du Rhin. Ce sont : le Grenet, affluent d e la Broie détourné artificiellement
en 1875 dans le lac de Bret, qui se verse dans le Forestay et de
là dans le Léman ; le Nozon, affluent du Talent et-par lui de la Thièle-
et du lac de Neuchâtel, qui à Pompaples près La Sarraz, se partage ou
plutôt a été partagé artificiellement au moyen âge, et envoie un affluent.
dans la Venoge qui se verse dans le Léman. Ces deux voies, bien peu
libres il est vrai, sont ouvertes pour le passage direct des organismes,
aquatiques du bassin du,Rhin dans celui du Léman (1).
Le fleuve émissaire, le Rhône, se rend à la Méditerranée, en traversant
toute la plaine de France ; par ses nombreux affluents et par-
divers canaux, il est en communication directe avec les bassins voisins
du Rhin, de la Seine, de la Loire, etc.; il aurait ainsi pu servir d e ;
voie au peuplement du .Léman, pour les animaux tout au moins capables
dé remonter le cours d’un fleuve. Mais un obstacle insurmontable-
s ’oppose absolument à ce passage. C’est le canion du Rhône à sa traversée
du Jura (2). Du Fort de l’Ecluse à Genissiat, sur 48km de longueur,
le Rhône subit une dénivellation de 60m environ; il est.
encaissé dans une gorge étroite e t tourmentée ; en vingt défilés il n’est
plus un fleuve, mais un torrent bondissant. La Perte du Rhône, entre
le pont de Lucey et Bellegarde, donne une chute de 12m de hauteur,,
entre et sous des rochers où le fleuve plonge en. siphon renversé..
L’obstacle est absolu et le peuplement du Léman n’a pu suivre la voie-
remontante du fleuve émissaire.
8? L’histoire géologique du Léman le fait apparaître après l’ère te r-:
tiaire au début de Père quaternaire. Sans revenir sur ce que nous-,
avons dit de sa genèse (3), et sans vouloir préciser autrement ici
l’époque de son établissement, nous rappellerons le fait principal qui
nous intéresse au point de vue biologique. La contrée où nous trouvons
aujourd’hui le Léman a été envahie par les grands glaciers quaternaires
qui l’ont recouverte d’une couche de glaces s’élevant jusqu’à
mille mètres au-dessus du plafond actuel du lac. Une vaste mer de-
glaces s’étendait entre les Alpes et le Jura. Sous cet énorme culot,
solide, toute vie antérieure, toute vie aquatique en particulier a été-
anéantie, et nous ne pouvons aucunement rattacher les organismes;
(*) T. I, p. -352.
(•) G. Bourdon. Le canon du Rhône. Bull. Soc. Géogr. Paris, 1894, p. 3 à 36.
(») T. I, p. 207-265.
qui peuplent actuellement le Léman à ceux qui habitaient les eaux de-
cette contrée avant l’envahissement des glaciers.
Le peuplement a été un fait post-glaciaire : il est, géologiquement-
parlant, un fait récent.
CHAPITRE II
MÉTHODES ET APPAREILS POUR L’EXPLORATION
ZOOLOGIQUE ET BOTANIQUE DU LAC
Je décrirai successivement les méthodes de capture et celles de-
séparation ou de triage des animaux et plantes.
Je n’énumérèrai pas tous les appareils qui ont été proposés par les;
auteurs; je m’en tiendrai, seulement- à ceux que j ’ai employés moi-
môme et dont j’ai reconnu le bon fonctionnement.
Je réserve pour un autre chapitre la description des filets qui servent
à la pêche industrielle des poissons, et je ne m’occuperai ici que des-
recherches- du naturaliste.
1° C a p t u r e d e s o r g a n i sm e s l a c u s t r e s .
A. Organismes littoraux.
Je ne perdrai pas mon temps' à décrire les artifices divers d e
pêche dans la région littorale ; ils varient avec chaque espèce, avec
chaque nature de fond, et aussi avec la fantaisie du cherchéur. Il n’y
point de méthode générale : il n’y a qu’une foule de procédés. Le naturaliste
emploie successivement le filet à mailles de fil avec lequel il
capture les Poissons ou les Ecrevisses, la drague qui lui rapporte du
sable et de la vase, une pince emmanchée (la pince des pêches archéologiques)
(‘) qui saisit les pierres et les bois, un harpon attaché à une
corde qui ramène les plantes aquatiques, etc., etc. Point n’est besoin
(») T. I, p. 3, fig.: 3.