plus efficacement à l’immigration de la population animale et végétale (<).
Les spores et les kystes, les germes de Protozoaires, de Microbes et
de Thallophytes peuvent être apportés par les vents à l’état de pouss
iè re s atmosphériques; quelques parasites, endo- et ecto-parasites,
peuvent être amenés d’un lac à l’autre par les Poissons migrateurs;
quelques organismes fixés aux bois charriés par l’Homme peuvent être
de transport accidentel; quelques-essais d’acclimatation ont été tentés
par des naturalistes: je ne connais en fait de succès que l’importation
de YElodea canadensis et de quelques espèces de Poissons. Mais, à côté
de ces voies peu-efficaces et évidemment très fortuites, le grand procédé
de migration passive se fait par les Oiseaux voyageurs, Palmipèdes
et Echassiers. Ces Oiseaux passent chaque année à travers le pays; ils
se baignent successivement dans toutes les mares, les marais, les lacs;
dans leiu vol 1 apide ce sont centaines de kilomètres qu’ils parcourent
en une journée — ils passent en quelques heures d’un bassin à l’autre
etti anspoitent à 1 état vivant les organismes ou leurs germes dans un lac
non encore habité. Â leurs plumes, à leur bec, à leurs pattes s’attachent
les oeufs, les_kystes et les germes flottant à la surface du lac0 ; à leurs
d) Ces questions sont depuis longtemps discutées et résolues. Ch. D a rw in en a
fait une belle étude dans le chapitre XII de l’Origine des espèces; il .y est revenu
dans deux notes ultérieures (Nature XVIII, 120, 1878, et XXV, 529,1882) où il cite
des transports ’de- Mollusquesbivalves attachés à la patte d’Echassiers.migrateurs.
Moi-même en 1876 j’ai expliqué la dissémination très étendue des Entomostracés
pélagiques par le transport des oeufs d’hiver attachés aux plùmes'de Palmipèdes
(F.-A. Foret. Matériaux IIP série, J XXXII. Bull.. S. V. S: Ne XIV, 221. Lausanne
18/6). J. de G u e r n e a repris cette question dans les séances de la Société-de Biologie
de Paris, 22 octobre 1887, 24 mars 1888, 10 juin 1893. A.-G a r b i n i en a / ntre-
tenu 1-Académie de. Vérone le .10 mars 1895. Vingt autres auteurs s’en sont.occupés
et le problème est définitivement résolu.
PPÇitons à ce sujet une très curieuse observation d’Asper et Heuscher; elle mérite
d’être reproduite intégralement. « Le 27 juillet 1886, à l’extrémité du,lac de-
Fâhîen (canton de St-Gall) nous trouvons, le long du rivage, sur une largeur d’un
demi-métre environ, une couche noire reposant sur l’eau, Nous y plongeons les
mains qui se recouvrent d’un nombre énorme de pelits corpuscules noirs, ‘forte-
ment adhérents. C’étaient des éphippiums (oeufs d’hiver) d’une Daphnie. Une fois
desséchés on ne pouvait plus les arracher de la peau des doigts ; ils se détachaient
au contraire.fort.bien si l’on plongeait de nouveau la main dans l’eau. Ces. épbip-
piums ne se laissaient pas.mouiller par l’eau; ils restaientjsecs comme les plumes
d’un Palmipède, etfloltaient à la surface du liquide. Leur accumulation le long du
rivage était due certainement en grande partie au vent qui soufflait à travers le
lab..... Avec .quelle facilité ces oeufs d’hiver doivent adhérer aux pattes bu aux
plumes d’un Oiseau d’eau, aux poils d’un Mammifère, qui se baigneraient dans
celte eau et qui charrieraient les germes dans un autre lac où ceux-ci se détacheraient
de leur porteur!....» G. Asper et J. Heuscher. Zur Naturgeschichte der
Alpenseén. Jahrésber. der St-Gall. Naturw. Gesellsch. 1885-86, p. 29.
pattes s ’accrochent les favas avec les organismes qui y sont fixés; à la
peau de leurs pattes, les Mollusques se cramponnent en serrant convulsivement
leurs valves; dans leur intestin sont transportées les graines
■végétales qui résistent au suc gastrique.
Il est inutile de multiplier davantage les citations : depuis que l’attention
a été- dirigée sur ces faits, on a constaté- partout un nombre,
considérable de cas où le'transport d’un organisme d’eau douce a.été
possible, ou a été réellement effectué par voie rie migration passive.
C’est, le grand procédé de peuplement des eaux continentales.
Cette prédominance d’un mode d’extension des sociétés biologiques
aquatiques, indépendant de la volonté ou des moyens naturels de propagation
des êtres* par migration passive, le plus souvent par migration
anormale, explique le cosmopolitisme incontestable des espèces
d ’eau douce; espèces lacustres, fluviátiles, palustres, etc., c’est pour
toutes la même chose. Leur extension est étonnante; les mômes e'spèces
-envahissent parfois tout un continent, un même genre toute la terre.
Tandis que les organismes terrestres ou aériens sont en général cantonnés
dans des districts souvent peu étendus, les organismes d’eau
douce sont essentiellement cosmopolites. Ce cosmopolitisme est presq
u e aussi étendu que celui des organismes marins. Et pourtant les
conditions générales sont diamétralement opposées ; dans la mer il y
■a continuité ininterrompue du milieu, communication largement ou--
verte entre Tous les bassins; dans les eaux douces il y a séparation
presque absolue des divers bassins hydrographiques. L’explication par
les migrations passives de la grandeur des aires d’habitation des espèces
■d’eau douce est certainement exacte et parfaitement suffisante..
Notons encore un fait général. Quel que s'oit le procédé de leur introduction,
il y a deux origines aux organismes qui arrivent dans le
lac par migration, active ou passive, peu importe. Les uns. viennent
t d’un lac où ils ont déjà été adaptés aux conditions de la vie lacustre,
ils n’ont donc, pour s’établir dans notre lac, qu’à surmonter les différences
peu importantes qui séparent les conditions de milieu de deux
lacs divers. Les autres viennent d’eaux campagnardes, ruisseaux, rivières,
étangs, marais, eaux souterraines ; la différence de milieu entre
ces eaux et le lac est plus considérable, et par conséquent les difficultés
d’adaptation sont plus gràndes.
Outre c e s q u e stio n s d ’adaptation, l’o rg a n ism e im m ig ran t doit sub ir