graphique de la faune.pélagique, il s’efforce d’expliquer ces anomalies
pai le fait que certains lacs seraient d’anciens bras de mer qui auraient
conservé la popôlatimi marine à l’état relégué (la faune pélagique actuelle)
: les autres seraiènt des lacs modernes sans relation avec la
mer, sans restes de la faune reléguée.
P a v e s i a fort ingénieusement exposé ces faits dans un dé ses plus
beaux mémoires(*). Dans la réponse que je lui ai faite en 1884 (*), j’ai
essayé de montrer que ces exceptions, cés lacunes dans l’intégrité d e'
la faune pélagique, pouvaient s’expliquer par des circonstances locales,:
ou par les hasards de la migration passive. Je n’ai pas persuadé mon '
aimable adversaire, car en 1889 (~) il réfutait avec une nouvelle conviction
les arguments que je lui ai opposés.
Sans entrer dans le détail des faits qui touchent certains lacs étudiés
par P a v e s i, je me bornerai ici à justifier ma persistance à demander
à la dissémination passive la cause de l’unité de -la faune pélagique,,
sans f'aii e intervenir pour sa création l’hypothèse de la faune reléguée.
Je ne répéterai pas les arguments que je viens, d’exposer sur l’éxcêl-
lence de notre hypothèse des migrations passives pour expliquer, d’une
part, la grande extension, très générale, de la même faune dans tous
les Jacs.de notre continent (transport par les Oiseaux migrateurs)' —■.
d a u tie part, 1 absence dans les cas spéciaux de tout ou partie d e
la faune (hasard de transport ou conditions locales défavorables); —
d au ti e part encore, 1 existence de types étranges, de types marins qui
ont été différenciés dans les époques géologiques antérieures, et conservés
.dans les:lacs situés en dehors de l’époque glaciaire, pouf nous
ètie rapportés par migration passive quand nos lacs ont ouvert leurs
eaux aux Palmipèdes voyageurs. Je me bornerai à opposer à P a v e s i un
argument décisif auquel il n’a pas encore répondu. C’est l’existence-
des mêmes espèces auxquelles il attribue une bTïgjne reléguée', dans:
nos lacs du nord des Alpes qui n’ont jamais été des bras de mer.
Dans. le Léman, comme dans tous les grand s "lacs cisalpins, nous trouvons
Leptodora, Bythotrepheset toutes les espèces eup é lag iq u .e s.d e -
§g Altra serie di rieerclie délia fauna pelàgica nei laghi italiani, Ttendi C. delB.
Ist. Lombardo II-XII, XI-XII.
(2) F.-4- Foret. -Faune profonde des la.cs suisses, p. 152, note. .
(8) Notes physiques et biologiques sur trois petits.Iacs du bassin tessinois Arch
Genève XX [I, 856,. 1889.
GENÈSE DE LA SOCIÉTÉ PÉLAGIQUE
Pavesi (') ; or ni le Léman, ni aucun des lads du versant septentrional,
des Alpes, à plus forte faison aucun des lacs de montagne où lm h o f r
Z s c h o k ke, F u h rm a n n , etc., ont trouvé maintes espèces eupéla-'
giques, n’ont renfermé d’eau marine depuis, que l’époque glaciaire y a.
détruit les faunes pélagiques tertiaires.. Il est impossible dé faire inte rvenir
l’hypothèse de la relégation pour y expliquer la présencé des espèces
à type marin. Donc- cette hypothèse de la relégation étant insuffisante
pour eux, nous sommes obligés .d’avoir recours à l’hypothèse
des migrations passives. Si cette dernière est valable au Nord des
Alpes, pourquoi ne le serait-elle pas au Sud ?
Je me sens donc absolument justifié dans mon obstination à résister-
aux arguments de mon ami, et à croire que la faune pélagique est,.
d’origine cosmopolite, importée chez nous, et non reléguée.
Je dois signaler en' terminant une difficulté de ces théories : c’est c&
qui regarde les Poissons pélagiques. '
■ Parmi les Poissons que nous trouvons dans-l’a zone centrale du Léman,
quelques-uns,' lés Truites, lès. Brochets, sont des animaux chasseurs,
très mobiles, qui passent volontiers d’une région, à l’autre du
lac, qui ne craignent pas de remonter en rivière; leur introduction
dans le lac par migratién active est parfaitement plausible. Mais les
Poissons essentiellementjpélagiques, comme l’Omble-Chevalier et su r-'
tout les Corègones, la Féra et la G-ravenche, fraient dans le lac, se développent,
vivent et meurent dans le làc; jamais ils n’entrent en rivière;
sauf la Gravenche qui vient frayer en beinè, ils ne s’écartent pas de la.
région pélagique. S’ils ne viennent jamais eu rivière, on lie s’explique
pas qu’ils, puissent passer d’un lac à l’autre e n remontant, puis en
descendant le courg des rivières et ruisseaux unissant les divers,
bassins ('■*) ; la migration active est donc inadinissable pour ces Poissons.
Cependant on les trouve dans tous les lacs subalpins (3), même-
(i) Par eupélayique, Pavesi désigne les espèces essentiellement pélagiques, en-
opposition aux tychopélagiques qili ne le sont qu’accidentellement; c’est ce que
j’appelle les espèces établies, et les espèces erratiques dans la région pélagique.
(a) Les pêcheurs du lac de Morat admettent cependant des passages de Goré—
gones par la Basse-Broie du lac de Neuchâtel dans leur lac.. F a t i o invoque ces-
mêmes migrations pour expliquer les formes bâtardes des Gorégones des trois-
lacs de Neuchâtel, Morat et Bienne.- (¥. Fatio, toc. cit. [p. 55] V. II, 135.)
(?) Seul, lo lac d’Annecy n’héberge aucun Corégone.