mier âge du fer il y a eu deux époques,- deux peuples qui se-sont succédé,
D’abord les gens de Hallstatt avec un mobilier où le bronze
dominait encore, avec des épées dé fer du type de celles de- bronze,,
avec des bracelets , et des phalènes en lamelles de bronze, avec des
fibules caractéristiques. Des- tumulus recouvraient les cadavres de-
ceux de leurs morts qu’ils inhumaient, et les urnes funéraires quand
ils pratiquaient l’incinération. En second lieu les gens de la Tène avec-
un armement entièrement en fer, des fibules d’un nouveau type, qui
enterraient leurs' morts en des cimetières (Reihengràberl dans des-
cercueils de bois.
Devons-nous, en suivant cette distinction, intercaler entre les Pala-
fitteurs du bronze et les Helvétiens un envahissement des gens d e
Hallstatt qui auraient, eux, incendié- les paiafittes et exterminé leurs;
habitants, qui plus tard auraient été expulsés ou-exterminés par les-
Helvëtiens? Cela ne me semble pas encore démontré;, je continuerai à
attribuer aux Helvétiens l’anéantissement des Palafltteurs; à considérer-
les gens de Hallstatt et les gens de la Tène comme étant deux tribus,
d’un même peuple, ou : deux peuples contemporains et se pénétrant
l’un l’autre L
Quelles sont les dates connues de l’arrivée des Gaulois dans l’Em-
rope occidentale? L’histoire nous donne quelques jalons dans Tes-
siècles antérieurs à l’ère chrétienne : En 58, exode des Helvétiens sous;
l’impulsion d’Orgétorix; bataille de Bibracte, etc. L’an 113, les Cimbres
et les Teutons qui habitaient le Nord de la Germanie entraînèrent dans-
leur migration les trois tribus helvétiennes des Tigurins, des Tugènes-
et des Ambrons; ceux-ci, .so u r la conduite de Divicon, battirent le
consul romain Cassfus Longinus et le firent passer lui et ses troupes;
vaincues sous le joug, près de l’océan : apud oceamim ïn fniibus Allo-
brigum; ou in finibus Nitiobrigum, suivant une leçon probablement
meilleure de Tite-Live, ce qui place le lieu de l’aetion quelque part sut
les bords d e là Garonne; cette bataille eut lieu l’an 107. Quelques années
auparavant, les Allobroges, peuplade gauloise comme les Helvétiens,
étaient déjà entrés en contact avec les Romains et s’étaient fait
battre par Domitius Ahenobarbus et par Q. Fabius Maximus Allobrogi-
cus, l’an 122. Les Gaulois avalent envahi la Grèce dans les IIIe et Ile-
siècles avant J.-G. En 278 ils s’étaient emparés de Delphes; de 240*
à 100 ils avaient ravagé les colonies grecques de-l’Asie-Mineure. Plus;
(*) Voyez ci-dessus p. 423.
anciennement encore, les Gaulois, vers l’an 500, avaient envahi l’Italie
du Nord et en 390‘ s’étaient emparés d é Rome qu’ils avaient brûlée.
C’est donc au commencement du VIe siècle avant J.-C. que, remontent
les. premières nouvelles de l’apparition des Gaulois dans le monde
civilisé. Cette date sera pour nous celle de l’arrivée des Helvétiens en
Suisse, celle de la destruction des paiafittes, la fin de l’ère des Palafit-
teurs.' Jusqu’à meilleur avis elle sera la seule date de chronologie positive
que nous ayons à donner dans l’histoire primitive de notre pays.
11 est inutile du reste d ’insister sur le peu de précision de cette date
ellermême.
On a bien essayé de tirer de certains faits de l’histoire géologique d u ,
pays des calculs chronométriques qui cherchaient à donner des dates
absolues, par la règle de proportion.
En 1861, V. G i lli é r o n a considéré la position d’un palafitte du
pont de Thièle entre les lacs de Neuchâtel et de Bienne et l’a comparée
avec celle de l’Abbaye de St-Jean^). -
En 1862, A. M o rlo t a proposé son calcul cbronométrique fondé sur
l’épaisseur des couches superposées dans le cône de déjection du torrent
la Tinièré, près Villeneuve du Léman (2).
En 1868, de F e r r y (3) et A r c e 1 i n (4) ont basé leurs calculs sur l’épais-
seur des couches de limon fin déposées depuis les temps archéologiques
par la Saône, près de Châlons.
En 1855 déjà, F. T ro y o n avait établi un calcul chronométrique en
comparant la situation d’un palafitte au pied de la colline de Chamblon
avec la distance qui sépare la ville d’Yverdon du lac de Neuchâtel(5).
J’ai fait une critique de ces tentatives dans mon Essai de Chronologie
archéologique(6) et suis arrivé à leur dénier toute valeur positivé. Depuis
lors, de nombreux chronomètres ont été proposés; nous n’en fe-
(1() V. Gilliéron. Sur rétablissement de l’âge de la pierre entre le lac de Bicnne et
celui de Neuchâtel. Areh. de Genève XII, p. 32. 1861.
(2) A. Morlot. Une date dè chronologie, absolue en géologie. Bull. S. V. S. N. VI.
325. Lausanne 1861. — Arch. de Genève XIII. 308.1862.
(3) H. de Ferry. Chronomètre des berges de la Saône. Mat. pour l’hist. de l’homme,
III, 339; IV, 155. Paris 1867 et 1868. Les gisements archéologiques dés bords de la
Saône. Mâcon 1868.
¡H A. Arcelin. Chronomètre des berges de la Saône. Matériaux IV, 39. Paris 1868.
(5) F. Troyon (jloc. cit., p. 425], p. 70 à 75.
(6) Bull. S. V. S. N., X, 559. Lausanne 1870.