de-celui-ci ;yiis y arrivent d’abord à l’état erratique, puis s’y établissent
si les conditions de milieu leur conviennent; enfin ils s’y développent
à l’état d’espèce fixée s’ils survivent à la lutte pour l’existence. L’origine
de la société lacustre, d’un lac quelconque, doit donc se chercher'
avant .tout dans les sociétés aquatiques des eaux terrestre^ du bassin
d ’alimentation.
Mais dans le cas spécial du Léman, son bassin d’alimentation était
désert à la fin de l’époque glaciaire ; ou du moins ses eaux n’étaient
peuplées que par les rares organismes qui avaient traversé l’âge de
grande extension des glaciers dans les mares, marais, étangs, et lacs,
alpestres des sommités émergées du glacier, des n u n a t a k s non
ensevelis sous le manteau de glace encombrant les vallées et plaine»
alpines et subalpines. Ces organismes de la faune et de la flore ni-
véales ont pu redescendre dans la plaine, c’est vrai.; mais, comme ils-
étaient adaptés au climat glaciaire, ce n’est que difficilement, mal et.
avec peine, qu’ils ont repeuplé les eaux des parties, basses du pays,,
dans les nouvelles conditions climatiques certainement beaucoup plus
chaudes que celles de la haute montagne. Donc, dans ces organisme»
des eaux des nunataks, il y avait les éléments rudimentaires de la
reconstitution d’une société aquatique des èaux de plaine, mais d’une-
société très pauvre en formes et en espèces. ‘ -
Or les eaux de plaine du bassin du Léman o n t actuellement une population
assez abondante, presqu’aussi riche que .celle des bassins
voisins; les sociétés organiques du Léman lui-même sont des'société»
de lacs de plaine presqu’égales à- celles des autres lacs suisses. Donc-
il y a eu intervention, d’autres procédés de peuplement.
Le Léman est sur le cours du Rhône. A-t-il été peuplé par la r e montée
des organismes d’aval en amont, lè long du cours-inférieur du
fleuve’? Nous avons v u (‘) que grâce aux remous latéraux de tout cour»
d eau, il n’y a peut-être pas impossibilité au transport de certains organismes
en sens inverse du courant d’une, rivière. Mais dans le eas
qui nous occupe, le peuplement ne peut avoir eu lieu par ce procédé,-
la Perte du Rhône à Bellegarde est un rapide, cascade ou cataracte,,
trop violent pour qu’aiicun animal Fait jamais franchi; c ’est, dans l’état,
actuel, des choses-, un obstacle absolu, insurmontable, il n’y a aucun,
doute Sur ce point.
Y a-t-il d’autre part, ou y a-t-il eu jadis, communication fluviale entre
e bassin du Rhône et les bassins limitrophes1? La réponse est négative
pour des rapports, à travers le Jura avec lë bassin.du Doubs, affluent
de la rive droite du Rhône en aval de Bellegarde; à travers lés campagne
» ou les Alpes de Savoie avec le ruiss'eaü des Usses, le Fier et
l’Isère, dont -les bassins, hydrographiques confinent à cèlui du Rhône,
sû r'la rive gauche en aval de Bellegarde, Elle .est de même négâtiVe
pour des rapports avec lé bassin du Pô à travers les Alpes Pennines,
avec-le bassin de la Reuss. à travers le col de la Furka, avec le bassin
de l’.Var de l’-Oberland à travers les Alpes bernoises. La réponse est au
-contraire affirmative pour des rapports entre le bassin du Léman avec
le bassin de la Thièle, affluent de l’Aar. Ces rapports ont eu lieu par
trois canaux, à savoir:
a) Le Grenet, affluent de là Broié, a été, en 1875, jeté en partie dans
le petit iac de Bref, près Chexbres, pour en faire l’un des réservoirs,
d’alimentation en.eau de la ville de Lausanne. Le lac de Bret étant la
source du Forestay, affluent du Léman, ce lac peut recevoir ainsi des
organismes établis dans le cours supérieur du Grenet, e t provenant,
par la Broie, du lac de Morat, du lac de Neuchâtel, du lac de Bienne,
de la basse.Thièle, de l’Aar' et du Rhin. Cette voie de jonction biologique
a été fermée en 1895, depuis que le cours entier du Grenet a
été dirigé dans le lac de Rret; il n’y a plus communication entre ce
ruisseau et la Broie dont il était autrefois l’une des sources!1). Le
Grenet a donc servi pendant vingt ans seulement de pont entre les
deux bassins hydrographiques.
b) Le moulin Bornu. Le Nozon qui prend sa source dans le cirque de
Vaulion, passe à Romainmôtier, Pompaples, Omv, traverse les marais
d’Orbe et se jette dans la Thièle; il appartient par conséquent au bassin
du Rhin. Un ruisseau en a été séparé pour desservir le moulin Bornu
près de Pompaples, et la chute que l’eau fait sous les roues l’amène
dans un vallon qui, contournant la ville de La Sarraz, la conl1)
Voici les dates exactes, extraites d’une lettre de la Direction de la Compagnie
des eaux de Bret du 10 novembre 1900. Les travaux de prise d’eau et de barrage
du Grenet ont été* terminés le 30 septembre 1875; mais l ’eau n’a été amenée au réservoir
de Châilly sur Lausanne que lé 31 décembre 1875. L’achat des derniers
droits d’eau du Grenet a éto terminé le 9 octobre i895, et dés ce moment on a pu
verser dans le lac de Bret la totalité des eaux de ce ruisseau. Le Grenet n’appartient
plus au bassin du Rhin.