poids de 15ks. ; la plus grosse Carpe pesée pat Lunel ne dépassait
pas 9ke. Longueur maximale mesurée par Lunel 79cm.
La Carpe est abondante à Villeneuve ; le 10 avril 1868 on en a apporté
de cette localité au marché, de Genève un poids total de 1250H’.
En fait de belles pêches de ce Poisson, je puis citer celle d’un pêcheur
de Villeneuve(‘) qui d’un seul coup de filet a capturé :
le 25 avril 1896 ' 600H' de Carpes'et 42k« de Perches
en février 1897 300 — . 5 0 —
le 12 janvier 1898 350 — 200 —■
Les pèches de Carpes ôtaient assez abondantes à Villeneuve pour
-qu’autrefois on fit des saucisses avec la chair de ce Poisson pour les
moines de la Part-Dieu(2),qui se condamnaient au maigre pendant toute
l’année. (3)
En été nous avons presque chaque année la visite de quelques
grosses Carpes qui viennent se montrer dans le port de Morges.
L’espèce Carpe présente de nombreuses variétés ; Lunel cité les suivantes
constatées dans le Léman.
A. La C a rp e à m iro ir . Cyprinus rex cyprinorum Bloch.
b . La C a rp e à c u ir. C. nudus Bloch.
c. La C a rp e b o s s u e . C. elatus Bonaparte.
d. La C a rp e r e in e . C. regina Bçnap.
e . La C a r p e d e H o n g rie . C. hungaricus Heckel et Knerr.
La Carpe, originaire dit-on de Chine, ou tout au moins d’Asie, aurait
-été introduite dans l’Europe occidentale déjà dans le moyen âge.
Mais cette notion de l’origine asiatique de la Carpe avait été sérieusement
ébranlée, il y a quelque quarante ans, quand R ü t im e y e r avait
indiqué la trouvaille de débris de ce Poisson dans le palafltte de
Moosseedorf, près de Berne,, de l’âge néolithique (4). Ce fait était assez
intéressant pour que j’en aie recherché la vérification. Le professeur
(‘) Ch. Châtiais, maître-pêcheur, in Int.
(») Couvent de Chartreux, fondé en 1307par la comtesse Wilhelmine de Gruyère,
supprimé en 1848 par un décret du Grand Conseil fribourgeois ; sur les flancs du
Moléson.
(3) Ch. Dufour, communication verbale.
(4) L. Rütimeyer. Die Fauna der Pfahlbauten. Mitth. der Antiq. Gesellsch.
IZürich, XIII, n, 2, p. 41. Zurich, 1860.
D1’ Th. S tu d e r , qui possède dans le musée de Berne la collection
complète des débris de Poissons trouvés dans les palafittes de Moosseedorf,
de Concise, de Locraz, de Moerigen, m’édrit qu’il n’y a pas trace
de Cyprinus carpio ; on aura probablement confondu avec les
écailles d’un autre Cyprinoïde, Abramis brama qui y est assez fréquent.
Voici du reste la liste des Poissons des palafittes que nous
donne M. Studer : (*)
Esox lucius, le plus fréquent, écailles, os de toutes les stations.
Salmo salar (Moosseedorf). Vertèbres. C’est peut-être des os de-
Trutta lacustrïs; d’ailleurs l’Aar n’était pas. loin du Moosseedorfsee-
et l’on pouvait y prendre des Saumons.
Coregonus Asperi Fatio. Robenhausen. Ecailles;
Squalius cephalus L. écailles.
Abramis brama L. écailles, très fréquentes.
Perça fluviatïlis L. écailles très-fréquentes.
Donc, rien n’indique que la Carpe existât en Suisse à l’époque des.
palafittes et nous n ’ayons rien à opposer de ce fait à l’opinion très répandue
d’une provenance asiatique de ce Pois.son qui aurait eu son centre
de dispersion dans le Nord de la Chine. En revanche nous trouvons
le nomde la Carpe dans la taxe officielle des Poissons faite à Villeneuve,,
le 20 avril 1376. (a)
L aD o ra d e , Carassius auratus L.Le P o i s s o n - d o r é , o u P o is s o n -
r o u g e , provenant de la Chine,échappé des aquariums ou étangs,
est actuellement acclimaté dans nos eaux et on le pèche parfois, rarement
cependant, dans le Léman. G. L u n e l en cite sept exemplaires,
péchés dans le lac ou le Rhône de Genève, qui lui ont passé entre les
mains. J’en ai vu moi-même un bel. exemplaire, d’un rouge brillant,,
dans le port d’Evian, le 14 octobre 1879. A l’état de liberté, le Poisson-
rouge reprend sa livrée naturelle, d’un vert bouteille. Il fraie en avril
ou mai sur les plantes de la beine. C’est une espèce d’importation accidentelle,
du fait de l’homme, récente. .
La T an c h e , Tinca vulgarïs Cuv., est peu abondante dans le Léman.
Elle se plaît dans les anses abritées, les ports à fond vaseux et
C) Th. Studer. 26 décembre 1898. In lût.
(2) Conservateur Suisse, XII, 312. Lausanne, 1829.