AMPHIBIENS
Ba t r a c ie n s .
La G r e n o u ille v e r t e , Rana esculenta L. t a plus aquatique des=
Grenouilles, s’avance assez dans lè lac pour, y être fréquemment,
pêchée. Il ne se passait pas d’année sans que j ’en visse quelqu’une-,
devant mon jardin ou dans le port de Morges. Cependant elle y est.
fort dépaysée et ne se tire que difficilement d’affairé au milieu des-
grosses vagues du lac. C’est une espèce palustre, erratique dans le-
Léman.
Le 28 octobre 1880, j’ai assisté à une scène étrange et singulièrement
tragique: des Grenouilles se noyaient dans le lac. La rivière la
Morge, débordée par-des pluies torrentielles, avait entraîné jusqu’au
lac une demi-douzaine de grosses Grenouilles ; celles-cr étaient prises
dans un vaste remous dés eaux, sur le flanc gauche de l’embouchure-
de la rivière, devant le quai, dans le lac soulevé par de fortes vagues
de vent sudois. Les infortunés Amphibiens, surpris par cette agitation
de l’élément liquide qu’ils n’avaient jusqu’alors connu qu’à l’état calme
d’une mare stagnante, ballottés par les flots entrecroisés du ressac,
jetés parfois violemment contre les murs du quai, cherchaient, probablement
depuis de longues heures, à échapper aux balancements inaccoutumés
des vagues ; repris sans cesse par les orbes du remous, ils-,
étaient toujours refoulés dans le centre du tourbillon. Mes Grenouilles
paraissaient épuisées et désespérées ; parfois elles semblaient s’abarn
donner et, cessant pour un instant tout effort natatoire, elles se laissaient
couler à fond. Mais alors l’instinct de conservation les rappelait
à elles ; elles donnaient un coup de pattes ét revenant à la surface
aspirer quelques bulles d’air, elles prolongeaient ainsi leur agonie. Dans
l’impossibilité où j ’étais de leur tendre une perche de sauvetage, au
milieu des vagues en furie, j’ai longtemps assisté impuissant à ce naufrage,
et j’ai pu me représenter par cet exemple les efforts désespérés
du nageur, de l’homme à la mer, abandonné à la surface des flots, à
bout de forces, à bout de souffle, résigné à une mort inévitable, qui
renoncé à la lutte et qui se laissé couler ; mais sous l’étreinte de l’asphyxie,
quelques mouvements instinctifs le ramènent à la surface, et
son agonie recommence et continue jusqu’à ce que l’épuisement définitif
arrive implacable, et que le drame obscur et ignoré, mais terrible,
prenne sa fin inéluctable.
POISSONS
Les Poissons du Léman ont été depuis longtemps étudiés par les
auteurs. Nous en possédons de nombreuses listes avec des discussions
plus ou moins critiques. Nous ne retenons que celles qui sont suffisamment
originales.
Dr Levadle. Observations et réflexions sur quelques matières médicales,
p. 148. Vevey 1777.14 espèces.
Razoumowsky. Histoire naturelle du Jorat, I, 125. Lausanne 1789.
16 espèces.
Le doyen Bridel. Essai sur le lac Léman. Conservateur suisse V. 34.
Lausanne 1814. 29 espèces.
L. Jurine. Histoire abrégée des Poissons du Léman. Mém. soc. phys.
de Genève. 111,133. Genève 1825. 20 espèces. '
R. Blanchet. Histoire naturelle des environs de Vevey, p. 45. Vevey
1843. 20 espèces.
G. Lunel. Histoire naturelle des Poissons du bassin du Léman.
Genève 1874. 21 espèces.
Dr V. Fatio. Faune des Vertébrés de la Suisse. Poissons, t. IV et V.
Genève 1882 à 1890. 20 espèces.
Les études magistrales de L u n e l et de F a tio seront les bases principales
sur lesquelles nous fonderons notre résumé.