En 1379, le droit de navigage, à lui seul, 4 florins d’or.
En 4437, le droit de rivage, 40 sols Genevois.
Ces droits qui, vu le taux très élevé de la monnaie, avaient dans les
anciens temps une grande valeur, étaient tombés à bien peu de chose
a la fin du XVIIIe siècle. C’est ainsi qu’en 1801 le receveur du district
de Vevey donnait acquit au boursier de Villeneuve des censes dues
pour 2 y, années, soit de 1798 à 1800, à savoir :
Pour 2 */2 censes de droit de naviguement 10 florins.
— — A'arrivage 8 __
Il y avait donc à la fin du XVIIIe siècle encore distinction entre le
droit de navigage (naviguement) et celui de rivage.
Quant au régime moderne de la navigation sur le Léman, nous nous
bornerons à constater que l’Etat, de par ses droits de haute police,
exerce une surveillance générale sur tout ce qui concerne la circulation
par eau et le transport sur le lac des personnes et des marchandises.
11 accorde des concessions aux entreprises de navigation et approuve
leurs règlements; il donne des licences de navigation aux barques
et bateaux; il jauge ceux-ci et établit leur limité de charge; il
surveille les. moteurs à vapeur ou autres, etc., etc. Il serait oiseux’de
résumer ici les nombreux règlements cantonaux, fédéraux, départementaux,
nationaux et internationaux qui règlent les faits de navigation
sur notre lac frontière.
CHAPITRE XI. L’ORIGINE DE LA BARQUE DU LÉMAN.
Il est une tradition vivante chez nous, c’est celle qui est formulée
dans une phrase de l’Histoire de la navigation sur le lac Léman par
Ad. Mo yme r , de Genève : «Les grandes barques de notre lac doivent
dater de la fin du XVe siècle ou du commencement du XVIe. Leur
forme fut empruntée à celle des bateaux dont on se servait alors sur
la mer Adriatique; on fit même venir chez nous des constructeurs
vénitiens ( ‘).
(’) In G. Fatio. Le Yachting sur le lac Léman. Genève 1894, p. 55.
Quand j’ai voulu remonter à la source de cette allégation, je n’ai
rien su retrouver de précis. M. Ad. Moynier a perdu ou détruit ses
notes; les historiens de Genève, entre autres M. L. Dufour -Ve rne s ,
le savant et très obligeant archiviste d’Etat, ignorent tout document
authentique justifiant cette donnée; de même rien dans les archives de
Lausanne et de Berne.
Ce que j ’ai obtenu de plus précis, c’est une tradition de famille qui
m’a été citée par M. Fr. Ghap o n n iè r e , pasteur à Genève^), et confirmée
par Mme D e l i s l e - P r o g l e r , à Lausanne. On raconte dans les
familles Da r ie r et P r o g l e r , que «l’un de leurs ancêtres, Vincent
■Quagl ia to (dont le nom a été déformé en Cai l l ate) , originaire de
Chioggia près Venise, arrivé à Genève en 1577, reçu bourgeois en 1583,
fut l’introducteur de la voile latine sur le Léman : il avait pratiqué cette
voilure sur l’Adriatique ». Le seul document de l’époque qui appuierait
■ce dire est une note du Registre du Conseil de Genève en date du
10 novembre 1584. « Joseph C a i a t o dit B a r b a est gratifié des quatre
écus de sa bourgeoisie, » autrement dit : est dispensé dé payer les
quatre écus qu’il devait pour son admission dans la bourgeoisie, « en
ayant égard au service qu’il a fait à la Seigneurie après les barques »(2).
Cela ne nous avance pas beaucoup. Que la voile latine soit d’origine
méditerranéenne cela est probable, cela est certain. Mais la barque du
Léman n’est pas caractérisée uniquement par sa voilure ; pour toutes
les autres particularités elle diffère de la barque des pêcheurs vénitiens.
Donc, en admettant la tradition du Quagliato(3), la question générale
yeste encore presque intacte.
Dans les archives de Genève, de Lausanne, de Berne, d’Annecy je
n ’ai rien trouvé qui élucidât directement cette recherche. Pour résoudre
le problème : « Quelle est l’origine des barques marchandes du Léman
» ? j’ai dû suivre une méthode détournée.
J’ai d’abord cherché à déterminer la date de l’apparition de ce type
de navire. Pour cela j’ai récolté les dessins de tout ce que j’ai pu
obtenir des bateaux du Léman figurés dans des documents anciens :
f1) F. Chaponnière. Genève, 21 sept. 1902, in litt.
(2) F. Chaponnière Genève, 23 octobre 1902, in litt.
(3) Nous, avons vu, p. 526, déjà à la fin du XIIIe siècle, les galères Savoyardes
construites à Villeneuve par des charpentiers Génois. Si ceux-ci ont importé le
modèle de la galère, pourquoi ne nous auraient-ils pas appris la coupe dp la
voile latine qui était la voile des galères italiennes 1