minimums des deux séries. Quand le plancton, la matière organique
figurée en suspension dans l’eau du lac, augmente, cela n ’implique pas
une diminution correspondante de la quantité de matière organique
dissoute dans cette eau.
Gomment peut-on s’expliquer que dans une eau à composition relativement
peu variable, il puisse en certaines saisons se développer un
nombre considérable d’organismes, sans que la teneur de cette eau en
matières dissoutes ne varie, en raison inverse, considérablement aussi?
Nous répondrons à cette question en étudiant le poids relatif de ces
matières organiques, soit figurées, soit dissoutes.
— D’après les études d’A p s te in ( ‘) sur le plancton du lac deDobers-
doi f, portant sur 15 OOO™3 de matière, nous pouvons admettre que :
I e“ 3 plancton desséché à 20° pèse ÎO » ,
» 100° 8ms.
Donc le plancton humide renferme : eau 99 »/„
matières sèches 1 %.
Ces matières sèches contiennent en moyenne
Matières minérales, 22 %,
Matières organiques, 78 %.''
Donc, l«n3 plancton humide, une fois desséché contient
Matières minérales, 1.8™?,
Matières organiques, 6.2™?.
Nos pêches de plancton de Morges nous ont donné en moyenne-
5 1 cms/m2 . cela représente 322 me de matières organiques sèches, .
dans une Colonne verticale de 60 M de hauteur et de 1 ™2 de section.
D’autre part, si nous admettons que la quantité de matière organique
dissoute e s t.d e 10™? par litre (2) nous avons, pour la même colonne
d’eau, 600»r de matière organique en dissolution.
La couche supérieure du lap, de 60™ d’épaisseur, contient donc,,
en fait de matière organique, par unité de surface de un mètre carré :
Matières organiques dissoutes, 600»
Matières organiques figurées, plancton, 0.322.
La quantité moyenne de plancton n’est donc, dans la couche supérieure
du lac, où elle est le plus abondante, que le 1:2000 de la quantité
de matière organique dissoute.
— Faisons d’une autre manière un calcul analogue.
Nous pouvons admettre que la composition chimique de l’eau du
lac est uniforme, depuis la surface jusqu’aux plus grands fonds. Etant
donné le volume du lac, 89 millions de mètres cubes, pour faire varier
d’un milligramme par litre la teneur en matières organiques de l’eau, il
faudrait y verser ou en enlever 89 000 tonnes de ces matières organiques.
D’autre part :
La superficie du Léman à l’isobathe 0m 582km2
». » 60rn 418kn>2
Moyenne 500koe2
Si l™2 de la superficie du lac porte 51 c™3 de plancton humide,
500km2 » 25 500“ 3 »
soit d’après ce que nous avons vu 255m3 plancton sec,
soit 153mS matières organiques.
La densité de la matière organique peut être considérée comme
étant 1.0; donç 25 500™3 matières organiques humides, figurées dans
le plancton de la masse entière du Léman, représentent 153 tonnes
de matières organiques solides et sèches.
Nous venons de rappeler qu’il faudrait un apport de 89 000 tonnes
de matières organiques dissoutes, pour augmenter d’un milligramme
par litre la teneur des eaux du lac. Donc, puisque la totalité du plancton
en suspension dans les eaux ne représente que 153 tonnes de matières,
si tout ce plancton se dissolvait dans l’eau, cela n’augmenterait
que de '/58() de milligramme la teneur du lac en substances organiques.
Le plancton peut donc se multiplier ou se réduire dans des
proportions énormes, beaucoup plus grandes que celles que nous constatons,
cela ne fera pas varier sensiblement la composition des eaux
du lac. Le plancton ne représente qu’une fraction infime de la matière
organique contenue dans les eaux du lac; la réserve en matières dissoutes
est énorme ; elle est surtout énorme en proportion de la quantité
de matière figurée à l’état de suspension, autrement dit d elà quantité
de plancton.