cune des -parties y peut et doit avoir, en tant et selon que ses seigneuries,
pays et terres s’étendent au long d’icelui; déclarant que le-
milieu du dit Lac, aux endroits des abordantes (!) terres et Seigneuries
doive être et demeurer la ferme, vraie, clarifiée, et nommée limite surledit
L a c »
Cette institution des limites du territoire établies au milieu du lac-
existait déjà antérieurement au traité de Lausanne de 1564. Nous la
retrouverons dans plusieurs prescriptions des franchises des villes
vaudoises. Ainsi en 1370 : « Et quant aux poissons que les marchands
achètent devant Vevey, provenant du milieu du lac jusqu’à la rive » 0 ,
Ou encore en 1439 «tout poisson péché du milieu du lac entre les
limites à droit de l’Ormeau sous Genthod et de l’Epine du Rupal-
lex 0 .
Ou encore en 1449 « le poisson qu’ils achètent devant la dite ville de-
Montreux, soit à partir du milieu du lac, dans les limites de l’eau de la.
Veraye jusqu’à l’eau de la Baye de Montreux (*).
Ou encore plus anciennement, e n 1246, Humbert de Cossonay fait
hommage à l’archevêque de Besançon pour les droits qu’il avait à
Nyon, entre autres : lacum a ripa de versus Nyon usque ad medium■
lacum (5).
Dans un traité du 20 avril 1276, on voit Humbért de Thoire et Villars
rendre hommage à l’évêque de Lausanne pour les droits qu’il lui cédait
jusqu’au milieu du lac, citra medium lacum; la frontière était au<
milieu du lac, liltra médium lacum 0 .
Saluons, en passant, cette prescription de droit international qui per-
6 ) « . . . . . abordantes terres et seigneuries des parties en; tant qu’elles corvtiennent
dans leur étendue; doivent être et demeurer ï Variante dans la
copie du dit traité dans le vol. in-fol. intitulé : Traités et alliances entre les rois;
de France et les Suisses etc., 6651. H. G. 1453-1614’.' Bibliothèque de l’Arsenal à.
Paris, in Mémoires de Henri Monod, II, 184. Paris 1805. -
(2) Franchises de Vevey, d’Amédée VI, Comte de Savoie', 7 juillet 1370 in.
F. Forel. Chartes communales Mém. et doc. de la Soc. d’hist. Suisse Romande,,
t. XXVII. Lausanne 1872, p. 154.
(8) Franchises de Nyon. Requête du 7 d‘éc. 1439. Ibid.. p. 252.
Ab ulmo subtils Gento usque ad gpinetam du Rupallex. Le Rupallex, ruisseau
qui vient du Molard au-dessus de Mont-le-Grand et se jette dans le lac à un
kilomètre à Test de Rolle. ^
' (*) Franchises de Montreux, confirmation par Louis, duc de Savoie, 4 mars 1449_
Ibid., p. 273. ,
- (5) Mém. Doc. S. H. S. H. • Vy I, 227.
(6) Ibid. VII, 67. Regeste Forel. N° 1848.
siste au commencement du XX® siècle d’après un traité de l’an 1564,
confirmant des traditions et coutumes qui remontent jusqu’au XIIB siècle.
Dans les révolutions trop fréquentes des actes de l’histoire, ils ne
sont pas nombreux les faits diplomatiques aussi âgés qui sont encore
aujourd’hui respectés.
Si sur une carte du Léman on trace les frontières d’après ces
prescriptions, cela donne les proportions suivantes de la superficie
du lac :
Valais 1 3 6 km2
Genève 36.1
Vaud 293.7 Suisse 343.4k"'2
France 239.0
582.4
CHAPITRE VI. LE NOM DU LÉMAN.
Quel est le nom authentique de notre lac ? Doit-il être appelé lac
Léman ou lac de Genève ?
La question a été soulevée par le professeur E. P la n tam o u r dans
une lettre 0 par laquelle il se moquait agréablement du terme de
Léman, et lui trouvait « un caractère à la fois archéologique, pédant et
enfantin ». Une longue polémique a suivi cette sortie humoristique, e t
la pierre que l’astronome genevois avait jetée dans notre lac a soulevé
des ondes qui ont pendant longtemps oscillé d’une rive à l’autre.
Les anciens géographes l’appelaient Léman. S tr a b o n emploie le
terme As|iàvyj XÎ|xvyj ou As|).dva 0 ou suivant une autre lecture lacum
Palamenam0 . P om p o n iu s Mêla lacus Lemannus, P lin e Leman-
nus, A m m ien M a rc e llin palus nomine Lemannus. Si l’on en croit
F e s tu s A v ie n u s l’ancien nom grec aurait été Accion, mais on ne retrouve
cette appellation dans aucun des auteurs grecs dont les écrits
nous sont parvenus.
Dans l’itinéraire d’Antonin au IIe siècle après J.-C., entre Nyon et
Orbe, nous trouvons Lacu Lausonio.
f1) Journal de Genève, 9 mai 1880.
(2) Strabonos Geographicbn V, N° 186. p. 204,
(3) Edit. Guarini et Gregorii. Amsterdam 1652,1, 371.