Le mât, unique, vertical, implanté sur un banc au milieu de la longueur
de la barque, sans haubans, portant une voile carrée, avec un
bras à chaque bout de la vergue, avec une écoute à chaque coin inférieur
de la voile (voile à trait carré).
G est là un bateau très primitif, de structure simple, même grossière,
certainement mauvais voilier, ne pouvant aller que vent arrière,
ou tout au plus en trois quarts; en tout cas incapable de courir dés
bordées grand large et de gagner au vent.
Pour les dimensions de ces bateaux, voici ce que j ’ai de plus précis:
Le 11 janvier 1620, le sieur Abraham Paccard, de Genève, achète
« un bapteau de bon bois de sapin de la longueur de 40 pieds de base, -
à douze points (i) le pied (l&O®), de 14 pieds de largeur sur le
derrière (4.5m) de 1 3 1:/2 pieds de largeur, sur le devant du bapteaq
(4.4“ ) » (2). Un bateau plus large à l’arriére qu’à l’avant, c’était sans
doute-une naue.
(Eig. 281). Le port de Genève en .1655 (pour Pierre Chouet),
La naue a dominé'jusqu’à la fin du XVIIe siècle; elle a disparu du
Léman dans le cours du XVIIIe siècle; dans le XIXe je n’en ai plus retrouvé
de traces. Dans les lacs de là Suisse du nord, au Contraire, elle
a persisté plus longtemps. J’ai vu, dans la seconde moitié du XIXe siècle,
des bateaux appartenant à ce type peu ou pas modifié, sur le lac de
(4) Le point était la douzième partie de la ligne ; .il est iei la douxième partie
du pied. 1
(2) Minutes du notaire Etienne R e v i l l i o d, XXIV, 8. Archives de Genève.
Neuchâtel, sur celui des IV Cantons, sur celui de Zurich, de Constance,
etc. ; ils sont encore employés en 1903 sur le Verbano et le
Ceresio.
Voici comment Keller définit la Naue dés lacs de la Suisse allemande
(*). « C’est un grand bateau qui sert au transport de m atériaux de
fort poids ; bateau sans quille, non appointi aux extrémités (la naue du
Léman avait une proue effilée), de forme rectangulaire; il est bâti d’un
grand nombre de planches assemblées sans grand art. 11 porte encore
su r le lac de Lucerne le nom de Naue (navis), sur celui de Zurich il
s’appelle Ledischiff (Ladungsschiff).
CHAPITRE VIL BARQUES ET BATEAUX MODERNES DU LÉMAN
Lé commerce et la pêche ont construit sur le Léman des types
spéciaux de bateaux qui sont originaux et peuvent se décrire comme
suit :
1. La barque, navire marchand de 100 à 120 tonneaux de port, à
fond plat, légèrement convexe (2) transversalement, avec une carènei3)
(quille), à bords évasés, à proue relevée terminée,en pointe, à rode
(étrave) inclinée de 50°, à poupe carrée en plan, presque verticale ;
navire ponté, à un seul pont, sans cloisons intérieures, sauf pour séparer
une chambre d’avant et une cuisine, à ap.poustis (coursives)
latéraux externes, sans bastingages. Un grand timon • (gouvernail) vertical,
carré, descendant de 0.5® au dessous de la quille. Longueur du
pont 26 à 30m; largeur au maître bau 7 à 8m, ce qui donne pour la largeur
le quart de la longueur, et ramène la barque à la classe des bâtiments
ro n d s , en opposition aux bâtiments l o n g s dont la longueur
dépasse 5, ou 6 , ou 7 fois la largeur. La hauteur du pont est de 1.6 à 1.8m
dans les grandes barques. Le tirant d’eau en charge entière est de 1.6
,(*) Keller [loc. cit.,p. 520], p. 38.
(2) Pour toutes les- expressions qui décrivent la forme du bateau, je suppose
■celui-ci tiré sur une cale à sèc et vu de l’extérieur.
' (3) Les mots en italiques sont' des termés locaux que nous retrouverons plus tard,
pour la plupart, dans la nomenclature des galères.