teignent la précision des expériences de laboratoire. Les irrégularités
sont fortes, reconnaissons-le, mais elles n’ont pas une importance telle
que nous ne soyons autorisés à utiliser nos pêches du plancton et
l’évaluation quantitative de celui-ci.- ' .
B. La réponse de mes collègues qui ont péché dans le Léman peut
se résumer comme suit : H. B la n c croit à la concentration en bandes
des EntomoStracés pélagiques (l). Ÿ un g est très affirmatif; après avoir
raconté qu’une nuit, quand il péchait à la surface, entre Montreux et
le Bouveret, il constata une zone, large de 20 à 30ra où les BytJiotrephes
abondaient, alors qu’en dehors d’elle le filet n’en rapportait aucun, il admet
l’existence d’essaims; « il est incontestable, dit-il, qu’il se produit ici
etlà, sous l’influence de causes diverses, desaccumulations de plancton
alors qu’en des régions peu éloignées celui-ci se trouve considérablement
raréfié »(2). Pour F u h rm a n n qui, il est vrai, se base surtout sur
ses pêches du lac de Neuchâtel, les essaims sont rares, mais on les
constate parfois (5). P i t a r d n’aborde pas cette question.
C. Quant à moi, je crois pouvoir donner la réponse que voici à la
question posée en tête de ce paragraphe. D’une part j ’estime probable
que les animaux à mouvements actifs, suffisamment mobiles pour se
déplacer d’une manière effective, peuvent se réunir en bancs, en troupes;
je le crois en particulier de ceux qui subissent ou plutôt exécutent
les migrations verticales journalières, qui montent à la surface la nuit
pour redescendre dans les couches moyennes le jour; ainsi des Ento-
mostracés et des Rotateurs. Pour ces animaux la distribution peut
être assez irrégulière, et comme ils forment une proportion notable
du plancton, de ce fait l’évaluation quantitative de la matière organique
figurée est soumise à des irrégularités assez étendues. D’autre part les
organismes immobiles, passifs, ou à mouvements trop restreints, doivent
être distribués d’une manière assez uniforme dans les couches
superposées du lac : Protozoaires à mouvements actifs mais peu étendus,
algues soumises seulement aux faits de convection hydrostatique,
spores d’algues et Diatomées, aux mouvements automates, sans direction
constante; je ne puis croire qu’ils s’agglomèrent en troupes ou
(‘) Communication personnelle.
(2) Yung, toc. cit. [p. 207], p. 355.
<s) Fuhrmann, loç. cit. [p. 208], p. 121.
vols. Je ferai cependant des réserves pour la couche de surface, où, à
la limite de deux courants, on peut admettre que s ’accumulent certaines
algues, comme nous voyons la Panelorinamorum s’entasser en certains
recoins du port de Morges, assez pour teindre l’eau en vert éclatant.
J’admets donc une répartition uniforme du plancton en général, avec
concentration probable en troupes des Entomostracés et de quelques
Rotateurs. Il y a donc lieu de ne pas attribuer une précision trop absolue
aux évaluations quantitatives du plancton. Mais quand on aura
adopté la proposition de H o fe r de séparer du plancton les gros Entomostracés
(f), cette objection aura perdu presque toute sa valeur, et les
pêches au filet fin donneront des résultats très sûrement utilisables.
9° Fleur du lac.
On appelle floraison du lac l’apparition, à la surface des eaux, de
taches colorées, formées par l’accumulation d’organismes végétaux.
Ce sont ou bien des algues pélagiques, assez légères pour s’élever
à la surface, pour nager sur l’eau (« schwimmende Algen »). C’est le cas
le plus fréquemment signalé par les naturalistes du nord, sur les lacs
de Suède, de Finlande, de Prusse ou du centré de l’Europe; j ’ai vu
citer comme produisant la fleur du lac : Clathrocystis aeruginosa,
Gloïotrichia echinulata, Oscïllatoriarubescens,Anabaenaflos-aquae,eXc.
Sur le Léman je n’ai vu qu’une seule fois une véritable « fleur du
lac », causée par une algue, l’Anabaena flos-aquae, le 10 décembre
1896. Cette plante qui apparaît souvant en quantité énorme est en général
flottante entre deux eaux; ce jour-là elle était montée à la surface
et ses flocons nageant sur l’eau étaient assez nombreux pour former
des taches colorées. Le Bothriococcus Brauni ne m’à jamais montré
ce phénomène; mais jeneserais, cependant, pas étonné si je le constatais
un jour.
Un cas qui pourrait s’en rapprocher c’est celui de la Pandorina
morum, qui colore en vert la surface de l’eau; c’est une Algue flottante
qui reste entre deux eaux, soutenue par les mouvements de ses cils
vibratiles. Sitôt que ceux-ci s’arrêtent, l’organisme s’enfonce, ce que
l’on constate en remplissant un flacon d’eau chargée de Pandorines;
au bout d’une heure l’eau verte est rassemblée en une couche brillante
au fond du vase. Algue flottante n ’est pas Algue surnageante. Une ou
i1) Voir, ci-dessus, p. 202, •