et mars, les oeufs, encore entiers, sont expulsés des branchies et sont
lancés par le courant de sortie de l’eau respiratoire qui a traversé la
chambre branchiale, courant renforcé par une contraction brusque des
muscles de la mère. Plus lourds que l’eau, ils se déposent sur le sol environnant,
à moins qu’ils n’aient été poussés sur les rameaux de
quelque plante lacustre où ils s’accrochent par leur byssus larvaire.
Le fil de ce byssus, qui atteint 12mm et plus de longueur, se déroule
dans l’eau jusqu’à ce qu’un Poisson,passant par là, l’accroche à sa nageoire
et entraîne la larve avec lui. Les gros crochets dé la coquille de
la larve, les bouquets de poils qui' se développent en longs aiguillons,
irritent l’épiderme du Poisson, le provoquent à une tuméfaction, et la
larve est bientôt logée dans Un kyste où elle séjourne.pendant 2 à 3
mois (72 jours, B rau n ), en perdant son byssus et en se développant
lentement. Elle sort du kyste, tombe sur le. sol où elle se transforme
en jeune Anodonte en sécrétant une coquille nouvelle sur les sommets
de laquelle les restes de la coquille du glochidium demeurent encore
visibles. A aucune époque de la vie larvaire, le gloehidium n’est nageur;
les quelques cils vibrátiles qui entourent la bouche et les fosses
latérales, ne peuvent absolument pas le faire mouvoir. Jusqü à meilleure
explication, j’attribuerai donc les larves d’Anodonte de Blanc à
un transport passif par les courants de la région littorale dans la légion
pélagique, où ces larves seraient ainsi erratiques.
L a M u le tte b a ta v e , Unio batavus Lam(*). Cette espèce appartient-
elle à la faune du lac1? La question-est intéressante. Voici les éléments
de la réponse.
Et d’abord les citations des auteurs qui en ont p a rlé : Razou-
m o w s k y ( 2) nous indique la Mya pictorum. « Rien n’est plus commun,
dit-il, que cette coquille aux bords des lacs de la Suisse, et dans.le Pays
de Vaud en particulier; » (line parle pas du Léman.) B r id e 1 a copié Ra-
zoumowsky, pour son énumération des Mollusques; mais il a changóles
phrases ci-dessus et parle de la Moule c om m u n e (M u le tte des
p e in t r e s ) comme «très commune dans le lac Léman » (3). Jean de
- (q H. D r o u e t élève à la dignité d’espèce• V. squamosus Charpentier, cet Unio
dont Charpentier n,’avait fait qu’une variété dé l'Unio batavus (H. Drouet, Unionidés
du bassin du Rhône, Paris, 1885, p. 50).
(a) toc. cit. [p. 55] p. 270.
(8) toc. cit. [p, 55] p. 42.
C h a r p e n t i e rQ cite en fait d’Unios appartenant au Léman : Unio
tumidus Retz, lacs de Genève et de Neuchâtel ; Unio batavus Lam.,
tous nos lacs; var. squamosus Charp. dans un fossé près deNoville(â).
A. B r o t( 8) nous raconte la trouvaille d’une coquille d’Unio batave
sur la grève du lac près de l’embouchure du Venger on par G. de Mo r-
tille t, et la trouvaille d’un second individu faite par B r o t lui-même
dans le lac devant les Pâquis de Genève. 11 ajoute : «je ne peux croire
qu’elle ne soit pas accidentelle, car sans cela j’aurais réussi à,trouver
d’autres échantillons »,’.
Vers 1870, j’en ai ramassé moi-même une valve sur la grève du
Léman près de l’embouchure du Bief de Loflay près Morges. En 1887,
H. S c h a r d t en a trouvé un premier exemplaire vivant à Villeneuve,
dans le golfe des Grangettes, où C h a r p e n tie r , M o r t i l l e t et B r o t
avaient péché en vain; depuis lors il en a retrouvé presque chaque année
quelques individus. En publiant ce fait il a encore cité.les trouvailles
faites par M. L u g e o n ,à St-Sulpice0 et E. C h a r b o n n i e r près de
Nyon (5),;: Vers 1894, M. B e d o t a trouvé un seul individu vivant à la
Pointe de la Bise près la Belotte, Genève (6), Al. S c h e n k en a retrouvé
à Villeneuve, en 1899. Enfin moi-même j’en ai, en octobre 1899,
trouvé quelques coquilles dans des tas de graviers dragués dans le lac
devant l’embouchure de la Venoge; après que j’eus signalé ce fait à
l’ouvrier qui extrait ce sable, il m’en apporta bientôt une centaine de
coquilles, toutes fraîches, mais aucun animal vivant (7). 11 est donc probable
que le Mollusque vit dans la rivière voisine; mais je dois ajouter
que deux tentatives faites par moi et par mon fils pour les découvrir
dans la Venoge ont complètement échoué.
(*) toc. cit. [p. to i] p. 24.
(a) Dans la collection Shuttleworth à Berne, il y a quelques coquilles d’Unio
batavus, var. squamosus Charp., avec la note Genfersee. G. Surbeck suppose que
ce sont ceux trouvés dans le fossé de Noville. Surbeck. Die Molluskenfauna des
[Vierwaldstättersees. Bevue Suisse de Zoologie, VI, 548. Genève 1899.
f (8) toc. cit, [p. 101] p. 51.
. (4) M. I, u g e o n précise mieux la localité. C’est à l’embouchure de la Cham-
beronne, à Vidy près Lausanne, qu’il a trouvé chaque année, de 1888 à 1890, des
valves isolées, mais fraîches de VUnio batavus, m litt., 28 février 1900.
[ (5) Bull. S. V. S, N., XXIII, P. V., p. XXII. Lausanne 1888.
! (G) G. Surbeck, ibid. 549.
: C) Cette Mulette est notablement plus petite que les variétés décrites par Brot
qui mesuraient de-65 à 61""“ de longueur. Le plus grand de mes Unio batav’us de
; embouchure de la Venoge ne mesure que SI“”. '