archiviste à Lausanne, la valeur positive de cet acte est définitivement
demontree Nous avons d’abord retrouvé la copie qu’en avait vue
B n d e l, traduction faite dans le R é p e r t o i r e r a i s o n n é des t i t r e *
e t d o c ume n t s de la N. Bo u r g e o i s i e e t Commu n a u t é de l a
Vi l l e n e u v e de Chi l i e n . M. S. f i g j 1 .1., p. 121. Puis le texte latind,
° r ent 0ngmal' en COpie coUationnée et Visée par un n o ta ire «
vers 1526. Voici les noms des Poissons qui sont énumérés dans cet
acte, ils sont au génitif, précédés chacun du mot l i b ram. (Videl i cet
i ibr am t u r t e r i s seu t r u y t e r e e é n t i s . . . )
(libra) turteris seu truyte Truite
Omble-Chevalier.
ucii • Brochet.
perticarum Perche.
ferratàrum ^ Féra.
bisola™™ Bezo'le (Gravenche).
carPe Carpe.
brame Raufe (Rotengle)..
tenchie ' Tanche.
umbre Ombre de rivières.
chevenorum Chevaine.
vengeronorum Vengeron (Gardon).
N’est-il pas intéressant de voir en 1376, il y a plus de 500 ans, à
Villeneuve, la distinction être déjà faite entre la Féra (ferratae) et la.
Gravenche (bisolae), d’y trouver déjà les noms des Chevaines et des
Vengerons? Cette antiquité des noms zoologiques populaires est vraiment
imposante : l’absence de la Lotte de cette liste est d’autant plus
irappante et j ’y vois un argument de grand poids en faveur d’une
importation ultérieure de ce Poisson dans le Léman.
4° (4450) Le tribut du prieuré de St-Jean de Genève en 1150. Nous
lisons dans Gali ffe(2): «Vers la même époque (1150) les chanoines
de Ste-Marie d’Aoste donnèrent, au prieuré de St-Jean de Genève,
1 Eglise de St-Eusèbe d’Aoste, sous la redevance annuelle de deux sea
i M Pr o Pr i i s o r i g i n a l i b u s ext rada ,
Lt a .nUc c o l l a t i o n e f a c ta l i c e t ma nu a l i é n a s c r ib a tu r .
l a t l 0 “ avi ego i dem J o h a n n e s P i c a r d . Le notaire P i c a r d
est connu par d autres actes vers 1526.
(2) Galiffe. Genève historique et archéologique, II, 89. Genève 1872.
tiers de vin, deux setiers de froment et les gros poissons nécessaires
à leur réfectoire; à défaut de gros poissons, St-Jean aura à fournir 50’
lotes (palatae) ou deux cents féras {ferratae) (*)». Galiffe a mal traduit
le mot palatae qui est évidemment Palée, le Corégone du lac de-
Neuchâtel, c’est donc un Corégone autre que la Féra, donc la Gravenche;
jamais il n’a signifié Lotte; par conséquent ce docurhent ne-
peut être invoqué contre l’hypothèse de l’introduction accidentelle delà
Lotte dans le Léman vers le XVIIe siècle. Ce document n’est pas-
moins intéressant en montrant vers l’an 1150, il y a 750 ans d’ici, la
distinction déjà bien faite entre deux espèces de Cofégones du Léman,,
les ferratae et les palatae, les Féras et les Gravenches(2).
(4555) Un seul argument, parmi ceux que nous avons su recueillir
sur ce sujet, plaiderait contre notre hypothèse de l’introduction récente
d e là Lotte. Ronde le t , dans son Histoire naturelle des Poissons
d’eau douce (3), parle de la Lotte comme portant^ à Genève le nom
de Motella, et dans sa figure du Poisson on ne peut méconnaître-
la Lotte. Si la Lotte avait à Genève en 1555 un nom populaire, ce-
Poisson devait être abondant dans le lac.* Mais nous avons vu dans
Ge s s n e r par le témoignage d’un riverain du Léman, que dans le
XVIe siècle on désignait sous le nom de Motaila, un Poisson gros
comme le Chabot, qui devait être la Loche franche; il est probable que
R o n d e l e t a fait une confusion, très explicable par l’analogie du mot
Motella avec celui de Mustélla, fréquemment appliqué à la Lotte. Entre
Ge s s n e r qui avait vécu à Lausanne et Ro n d e l e t qui écrivait à Montpellier,
nous n’hésitons pas et nous écartons l’argument de Ro n d e l e t
en nous fondant sur l’argument de Ges sner .
(1) Yoioi le texte original de cette phrase: « S i v e r o p i s c e s g r o s s i re-
p e r i r i n o n p o t e r u n t , p r o i p s i s q u i n q u a g i n t a p a l a t e y r e c i—
p i e n d e v e l d u c e n t e f e r r a t e r e é i p i e n d e p e r s o l v e n d e s u n t . .
Hist. patriae monumenta. Chartarum tomus IT, p. 271. N° OCXXIX, Ca 1150.
Aug. Tùrinorum, 1853.’ — Notons cependant quelque chose d’étrange dans cette
valeur quatre fois plus grande attribuée aux palatae, dont 50 équivaudraient à
200 ferratae.
(2) Dans les comptes du Châtelain de Chillon conservés dans les Archives de-
Turin.M. A. Mi l l i oud a retrouvé en date de 1288 l’envoi fait au Comte de Savoie,
au Bourget, de 140 Palées (palatae), de 7 Ombles (ambulae) et 11 grandes Truites
reçues du Châtelain de l’Ile de Genève. A. Millioud, 12 avril 1900, in litt.
(“) De Lota. L u g d u n e n s e s P i s c e m q u i in Ara, ri i n v e n i t u r L o -
t a m v o c a n t q u i a ’G e b e n n e n s i b u s M o t e l l a q u a s i Mu S t e l l a ,
n omi n a t u r . G. Rondelet. De Piscibuslacustribus, p. 164. Lugd. 1555.