EE. concèdent à ,MM. de Morges en date du 10 décembre 1690 : « de
retirer à leur profit un batz (3 sous) de phaque bateau estranger pour
le droit de rivage, soit abordage » (*).
En même temps il y avait, au bénéfice de Berne, un droit de péage
établi primitivement à raison d’un batz par pièce de marchandise ;
mais transformé par décision delà direction des douanes du 22 septembre
1699 en un droit proportionnel, à raison de demi-batz par unité de
poids d’un quintal de marc (2), à l’exception des marchandises spécifiées.
Je donne ici l’énumération de ces dernières en groupant les marchandises
d’après la valeur du droit de douane; elle est intéressante
parce qu’elle montre la variété déjà grande des marchandises d’importation
dans le Pays de Yaud; cette liste est fort compliquée, e t
pourtant elle ne contient pas les denrées, et c’était le plus grand nombre,
dont le péage se prélevait au poids du quintal (3) :
« Une barquëe de pierres 7/f.6s.(-t)
Chaque char de foing, paille ou fourrage. — Un charriot
neuf. — Un millier de tuiles et carrons 6 s.
Chaque tonneau de vin, petit ou grand, chaque char de bois
à brûler. Une douzaine de chaises de paille ou de noyer, une
douzaine d’ais, un bois de lit, cabinet, coffre, garderobe, table
de noyer, vieux ou neuf. Une caisse d’ardoises doubles. Un
moulin à vent pour nettoyer le bled. Un millier d’échallas 3. s.
Un cheval, cavale ou poulain; une coupe de châtaignes, une
coupe de graines sortant du pays de LL. EÉ. ; un char de fumier.
Une tine, fuste, demi char, arche à farine, garderobe et
coffre en sapin. Un tonneau de chaux. Un • ballot, malle ou
coffre de hardes. Uneraffee(5) de verre, bouteilles ou vaisselle
de terre. Une caisse d’ardoises simples. Un crible à bled. Une
fuste de charbon. Une douzaine de fourches i s. 6 cL
Un boeuf, vache ou cochon 1 s.
Un mouton, chèvre ou veau. Une coupe de graine ne sortant
pas du pays de LL. EE. Un boutequin de fruits. Une liasse
de cercles. Un van à vanner. - 0 s. 9 <L
Une brouette .O.S. 47s tL
(*) Archives de Lausanne. Welsche Bûcher. V. 180.
C2) Un quintal poids de marc 48.95 kg.
(3) Arch. de Morges. PPP., n° 6.
(*) ff- — florin de 1 2 sols; s. sol de 12 deniers (d).
p) Kaf fa, sorte de'panier à porter sur le dos. Glossaire Bridel [loc. cit. p. 525].
Voici encore une autre signification du mot de droit de rivage. Le
port royal(*) de Villeneuve jouissait du droit de rivage ou port nécessaire
(*), ou encore du droit de port et rivage forcé (3). Tout le commerce
du Valais avec la région du Léman devait passer au péage de
Villeneuve. Le partisseur de St-Maurice devait diriger sur Aigle et Villeneuve
toutes les marchandises allant d’Italie à Genève. Les Valaisans
cherchaient à les amener au Bouveret pour les embarquer sur leurs
bateaux à destination de Genève, mais les gens de Villeneuve réclamaient
toujours leur ancien droit (4). Cette obligation de passage forcé
par Villeneuve de tout le commerce du Valais a été maintenue ou tout
au moins réclamée fort tard; nous la retrouvons encore en 1705 où le
baillif de Vevey en confirme la nécessité (5), en 1747 où LL. EE. font
défense de-mener des marchandises au port de Bouveret (6).
Qu’était ce partisseur dont nous venons de rencontrer le nom?
C’était un agent chargé de la surveillance du commerce, de l’acheminement
des marchandises, e t’probablement de la recette des droits de
péage, de navigage ou de rivage. Le titre est conservé encore de nos
jours dans l’industrie des vignes vaudoises. Partisseur, Partejau comme
l’écrit le doyen Br idel , est l’homme de confiance qui représente le
maître de la vigne pour partager le moût avec le vigneron (7).
' Jè rencontre encore, mais rarement, le droit de traverse que je vois
défini comme suit : Parmi les émoluments du bailli de Lausanne il y
avait ; « le droit de traverse sur le vin qui vient de Savoie par le lac; il
se lève à raison de 5 florins par tonneau et appartient pour un tiers au
bailli et pour deux tiers à LL. EE. » (8)
En résumé, tout en reconnaissant une certaine incertitude et une
large latitude dans la signification de termes qui empiètent les uns
sur les autres, je les définirai ainsi :
(') Cette appellation est fréquente au temps de la domination savoyarde. Je la
vois employée entre autres en 1515.
C2) Requête de MM. de Villeneuve du 11 mars 1499. Répertoire de Villeneuve
[¡oc. cit. p. 834],
■ (3) Enquête du 13 mars 1526. Ibid.
(*) Lettre du baillif de Vevey au gouverneur de St-Maurice du 7 juin 1554. Ibid.
(5) Archives de Genève. MS. historiques, X., 28.
■ (e) Archives de Lausanne. Mandats souverains, VII, 12.
(7) Glossaire des patois de la Susse romande. [Loc. cit., p. 525],
(8) Livre des Emoluments du baillage en 1659, p. 81. Archiv. de Lausanne.