
 
		mentaire.  Une  peuplade  gauloise,  arrivant  probablement  du nord  et  
 de l’orient  a  envahi  la Suisse en môme  temps  que  la Gaule ;  elle  a détruit  
 les cités des Palafitteurs ;  elle  a  apporté l’usage du  fer.  Ces  tribus  
 gauloises portent dans  l’histoire le nom d’Helvétiens au  nord du Léman,  
 d’Allobroges  en Savoie. Quelle est la  date positive de leur  arrivée dans  
 nos  contrées?  Nous  l’ignorons;  elle  est  antérieure  au  IIe  siècle  avant  
 l’ère  chrétienne, mais  elle  l’est  de  peu.  La période  helvétienne  anté-  
 romaine  semble  n’avoir  pas  été  de  longue durée,  à  en juger  par  la  
 rareté des monuments  archéologiques qu’elle nous  a laissés. 
 Ensuite  est venue la période  romaine.  La  Savoie  fut  conquise  par  
 les Romains l’an 122  avant  J.-Chr.,  après  la victoire de  Fabius  Maxi-  
 mus  sur les Allobroges ; Genève devint station militaire romaine. L’Hel-  
 vétie  fut subjuguée l’an 58 avant J.-Chr.,  après la défaite d’Orgétorix  et  
 de  ses Helvétiens  dans  leur tentative malheureuse  d’envahissement de  
 la  Gaule  transjurane (*).  La vallée  du Léman  resta  romaine pendant  
 cinq siècles  environ. 
 Dans  ces premiers  siècles  de  l’ère  chrétienne  les  populations  gauloises  
 qui habitaient le plateau Suisse parlaient une langue latine  fortement  
 altérée  sous  forme de patois locaux. Les invasions des Allemanes  
 et des Burgondes  transformèrent  cet  état de  choses,- mais  d’une  manière  
 différente dans  les deux parties  de l’Helvétie.  Les  Allemanes  absorbèrent  
 en  les  assimilant les peuples gaulois de la Suisse  allemande;  
 les Burgondes pénétrèrent dans  la Suisse  romande, s’y établirent, mais  
 se  laissèrent  assimiler  par  les  aborigènes  plutôt  qu’ils  ne  les  absorbèrent. 
   La  Suisse  du  centre,  du  nord  et  de l’est devint  allemande,  la  
 Suisse de  l’ouest  resta  romane.  Voici  lés  dates  plus  précises  de  ces  
 invasions. 
 Dès  la  fin  du  IIIe  siècle  l’Helvétie occidentale fut  ravagée,  et  cela à  
 diverses  reprises,  par  les  incursions  des  Allemanes;  c’est  à  l’une  
 d’elles que l’on  attribue  la destruction  d’Aventicum,  en  l’an  268  probablement. 
 Un peu  plus  tard,  on voit apparaître  les Burgondes,  autre tribu  germaine, 
  venant de l’est  et du  nord.  Cette race,  «très brave,  moins  barbare  
 que les  autres Germains,  douée d’üne  certaine bonhomie  et adonnée  
 à la fabrication  des  ouvrages  en  bois » (2),  a  joué  un  grand  rôle 
 f1)  J'écris  ces lignes dans la vallée du Léman,  au  sud-est du  Jura. 
 (aj  Soerales  Seolast.  Hi s t .   e c c l e s .   VII,  30. 
 dans notre pays qui  lui  a dû pendant longtemps ses lois  et sa jurisprudence, 
   et qui  a traversé sous  son,action  les  grandes  époques  historiques  
 du  premier  et du  second  royaumes  de  Bourgogne.  Arrivés  à  la  
 fin  du  IVe siècle  dans  la  région  du Main,  ils  avaient  passé  le  Rhin  en  
 413  et  s’étaient  établis  à Worms  dans, le Palatinat.  Dans  la  première  
 moitié du Ve  siècle,  la  poussée  des  Francs  qui  avait refoulé les Allemanes  
 sur la  Souabe,  la  haute  Alsace  et  la Suisse  allemande,  rejeta  
 lès  Burgondes  sur  la  Suisse  occidentale  et  la  Savoie.  Plusieurs  fois  
 repoussés,  ces  derniers  finirent  par  s’y  établir  définitivement,  aussi  
 bien  au  sud  qu’au  nord du Léman (*};  c’est  en  456  qu’eut  lieu  le partage  
 des  terres entre  les  chefs burgondes  et les  sénateurs  gaulois (2). 
 Le  premier  royaume  de  Bourgogne  ne  dura  que  quelque  quatre-  
 vingts  ans,  et  le  pays  tomba  en  534 sous  la puissance  des  Francs;  il  
 subit pendant trois  siècles les vicissitudes des  règnes troublés  des Mérovingiens  
 et des Carolingiens. 
 En 888, Rodolphe se fit sacrer  roi  de Bourgogne à St-Maurice,  et  le  
 second  royaume  de  Bourgogne  dura  jusqu’en  1032,  date  de  la  mort  
 de Rodolphe III  qui  avait fait,  en  1016,  donation  de  ses  états  à  l’empereur  
 Henri  II,  son neveu. 
 Dès  ce moment le pays  du Léman  fit partie de  l’empire germanique,  
 et  ses  destinées  se  trouvèrent  liées  aux  alternatives  de  fortune  des  
 grandes maisons  souveraines  qui  s’élevaient  de  plus  en  plus  dans  la  
 hiérarchie  compliquée  de  la  noblesse  féodale.  Les  plus  puissants des  
 seigneurs,  qui  remplissent  de leurs  noms  l’histoire  confuse -et  agitée  
 de  ces périodes,  sont les  comtes de Maurienne  qui devinrent plus tard  
 les  comtes de Savoie,  les  comtes  de  GenèVe,  les  comtes  de  Gruyère  
 et les ducs de Zæhringen. En même temps  la puissance  temporelle de  
 l’église se développait parallèlement,  et les  évêques,  tout en  dominant  
 le pays par les  armes  spirituelles,  arrondissaient leur patrimoine  et  en  
 faisaient des  seigneuries  importantes. L’évèché de Lausanne  s’étendait  
 .sur les  rives du Léman, d e l’Aubonne  à Villeneuve, celui du Valais dans  
 la plaine  du Rhône,  celui  de  Genève  sur  toute la  rive  sud du Léman  
 et  sur  la  rive  nord  jusqu’à  l’Aubonne.  Dans  cette  période  indécise 
 (l)  A°  428.  T h é o d o s i i   a n n o   XX,   S a p a u d i a   B u r g u n d i o t i um  r e-  
 l i q u i i s   d a t u r   cum  i n d i g e n i s   d i v i d e n d a .   (Prosperi  Aquilani  p a r s   
 p r i o r.) 
 (*)  A°  456.  E o   a n n o   B u r g u n d i o n e ' s   p a r t e m   Ga l l i a e   o c c u p a v e -   
 runt ,   t e r r a s q u e   cum  g a l l i c i s   s e n a t o r i b u s   d i v i s e r u . n l   (Marti  
 Aventic.  Chr oni c on) .