.
Les forêts des favas se rencontrent sur tout le to u r du lac là où
une beine vaseuse est représentée, entre 1 et 5 ou 6m dp profondeur
d’eau; elles sont d’autant mieux développées que le sol est plus vaseux
et que le littoral est mieux protégé contre les vagues. Elles sont les
stations favorites des Poissons-blancs, herbivores et omnivores, et des
Poissons carnassiers qui viennent les y chasser. C’est à ces arbrisseaux
que quelques espèces de Poissons viennent attacher leur frai ; c’est
sur ces herbes que nous faisons abondante pêche de Mollusques, larves;
d’insectes, Hydrachnides, Crustacés, Némertiens,Turbellariés, Bryozoaires,
Hydres, Infusoires, etc. C’est d’autre part dans la vase de la beine
que vivent les Vers oligochètes, les Nématodes libres, les larves d’insectes
limicoles ; c’est sur la vase que marchent et rampent la foule des
petits Ostracodes, Cladbcères et Hydrachnides marcheurs, fouillant sans
cesse dans le charnier des détritus organiques qu’ils détruisent en les
dévorant, les Vers turbellariés, les Hirudinés, etc. Nous n’oublierons
pas le monde des infiniment petits, Rhizopodes, Infusoires, Rotateurs,
etc., que Ion ne trouve nulle part en si grande abondance que sur ces
fonds de limon et de vase.
Le sol limoneux de la beine se recouvre d’une couche continue b runâtre
composée d’algues inférieures, Oscillariées, Palmellacées, Diatomées.
.Ce tapis velouté est dispersé et détruit par les mouvements
des vagues; mais il se reproduit assez rapidement, et après quelques
journées ou semaines de calme, le feutre organique, comme je l’ai appelé,
revêt toutes les inégalités du fond. C’est à propos de la région
profonde que je l’ai'étudié le plus attentivement; j’en renvoie la description
à un autre chapitre.
La beine sableuse. — Les sables de la beine sont les parties les plus
pauvres du lac. Point de végétaux, sauf quelques maigres touffes de
Gharas qui ne forment un gazon un peu serré que là où le sable est vaseux;
en fait d’animaux, quelques Anodontes, Valvées, Ancyles, quelques
Tubifex et quelques larves d’insectes, Hydrachnides, Cypris,
Turbellariés; le sable pur est remarquablement pauvre en êtres vivants
qui n’y trouvent pas de nourriture. Mais le sable pur est fort rare; il
est plus souvent mélangé de particules organiques, et prend alors le
caractère de vase; plus il èst vaseux, plus il devient apte à servir d’habitat
à de nombreuses espèces animales.
11 n’y a pas, dans le sable, de plantes enracinées. Pourquoi cette absence?
je ne me l’explique pas. En effet, il est classique en botanique
que les végétaux aquatiques ne se nourrissent pas par leurs racines,
qui leur servent uniquement d’organes de fixation (*); ils n’ont pas besoin
d’humus. Or, quelle que soit l’instabilité du sable, il semble que
des racines suffisamment profondes — presque toutes nos plantes lacustres
ont des rhizomes v- devraient arriver à y prendre une insertion
suffisante. Ce fait, joint au cas bien connu de l’Elodea canademis
C1) H. Schenk. Die Biologie der Wassergewàchse, p. 10. Bonn 1886.