entre Genève et Morges, plus tard avec Ôuchy et le Haut-lac et LL.
EE. pouvaient admodier le service à des agents, Ma n d r o t (1675),
P a n c h a u d, Ho f e r (1689), de Morges, qui en concurrence avec les
barques de Genève s’engageaient à transporter les marchandises à
prix déterminé. C’est alors que surgit l ’idée de construire des navires
mixtes et que le Conseil de guerre de Berne réclama l’étude et lés
plans de « navires à double emploi», qui devaient servir en temps de
paix au service du commerce, au transport des voyageurs et des marchandises,
en temps de guerre au transport des troupes et des armes,
• et même à la bataille navale. Cet appel fut entendu, et si nous ne faisons
erreur, fut l’instigateur de la création du type intéressant de nos
barques marchandes du Léman, ainsi que nous le verrons dans un
paragraphe ultérieur. C’est à cette occasion que nous verrons apparaître
le nom de Maximilien Ivoy, ingénieur Hollandais au service de
la république de Genève, qui fut souvent consulté par Berne pour des
rapports sur l’état de ses galères et pour des projets'de nouvelles
•constructions; celui d’Henri D uQ u e s n e , gentilhomme français, Sei-•
' gneur d’Aubonne, qui dessina les plans du port de Morges et qui présida
à la construction d’une barque dans ce même port, édifié en
1690; les noms encore de Daniel B e n z , de J a c o b , de H o f e r et
d autres charpentiers et calfats d’origine indigène ou étrangère.
Berne avait eu, vers cette même époque, l’occasion 'de se procarer à
bon compte une flotte toute organisée. Le Chablais ayant été envahi en
.1690 par 1 armée française, la flottille savoyarde vint se réfugier d’abord
au Bouveret, puis à Villeneuve où elle se rendit à LL. EE. Le
■;patron Laurent D e n t a l (originaire de Nice), prit un engagement au
-service de Berne et lui remit ses bateaux contre payement de sommes
que le gouvernement de Savoie lui devait encore. 11 mourut en 1696
• e t son fils lui succéda; mais quelques mois après, la Savoie réclama sa
flotte et Berne dut la lui rendre, ce qui du moins était encore en état
d e naviguer. Cette flottille, était composée de deux galères, la Fidèle
de 20 paires de rames à deux raideurs par rame, et la Légère de 17
paires de rames à deux rameurs, longues de 30.9 et 29.2">, larges de
-5.8 et 5.5">, profondes de 3.2"»; en outre deux brigantins de 8 paires
de rames, chaque rame à un rameur. Les quatre bateaux pouvaient
-■ensemble porter 800 hommes (i).
■ f1) Rodt [toc. cit., p. 524], 186
En 1703 nouvelle invasion de la Savoie par la France; le jeune
D e n t a i offrit à Berne de se rendre à son service avec la flotte qu’il
commandait, mais-il reçut une "réponse évasive^1).
En 1720, % y avait encore à Genève des galères de 6 et 8 paires de
rames (-). C’est la dernière mention dans des documents écrits que
nous trouvions de. ce type de bâtiments de guerre sur le Léman. .
Mais nous constatons leur existence par d’autres monuments;
les dessins des frères G a r d e l l e de 1725 à 1750 qui représentent la
rade de Genève sous-tous ses aspects possibles, figurent tous quelque
galère ou tout ou moins quelque barque de six, huit ou dix rames au
milieu des barques à voiles (voir plus loin.) '
Une des grandes occupations des marins des flottes du Léman était
le pavoisement dê.leurs galères; les pavillons et flammes reviennent
fréquemment dans leur correspondance. Nous n’en citerons qu’un
exemple : Le 29 juillet 1715, le bailli Jean F r i s c h in g s’embarquait à
Morges pour aller; porier lés félicitations de LL. EE. au duc Victor-
Amédée II de Savoie,, qui venait d’être nommé roi de Sicile; voici la
description du pavois de sa galère : « En avant sur la grande pointe se
dressait.le grand Ours en bois sculpté, tout fraîchement vernis en couleurs;
à l’arrière, sur la poupe, flottait la grande bannière aux couleurs
de sa Grâce le bailli. Au milieu du navire tous les mâts à voiles étaient
pavoisés de banderolles, flammes, pavillons et bandières aux couleurs
bernoises, rquge et noir (3), Du reste, le goût pour la banderolle n’était
pas spécial au Léman. Que l’on en juge par la figure où nous représenterons
une galère réale de France; les flammes y tiennent plus-de
place que les voiles.
Vers la fin du XVIIIe siècle on voit un renouveau dans l’organisation
de la marine bernoise du Léman, mais suivant un tout autre système
que précédemment. Au lieu d’établir à grands frais une flotte de galères
ou de barques bâties par l’Etat et lui appartenant, la marine de
guerre fut formée par l’appropriation des barques du commerça réquisitionnées
pour le militaire. Après un dénombrement des barques
marchandes et des bateaux, on les engageait pour le service de LL.
EE. moyennant un loyer équitable et on leur donnait une organisation
(*) Rodt [toc. cit., p. 524], 179.
(2) Moyniêr, ibid. 39.
*(3) E. v. Rodt. Bern im XVIIIten Jahrliundert, p. 22. Bern 1901.