Acantho ptérigiens.
Percidés.
La P e r c h e de r iv i è r e s , Perça fluviatilis L. Noms locaux P e r ch
e , B o lia t ; les jeunes Poissons jusqu’à 12cm de longueur P e r ch et-
te s , M ilc a n to n s ; de 12 à 20cm, Demi-Perches (1). Ce Poisson est abondant
dans notre lac; il habite pendant l’été la région littorale, en hiver
il se retire sur les bords du mont, dans la zone supérieure de la région
profonde.
La Perche fraie de mi-mars en mai, sur la beine ; le nombre de ses
oeufs qui sont très petits est énorme ; on a compté 280,000 oeufs dans
une Perche de taille moyenne, jusqu’à près d’un million d’oeufs dans
de grosses Perches (de la B la n c h è r e ) . Ces oeufs sont agglutinés par
un mucilage et attachés aux plantes aquatiques. La croissance de la
Perche est très lente. Une Perche âgée d’un an ne mesure que 7 à 8cm
de longueur (Perchette) ; à l’âge de trois ans elle est déjà adulte et
ne dépasse pourtant guère 15™ de long (demi-Perche> Les vieilles
Perches atteignent un poids maximal de 2 l/i V ( J u r in e ) et une longueur
de 50 à 55™ (Fatio).
Les Perchèttes sont sociables; elles vivent en troupes, souvent très
nombreuses, qui circulent dans l’eau le long de la côte en suivant un
guide, lé plus souvent la Perchette qui nage en tête, parfois un,Poisson
d’une autre espèce, Ablette, Vangeron. LeA demi-Perches vivent en petites
sociétés ; les vieilles Perches sont solitaires; on les voit longtemps
immobiles à l'ombre d’une pierre ou d’un pilotis. Si les Perches adultes
se rassemblent en nombre à l’abri des amas de branches que les pêcheurs
ancrent sur la beine (b o u q u e ts ) pour les attirer, c’est par similitude
de goûts, plutôt que par instinct sociable.
La Perche se nourrit de proie vivante : Vers, Insectes, Crustacés,
Poissons ; elleèst très vorace et fait de grands ravages dans la gent des
petits Poissons à quelque espèce qu’ils appartiennent; mais elle semble
encore avoir une préférence pour les jeunes Perchettes. J’ai trouvé
(*) Jurine cite encore le npra de Brandenaille, donné aux Demi-Perches. Je ne L’ai
jamais entendu.
dans l’estomac d’une demi-Perche une grosse Perchette qui avait elle-
même mangé, peu avant son trépas, une petite Perchette.
Les Perches du Léman ont été atteintes à diverses reprises par une
épizootie meurtrière que nous avons appelée typhus des Perches ('). La
première apparition connue de la maladie, la plus désastreuse peut-
être, a eu lieu en 1867, aux mois de mai et de juin. C’est par centaines
de milliers certainement que les Poissons périssaient. Les Perches de
tout âge étaient atteintes. Le Poisson malade devenait lent, paresseux,
montrait les caractères de l’adynamie, et finissait par mourir sans
secousses ni convulsions. Outre quelques altérations pathologiques
inconstantes, nous avons toujours trouvé dans les Poissons, que nous
avons pu étudier encore vivants, la présence dans le sang de Bactéries-
de grande taille (4 à 6 ¡a sur 0.5 p.) en plus ou moins grand nombre;
en même temps le sang montrait une altération singulière; c’est la
cristallisation d e l’hématine dans l’intérieur des globules sanguins, sous
la forme de cristaux en bâtonnets, rouge foncé, prismatiques, tronqués
aux extrémités, composés parfois de plusieurs aiguilles soudées
côte à côte ; ces cristaux mesuraient 12-15 ¡a sur 2-41»-.
Le même épizootie s’est reproduite à diverses reprises. En mai 1868,
quelques cas dans le Léman. En 1873 elle montra les mêmes caractères
et la même intensité qu’en 1867. (2) Dans cette apparition jé constatai
de même les Bactéries dans le sang de l’animal vivant. La même constatation
a été faite en 1882 par le prof. Dr Ed. B u g n io n de Lausanne,
qui a répété toutes le s observations que j’avais publiées pour les épi-
zooties antérieures. Nouvelle épizootie en avril 1892.
Centrarcliidés.
La P e r c h e - s o le il, E upomotis ( Lepomis) gibbosusL., d’origine américaine^
été introduite à Genève en janvier 1898 ; 4000 alevins âgés de
six mois, de 2 à 3e"1, de long, ont été versés dans le lac. Ces Poissons
se sont rapidement développés, et a.u mois d’août de la même année
(') F-A. Forel. Maladie épizootique des Perches. Bull. S. V. S. N. IX 596, Lau-
sannel868. — F.-A. Forel et G. du Plessis. Etude sur le typhus des Perches. Bull. S.
méd. Suisse romande, II. 211.229. Lausanne, 1868.
(a) F.-a. Forel. Enquête sur le typhus des Perches. — Bull. S. V. S. N. XIII. 400.
Lausanne, 1873.