vu monter à l’air renouveler sa provision de gaz respirable. Je l’ai tenu
emprisonné sous l’eau par des toiles métalliques qu’il ne pouvait franchir;
il n’en souffrait aucunement. Au contraire, si je le sortais de l’eau,
il était fort gêné,, et sitôt qu’il était séché, il mourait. Aurait-il adopté
la respiration aquatique? Je n’ai, pas vu trace de branchies.
Nous ayons donc là l’anomalie d’un insecte parfait, à ailes développées,
à formes et organes du type aérien le plus normal,, incapable de
nager, fort maladroit et fort empêché dans sa marche lente sous l’eau,
insecte qui vit et respire sous l’eau, et est tué par lè transport à l’air.
Malheureusement,depuis l’année 1875, malgré des recherches attentives,
je n’ai plus retrouvé cet Insecte dans la seule station où je l’avais
constaté, et par conséquent, j’ai dû interrompre les observations et
expériences qui m’auraient amené peut-être, à l’explication du mystère
(').
Le Prof.-Dr Ed. B u g n io n a étudié cet Insecte qu’il avait trouvé en
novembre dans la Glatt, à Walliséllen, sur les rameaux de Potamogeton
perfoliatum (juin 1873); (a) en plus que moi, il a reconnu que la larve
pompe l’air renfermé dans les cellules des plantes aquatiques au
moyen de deux crochets chitineux qu’elle porte à l’extrémité de
l’abdomen et auxquels les deux troncs trachéens principaux aboutissent;
l’insecte parfait court sur les plantes submergées, entouré d’une
couche d’air. Renouvelle-t-il cet air. à la surface? Bugnion ne peut
, l’affirmer (3).
Parmi les Coléoptères erratiques trouvés accidentellement dans le
lac, je puis citer :
Hydroporus septentrionalis, sous les galets, au bord du lac. D1' Adr.
D um u r.
Agabus maculatus L., un seul exemplaire devant mon jardin, à
Morges, 1880, F.-A. F.
Hydrophilus piceus Latr., près de Morges, 1896,. F.-C.-II. F o re l.
Dytiscus marginalis Latr., péché devant mon jardin, à Morges, le
27 février 1883.
PL C’est probablement Vllaemonia equiseii que le doyen B r id e l cite dans la
faune du Léman sous le nom de LeptUra aquatica. Cette espèce doit donc être plus
abondante sur d’autres parties de la région littorale.
(2) Actes de la Soc. belv. Sc. nat., Schaffhouse 1873, p. 56.
(3) Ed. Bugnion, 15 février 1900, in lilt.
H ém ip t è r e s .
Sig am Lemani Meyer-Dürr (*). Ce joli Insecte nageur de la tribu des
Notonectes, voisin des Corixa, vit sur les pierres de la grève, sous un
■ou deux décimètres d’eau. Au printemps, par un beaù jour ensoleillé
•et calme, c’est par milliers qu’on le voit nager sur la grève immergée
■d u lac.
11 est complètement adapté à la vie lacustre; non seulement il nage
avec rapidité et aisance,, il se fixe aux pierres et herbes aquatiques,
mais encore il respire l’air dissous dans l’eau. 11 ne supporté même
pas le transport à l’air, et sitôt qu’il a passé quelques minutes desséché
sur un morceau de papier buvard, il périt d’asphyxie.
En fait d’Hémiptères palustres ou fluviatilès trouvés à l’état erratique
dans le Léman je n’ai à citer que
Rànatra linearis L. capturé deux fois à Morges. et au Boiron
près St-Prex.
Gerris lacustris L. que j’ai vu à différentes reprises nageant tout
effaré dans les eaux littorales, soit devant mon jardin, soit dans le port
de Morges; il était vivement poursuivi par des Poissons qui ne ta rdaient
pas à le happer.
P s e u d o -n é v r o p t è r e s .
Les Névroptères sont assez richement représentés dans notre faune
lacustre par les larves de nombreuses éspèces. Nous citerons :
Les larves de diverses espèces d’Ephémériens/ qui marchent librement,
en agitant leurs branchies dorsales, sur le sol, dans la vase, et
sous les pierres de la région littorale (2).
Une larve fort curieuse de la Pizyra /tiseafa,parasite des Spongilles
du port de Morges (1878). Cette larve aux allures et à la forme étrange,
-qui a été prise pour un Annélide par Gr u b e èt décrite sous le nom de
(1) La description de cette espèce n’a pu être retrouvée dans les oeuvres de
M e y e r -D ü r r ; mais une carastéristique très complète est donnée dans Ft-X. F ieber,
Die Europäischen Hemiplera. Wien, 1861, p. 89. Elle est probablement de la
plume de M e y e r -D ü r r .
(2) J’ai trouvé une seule fois, en plein lac, le 28 avril 1875, une larve d’Ephémère
nageant à la surface à un kilomètre de la rive, devant Morges.