Murénidés.
L’A n g u ille ., Anguilla vulgaris Flem. Très rare dans le Léman; y
existe cependant à l’état de nature. Dans le chapitre où nous traiterons
de l’importâtion des Poissons, nous ferons l’histoire complète de l’introduction
de l’Anguille dans notre lac. Pour le moment, bornons-nous à
dire que nous, avons des récits authentiques de pèches d’Anguilles
dans les temps anciens, disons jusqu’à la moitié du XIXe siècle. Ce
Poisson y était qualifié de rare ou très rare. Mais à partir, de 1865 le
nombre des captures s’est considérablement accru, et l’Anguille y est
devenue moins ra ré ; quelques individus sont péchés chaque année;
pour mon compte j ’en ai vu plusieurs. Cela provient d’un apport artificiel
d’alevins d’Anguille dans un étang de Fernex, mis en communication
avec le lac, ainsi que nous le raconterons plus tard.
Indépendamment de cette introduction artificielle et voulue, l’Anguille
existait donc dans le lac à l’état de nature. La chose était-elle
possible, étant connu les moeurs anadromes du Poisson,' et l’isolement
presque absolu de notre lac ? On sait que l’Anguille descend à
la mer pour frayer devant l’embouchure des fleuves dans les grands
fonds et que l’alevin remonte les rivières en mars et-avril, Comment
cette m o n té e arriverait-elle jusqu’au Léman. Est-ce par le ruisseau
le Nozon qui se partage à Pompaples entre les deux ruisseaux aboutissant
l’un au Léman l’autre au lac de Neuchâtel ? Etait-ce par l’ancien
canal d’Entreroches qui a joint la Venoge au lac de Neuchâtel de 1646
à 1829 ? 0 ) Est-ce par la perte du Rhône, le Poisson rampant sur
les rochers pour franchir le rapide1? La rareté des individus qui existaient
autrefois dans le Léman correspondait avec les difficultés d’une
introduction dans le lac par des procédés aussi étranges; nous n’avons
pas à faire intervenir pour expliquer ce fait la malédiction de
St-Guillaume, évêque de Lausanne (Guillaume de Champvent, 1274-
1302) qui Chassa publiquement et à perpétuité les Anguilles de notre
lac. (2)
(') J. Ogiz. Revue historique vaudoise. III, 204,1895.
(2) Felicis Matteoli doetoris, tractatus de exorcismis. Francofurtis MDXIIC*
p. 385.
L’Anguille vit dans la région littorale, cachée entre des pierres ; elle
atteint dans notre lac l,18m de long, et 3ke de poids. (Lune l.)
En résumé nous connaissons dans le Léman en fait de Poissons :
A.-Espèces lacustres indigènes ou dont l’introduction par immigration-,
ou par importation est de date inconnue, en tous cas très ancienne..
14 espèces: La Perche, la Lotte, la Carpe, la Tanche, l’Ablette, la Roten
gle, le Gardon, le Chevaine, la Féra, la Gravenche, l’Omble-Cheva-
lier, la Truite, le Rrochet, l’Anguille.
B. Espèces fluviátiles indigènes à l’état erratique dans le lac : 6 espèces
: Le Chabot, le Goujon, le Spirlin, le Vairon, la Loche, l'Ombre..
C. Espèces étrangères importées par l’homme intentionnellement ou.
accidentellement dans les époques récentes, disons dans le XIXe siècle:
6 espèces : la Perche-soleil, le Poisson doré de la Chine, la Marène, le-
White-Fish, le Saumon, l’Anguille.
L’Anguille paraît dans nos deux groupes : espèces lacustres indigènes,
car il y a quelques cas authentiques de pêche de ce Poisson-
venu dans notre lac par les voies naturelles; espèces étrangères importées,
car il y a eu évidemment une introduction artificielle en grand
des Anguilles de l’étang de Fernex.
La faune ichthyologique du Léman est pauvre en espèces, mai»
intéressante à plus d’un titre. Nous y reviendrons.
ARTHROPODES
INSECTES
La classe des I n s e c te s est essentiellement aérienne; avec les-.
Oiseaux et les Arachnides, ils sont les animaux les plus complètement
liés à la vie dans l’air soit par leurs allures, beaucoup d’entreeuxont la
faculté de voler, soit par leur respiration trachéale qui implique la pé