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 succès  ces  citadelles, presque  imprenables  autrement.  Cela est  incontestable. 
  Mais  un  danger  analogue  n’existe-t-il  pas  dans  les  villages  
 actuels de la montagne, dans  ces  amas  de  chalets  de bois  entassés les  
 Tins  sur  les  autres, des  hautes  régions  du  Valais  par  exemple?  Et  
 -encore nos Palafitteurs  avaient-ils  sur  ceux-ci l’avantage  d’une  provi-  
 -sion  inépuisable  d’eau  à  leur  disposition  immédiate.  Chaque  année  
 nous apprenons  la nouvelle d’un  incendie terrible qui  a  ravagé' tel  villa 
 g e   alpestre.  Cela empêche-t-il les habitants  de  le  reconstruire,  avec  
 la même  imprudence,  sur  le  même plan,  avec  les  mêmes  matériaux  
 inflammables ? Ne faut-il pas  souvent  l’intervention  directe,  les  con-  
 -seils ou  les ordres  des  autorités  supérieures pour  faire  adopter  dans  
 -la bâtisse nouvelle, ou  un plan  un peu moins dangereux,  ou  quelques  
 -mesures  de précautions  contre le feu ? 
 Au  sujet des motifs  de l’édification  des villages bâtis  sur pilotis,  une  
 autre  hypothèse,  enfin,  nous , est  suggérée  par  les  faits  actuels  des  
 indigènes  des  Philippines  et  des  îles  de  la  Sonde.  Là  lés  moeurs  
 qui imposent  la  construction ‘des palafittes  sont tellement impératives  
 -que  ce  ne  sont  pas  seulement  lés  villages  des  côtes  lacustres  ou  
 maritimes  qui  sont  établis  sur  pilotisl  En  pleine  terre  ferme,  dans  
 -des  marais,  dans  des  jungles,  dans  des forêts,  sur  les  collines,  les  
 -cabanes  sont toutes  en l’air;  les huttes de bois  sont  toujours  élevées  
 « u r  des pieux  ou pilotis,  et  ne sont  accessibles  que  par  des  échelles.  
 Ne pouvons-nous pas nous figurer  aussi dans l’Helvétie  anté-historique  
 . un peuple ayant  apporté  avec lui  cette  habitude traditionnelle, hérédita 
 ire ,  cette habitude devenue  innée de la  construction  sur  pilotis,  sur  
 terre  comme  sur  les  eaux?  Dans  ce  cas  les  palafittes  terrestres  
 auraient disparu,  e t nous ne reconnaîtrions  les  ruines que de ceux  qui  
 -établis  sur l’eau, y  auraient eu  leurs  reliques protégées, par  ce  milieü,  
 -où  l’homme n’a appris  à  fouiller qu’au milieu  du XIXe  siècle. 
 J’indique cette hypothèse sans.avoir l’idée de la  faire prévaloir.  J’estime  
 que le problème  est  actuellement insoluble ;  nous n’avons pas  les  
 -éléments  de  sa  détermination.  Nous  ne  savons  pas  la  cause  qui  a  
 -engagé  les  Palafitteurs  à  établir  leurs  villages  sur  le  domaine  des  
 eaux. 
 Une trouvaille fortuite nous  donnera  peut-être  la  réponse.  Pour  le  
 moment,  elle est incertaine. 
 2.  Le  lieu  d’élection  des palafittes. 
 ■ Nous  avons  dit que les  villages  lacustres  étaient à l’abri des  incursions  
 des maraudeurs  ennemis qui ne pouvaient y  arriver qu à la nage.  
 11 fallait pour  cela qu’ils  fussent  construits  sur  une  profondeur  minimale  
 de 1.5m d’eau,  limite extrême des  eaux guéables.  Cette remarque  
 nous  amène  à  quelques  conclusions  intéressantes. 
 Nous  constatons que les ténevières  des  anciennes  stations  laeustres  
 sont  aujourd’hui  recouvertes de  2  à 6“   d’eau  suivant  la  saison ou la  
 localité.  J’en tire  la  preuve  que  la  hauteur  du  lac  était  à peu près la  
 même  à l’époque lacustre qu’elle  est de nos jours. 
 En  effet, d’une part,  le  lac  ne  pouvait  pas  être  de  beaucoup  plus  
 élevé que  sa hauteur  actuelle,  car  dans  ce  cas la  longueur  des pilotis  
 aurait été excessive. Nous  devons' compter pour- ces  pilotis  au  moins  
 0,5m do longueur  de fiche dans le sol, et 1.5™ delongueur au dessus des  
 hautes  eaux  pour  laisser place  aux vagues de  tempête d’un grand  lac;  
 2 .0 à 2 .5m  poupt l’amplitude  de  la  variation  annuelle  avant  que  les  
 barrages  dés Genevois  empêchassent  les  eaux de l’hiver  de descendre  
 trop  bas  (')  e t' 1.5m  pour  la  profondeur  d’eau  minimale  empêchant  
 l’ennemi d’arriver à  la nage.  En  additionnant  ces  chiffres  nous  
 arrivons  à  une  longueur  nécessaire  de  5.5m  pour  le  moins,  ce  qui  
 représente  déjà  un tronc  d’arbre  assez  difficile  à manier.  La  profondeur  
 d’eau  que nous  trouvons  sur les stations,  étant déjà plus forte que  
 le minimum nécessaire, il n’est  pas possible  qu’ils  eussent  choisi  les  
 emplacements que nous  étudions si  la  profondeur  d’eau  eût  dépassé  
 de beaucoup  la  profondeur  actuelle,  si  le niveau  du  lac  eût  été  de  
 beaucoup plus  élevé  que le niveau moderne. 
 D’une autre part le niveau  du  lac ne pouvait pas  être beaucoup plus  
 bas  qu’il  ne  l’est  aujourd’hui,  car,  dans  ce  cas,  la  profondeur  de  
 l’eau  eût été insuffisante pour les besoins  .de la  défense,  l’ennemi  eût  
 pu y  arriver à gué. 
 On a bien parfois  émis  l’idée que  les villages  lacustres  étaient  bâtis  
 sur la grève, plus  ou moins  à  sec, et qu’ils  auraient été  ultérieurement  
 envahis par  un  exhaussement  du  lac.  Cela  n’est  pas  admissible;  les 
 (fl V.  !..  I. 401, sq.