pas les microbes de la putréfaction dont tous, directement ou indirectement,
sont justiciables.
Après cette incarnation dans la plante et l’animal, la matière organique
repasse de l’état d’organisation à l’état de solution. Ou par les
sécrétions animales qui déversent dans l’eau l’acide carbonique, l’urée
et autres produits de la combustion animale, ou par la putréfaction
p o s t m o r t e m , la matière organique revient toujours se perdre
dans le grand réservoir, dans la solution très diluée que représente la
masse indéfinie de l’eau du lac. Elle, en a été tirée par l’organisation
dans la plante, elle y revient par sa dissociation en matériau x solubles ;
le cycle de l’incarnation est terminé ; la circulation est complète.
Le cercle est fermé. Mais, comment se fait-il que l’apport incessant
de matériaux nouveaux qui sont amenés par les affluents ne cause pas
une surcharge de matières organiques dans l’eau du lac? Continuellement
la pluie, les rivières affluentes et l’air jettent dans le lac des matériaux
organiques ou dès matières capables de s’organiser; puisqu’il
n ’y a pas sursaturation, il y a des voies d’élimination. Comment l’excès
des matières organiques s’échappe-t-il du lac ?
11 y a d’abord les petits moyens. Les animaux pêchëurs, les animaux
péchés ; les Poissons qui sont capturés par l’Homme, la Loutre, les Oiseaux
piscivores; les Insectes lacustres qui dans leur forme ailée sont
mangés par les insectivores, Chauves-souris, Hirondelles, ou qui sont
emportés sur terre par le vent. Il y a les débris animaux et surtout les
débris végétaux qui sont jetés à la grève, et y forment les tas de fumièr
lacustre.
A côté de ces voies accidentelles de sortie du. lac des matériaux
organiques, il y a les grandes voies naturelles, S savoir le dégagement
des gaz dans l’atmosphère; le transport de matières organiques
par l’émissaire.
Parlons d’abord de ce dernier que nous pouvons évaluer par approximation.
Nous savons que la teneur de l’eau du lac en matières
dissoutes est de/ 5 à 16 milligrammes par litre (*), disons 10msA en
nombre rond; nous savons que la quantité de matières organiques
sous forme de plancton figuré est une fraction tellement minime de
cette quantité, 1: 2000e de la quantité de matières dissoutes dans l’eau,
•que nous pouvons la négliger(>); nous savons enfin q uele débit moyen
d e l’émissaire du lac est de 252'mS/seo-(2). D’après cela nous pouvons
calculer que le Rhône de Genève emporte, sans parler du plancton,
d e s matières organiques dissoutes à raison de 2520 grammes par seconde,
ou de 79 500 tonnes de mille kilogrammes par an. Cela semble
énorme : je suis convaincu que c’est peu’de chose à côté de ce que le
Rhône, emmènerait à la mer s’il n’y avait pas de lac. En effet, une
bonne partie des matériaux organiques qui sont apportés par les affluents
se dégagent dans l’atmosphère.
Quelle est la.quantité de ces matières organiques qui se déversent
dans l’air sous forme de gaz? je ne puis l’évaluer, mais je sais qu’elle,
•est Considérable. Oxygène, acide carbonique, ammoniaque, méthane
4gaz des marais), produits de la décomposition et de la putréfaction de
la matière organique vivante ou morte, s’échappent sans cesse dans
l’atmosphère. L’observation des rayons brillants de l’image du soleil
■que j’ai décrit? il y a quelques années(3), démontre l’éclosion à la surface
de minuscules bulles de gaz qui viennent éclater dans l’air. On
•connait les grosses bulles de gaz des marais qui se dégagent de la vase
du fond, sitôt qu’on la remue avec un bâton.
J’affirme que la valeur de ce dégagement de gaz est considérable;
j ’y arrive par le raisonnement suivant. Dans les lacs sans émissaire et
dans la mer océanique, il suffit à lui seul pour compenser l’apport de
matières organiques nouvelles qui se fait par les affluents; il y suffit,
•car rien ne nous indique que, dans ces lacs ou dans la mer, il y ait sur-
saturation de matières organiques dissoutes dans l’eau. Aucun phénomène,
en l’absence d’une analyse chimique spéciale qui nous manque,
ne nous indique un excès de matières organiques dissoutes. Les eaux
y sont aussi claires, aussi vives que celles d’un lac d’eau douce.
Si, dans l’océan ou dans un lac sans émissaire, le dégagement des
;gaz suffit à maintenir l’équilibre avec l’apport de matières organiques
des affluents, la valeur de cette action est puissante. Cette action fonctionne
avec la môme intensité dans un lac à émissaire, et dans.celui-ci
la quantité de matières organiques qui s’échappe par l’affluent n’est
q u e le reste, le résidu qui persiste après cette élimination. Ce résidu
(>) V. ci-dessus, p. 214.
ï® V. t. II, p. 610 sq.
< s ) V . t . I l , p. 507,