près de Zurich, cette masse énorme de plancton n’étant formée pour
^es %o ou Plus 9ue de Tabellaría. Au mois de juillet la Jimite de visibilité
était par 2.4“ seulement* ce qui est remarquablement peu, et indique
un trouble extraordinaire des eaux. Pendant que le lac de Zurich
inféiieui était ainsi envahi par la *1 aliellaire, le lac supérieur, en amont
du pont de Rappersweil, les petits lacs voisins de Zurich, le Katzensee,
le Greifensee ne présentaient rien d’extraordinaire. Cette invasion de
la Tabellaría a duré jusqu’en novembre \ 898, soit pendant 2 7a ans,
puis elle a disparu pour être ^remplacée par l’invasion d’une autre'
algue, Y Oscillatorid rubescens. Celte Cyanophycée, célèbre p a r la coloration
violette qu’elle donne parfois aux eaux du lac de Morat, d’où
elle a été décrite en 1825 par A. - P. d e C a n d o lfe , retrouvée en 1894
dans le lac deBaldegg par B a c hm a n n , a apparu dans le lac de Zurich
en novembre 1898, et elle a persisté jusqu’au jour .où j ’écris ces lignes,
janvier 1901, en quantité assez grande pour colorer en violet le sable
des filtres de la Ville de Zurich, ou pour apparaître en taches violettes
dans la glace près de Rapperswyl. L’Oscillatoria rubescens est actuellement
prédominante dans le plancton du lac de Zurich, comme
l’était la Tabellaría il y a deux a n s (‘).
Ce qui donne un intérêt tout particulier aux observations de nos
amis de Zurich, c’est' que la multiplication exagérée de la Tabellaría
fenestrata en 1896, et celle de YOscillatona rubescens en 1898, ne sont
pas des apparitions saisonnières, mais des apparitions temporaires;
elles ne sont pas liées à des faits de température ou de climat et ne se
reproduisent pas périodiquement chaque année à la même saison ; elles
se prolongent été- et hiver pendant deux, trois ans pour disparaître;
comme elles ont commencé, sans cause apparente. '
Que des faits analogues aient lieu dans chaque lac, chacun pour ce
qui le concerne, avec prolifération ex-agérée d’une espèce quelconque
du plancton, différente dans des lacs voisins, et nous aurons l’explication
de la diversité étrange de la composition du plancton des lacs
d’eau douce, diversité dans les proportions numériques des divers organismes,
qui contraste avec l’unité remarquable de la composition
générale des listes d’espèces de la société.pélagique.
(9 C. Schröter, 30 janvier 1901, in litt.
5° Genèse de la société des régions profondes. '
D’où -les animaux et plantes qui habitent les grands fonds du lac
tirent-ils leur origine? Où vivaient leurs ancêtres? Quelle est la genèse
'de cette société? A cette question je ne vois que trois solutions possibles;
j’écarterai les deux premières pour m’en tenir à la troisième qui
est évidemment seule admissible.
Première solution. Les sociétés abyssales actuelles du Léman descendraient
elles de sociétés abyssales anciennes des époques géologiques
tertiaires qui se seraient continuées sur place par une chaîne
non interrompue ?
Cette origine qui serait peut-être admissible dans d autres lacs, d’autres
pays, n’est pas possible dans la région subalpine. Nous Pavons
déjà dit : le grand événement géologique qui a donné à notre pays un
caractère tout particulier, à tant de points de vue, l’époque glaciaire, a
été, au point de Vue de la biologie lacustre, une barrière absolue pour
la succession régulière des êtres. G. A sp e r f 1) est le seul auteur qui,
à ma connaissance, ait admis la possibilité d’u n e continuation de la vie
aquatique locale à travers l’époque glaciaire. Je l’ai réfuté èn 1885 dans
ma Faune profonde des lacs suisses(2).Depuis lors, personne n’a repris.,
cette thèse. Nous pouvons donc considérer comme oubliée, cette supposition
que des animaux lacustres auraient résisté à l’envahissement
des glaciers qui remplissaient la cuvette du Léman d un culot solide
de plus de 1300“ d’épaisseur. Si le Léman existait avant l’époque glaciaire,
ce que je conteste, s’il possédait une'population dans.ses eaux
profondes, cette population a été anéantie dès l’envahissement des
glaciers èt la société actuelle n’est pas la descendante directe de la société
abyssale anté-glaciaire. -
Deuxième solution. La société des eaux profondes du Léman proviendrait
elle, par migration active ou par migration passive, des sociétés
abyssales d’autres lacs, de près ou de loin ?
Nous avons vu les procédés de peuplement qui ont amené ou ramené
la vie dans le territoire abandonné par les glaciers. Par migration
normale,'directe, active, certaines espèces sont rentrées en sui-
(i) G. Asper. YVenig bekannte Gesellschaften kleiner Thiere. Zuridï 1880.
(-) toc. cit. [p. 25.] p. 149.