des autres grands lacs de'plaine; mais il a été constaté dans un marais:
près de Bâle (Fu h rma n n ) , dans les lacs du Rhætikqn (Zschokke), .
aussi bien dans le littoral que dans la région centrale profonde, dans.
un ïac de .la région du Gotthard (F u h rm a n n).
Monotus Morffiënsis, découvert d’abord dans la région profonde, a
été retrouvé par moi dans le littoral du Léman.
Fredericella DuPlessisi provient certainement de Fr. aultana, espèce
banale des eaux de surface.
Je m’arrête ici. Je n’entreprends pas de démêler la provenance des^
Protozoaires. Qui oserait affirmer que telle espèce microscopique découverte
dans les eaux profondes n’existe réellement pas dans les:
eaux littorales. Laissons de telles affirmations aux naturalistes du
XXe siècle. .
A u t h e n t i c r t e. Je viens de démontrer, je le.crois, la possibilité,
et la probabilité de la provenance littorale des organismes de la société,
abyssale d un lac. Puis-je aller plus loin et en prouver l’authenticité"?
Je n y arriverai pas par des arguments directs ; - je ne saurais suivre
dans leurs migrations et dans leurs transformations : les petits organismes
de nos sociétés lacustres. Mais une argumentation indirecte m’y
amène nécessairement.
J’ai prouvé que toute autre solution est inadmissibie.-J’ai prouvé
'que la société abyssale du Léman et en même temps celle'dés.autres-
lacs subalpins ne peut descendre de sociétés abyssales d’âges géologi-
ques antérieurs,, conservées sur place au fond-de'nos lacs; si nos lacs-,
actuels sont, Ce que je n’admets pas, du reste, les' successeurs directs,
de lacs antéglaciaires analogues, la population de-ceux-ci a été détruite
par l’envahissement des glaciers quaternaires et la population actuelle
ne peut provenir par-descendance immédiate de sociétés organiques
qui ont été inexorablement anéanties. J’ai prouvé que la société abys-'
sale du Léman ne peut avoir été importée de la région profonde-
d’autres lacs; il n’v a pas communication directe entre ces eaux. Donc,,
si aucune autre solution n’est possible que celle que nous proposons,.’ '
l’authenticité dé celle-ci est par cela même prouvée.
Mais cette affirmation : « aucune autre solution n’est possible»,; est-
elle bien exacte ? Nous avons dû faire des réserves sur la provenance
de deux espèces de Crustacés aveugles, Asellus Foreli et Niphargus:
Foreli, Etudions de plus près ce qui regarde ces intéressants Arthro-
'Stracés-, Je ne développerai pas dans tous ses détails la longue dissertation
que j’ai donnée sur ce sujet dans ma « Faune profonde des. lacs
.Suisses » i 1). Je me bornerai à la résumer brièvement.
Nos deux Crustacés pourraient provenir de dèux espèces qui sont
représentées dans notre pays, l’une dans les eaux littorales, 1 autre
dans, les eaux souterraines; elles en sont assez rapprochées poui que
leur descendance de l’une et de l’autre soit parfaitement admissible.
Pour les Aselles nous avons en présence :
Asellus Foreli de la région profonde du Léman, actuellement connu
■dans les-eainç abyssales du lac des IV-Cantons (Asper), du lac d’Annecy:
(F.-A. F.), du lac du Bourget (Im ho f).
A. cdvaticus, fréquent dans les puits et les cavernes du centre de
l’Europe. En Suisse, il a été trouvé par A s p e r dans un puits de
Zurich;.:
A. aqualicus, banal dans les eaux superficielles de l’Europe centrale;
il est abondant dans la région littorale du Léman.
Pour les Gammaridés nous avons en présence :
Niphargus Foreli, connu dàns la légion profonde du Léman (F.-A.
F.), du lac de Neuchâtel (Ph. de R o u g emo n t ) , des lacs des iy-Can-
tons, de Walenstadt, de Zurich, du Lario (Asper ) , - de Starnberg
(S p a n g è n b e r g), de Zirknitz en Karinthie ( G. J o s e ph).
Niphargus pateaniis, fréquent dans les puits et-les eaux des cavernes
de Belgique, Bohême, Allemagne, France, Angleterre, Helgoland,
Italie, Hollande, Autriche et Suisse(2), a été trouvé dans notre région à
Onex, Genève (Al. H u m b e r t ) , Neuchâtel (G o d e t et R o u g e rn
o n t), Annecy (F.-A. F.).
Gammarus pulex, abondant dans toutes nos. eaux de surface et spécialement
dans le littoral du Léman.
La question qui nous est posée est : Nos deux Arthrostracés aveugles
d e la région profonde du Léman viennent-ils des'espèces voisines des
eaux littorales? 11 y aurait eu dans cette hypothèse différenciation locale
très étendue, avec modifications considérables de l’organisme.
Ou bien viennent-ils des espèces voisines des eaux souterraines qui,
(pénétrant dans la région profonde du lac, y auraient trouvé des condi-
(*) loc. cit. | p. 25, not 2] p. 170-183. ‘
t*) 0. Hamann. Europäische Höhlenfaune. Jena 1896, p. 245.