mée; c’est alors que la plupart des Poissons du littoral font leur migration
annuelle dans la zone supérieure de la région profonde ; leur
arrivée doit être considérée comme un fléau dévastateur par les animalcules
limicoles qui vivaient fort tranquille,s et sans ennemis étrangers
pendant tout le reste de l’année.
Au printemps, les Poissons remontent dans le littoral et la paix
règne de nouveau dans la région qui nous occupe. Les jours s’allongent,
mais le ciel s’obscurcit, un vaste nuage de poussières aquatiques,
impénétrable à la vue, voile le firmament; l’éclairage est éteint, la
demi-obscurité dévient plus crépusculaire, plus sombre. L’oeil ne distingue
plus ni astres dans le ciel, ni bateaux à la-,surface de l’eau ;
l’azur du firmament est remplacé par le gris-noir de nos nuages de
neige. La température de l’eau se réchauffe lentement.
Pendant l’été, en raison de la plus grande longueur des jours et de
la plus grande élévation du,soleil au-dessus de l’horizon, l’intensité et
la durée de la lumière devraient augmenter; mais en raison du plus
grand développement de la vie organique et de la stratification thermique
de l’eau, le nombre des poussières aquatiques se multiplie,
et le nuage opaque, le brouillard grisâtre des couches supérieures
s’épaissit. La température de l’eau s’élève et atteint son maximum,
10 à 11°. •
En automne, dès le mois d’octobre, le refroidissement superficiel
amène jusqu’à et au delà de 30"' de profondeur les courants de convection
thermique; il en résulte un abaissement progressif de la température
qui redescend à son régime hivernal. Ces- eaux superficielles,
longtemps en contact avec l’atmosphère, sont bien aérées et débar-.
rassées de tout excès d’acide carbonique; elles apportent dans la
région profonde une provision d’oxygène qui facilite la respiration animale.
En môme temps que les eaux se refroidissent, elles s’éclaircissent,
et le régime d’hiver chasse enfin le nuage' des poussières
aquatiques. Le firmament de la région profonde redevient pur. et les
astres apparaissent de nouveau, quand l’état serein de l’atmosphère le
permet, ou quand l’eau n’est pas obscurcie par le trouble des
affluents.
Dans cette région de 30m de profondeur, l’eau est fréquemment
renouvelée par les courants de retour des grands vents; chaque fois
qu’un vent violent vient du large frapper la côte près de notre station,
11 se détermine un courant profond, qui ramène contre le vent l’eàu
accumuléesur le littoral par la pression des vagues. L’eau qui revient ainsi
dans la profondeur est abondamment aérée par le contact avec l’atmosphère;
mais elle est aussi salie et chargée de poussières aquatiques,
soulevées par le choc des vagues. Il y a ainsi renouvellement fréquent,
mais irrégulier de la provision de l’oxygène et des substances alimentaires,
que la faune locale peut réclamer. D’autres fois aussi, lorsque les
pluies ou la fonte des neiges ont gonflé les rivières, affluents du lac,
leurs eaux terreuses restant en partie étendues à la surface du lac -
déposent dans le fond les matières impalpables qu’elles tiennent en
snspension; les flocons de poussières minérales doivent alors descendre
sur le sol comme nous voyons dans notre atmosphère tomber les flocons
d’une averse de neige.
Dans la zone inférieure de la région profonde, à 100m par exemple,
le Climat est beaucoup- plus simple. L’obscurité absolue, doit, si je ne
me trompe, y régner constamment, et par conséquent le cycle des
saisons perd ainsi un trait caractéristique, qu’il avait conservé dans la
zone supérieure où, en hiver, il y avait encore un certain éclairage. Les
variations thermiques y sont bien faibles, et la température ne s’élève
en été que très peu, de quelques dixièmes de degré, pour redescendre
au même point à la fin de l’hiver; le courant d’eau froide à 4°, qui dans
les grands hivers descend de la région littorale en suivant les déclivités
des talus, doit s’y faire sentir comme dans la zone supérieure.
Le renouvellement de l’eau se fait, à 100m de profondeur, d’une m a -'
nière bien moins active que dans la zone supérieure; les courants de
convection thermique n’ont lien qu’à la fin de l’hiver, et n’y ont de
l’intensité que dans les hivers froids et prolongés; quant aux courants
d’origine mécanique, au courant de retour des grands vents, ils ne
peuvent descendre aussi bas pendant tout l’été, quand le lac est stratifié
thermiquement ; tandis qu’en hiver, quand la densité de l’eau est
uniformisée,ces courants peuvent se faire sentir dans ces grands fonds;
mais ce doit être un accident très rare. Pour ce qui regarde lës migrations
des Poissons dans la région profonde, à 100™, l’on doit avoir à
■ noter seulement l’arrivée de l’Omble-chevalier, qui aux mois'de mars
et d’avril vient y chercher ses frayères, le passa-ge des Féras et Lottes,
quand elles descendent dans les très grands fonds pour y frayer en
janvier et février, et enfin le passage des alevins de ces Poissons
quand ils remontent dans les régions supérieures.
Quant aux très grands fonds du lae, la zone de la plaine centrale, le