
 
        
         
		-fait venir de  Nice de  gros  bateaux  qu’on  appelle  barques;  en  même  
 ■temps  il  avait donné  ordre  de  construire  à  Montmélian  et  à  Haute-  
 'combe  un  grand nombre  de.pètits  bateaux qu’on  pouvait  faire  transporter  
 par des  chevaux (*). 
 Par la prise de Ripaille  les  navires  genevois  obtinrent donc  la  prépondérance  
 sur  le  lac.  Le baron  d’Hermance  eut beau  faire venir des  
 constructeurs  'maritimes,  composer  même  ses  équipages  d’esclaves  
 turcs,  il  fut battu  partout. Les  galères de Genève  se  tenaient devant  le  
 port,  toujours prêtes  à l’attaque (2). 
 En 1589,  les  bâtiments  Genevois  s’étaient saisis de tous  les bateaux  
 ‘savoyards qui  se  trouvaient sur le lac(3). 
 En  1590,  trois  barques parties de  Morges  à destination  de Genève,  
 chargées de marchandises,  furent  arrêtées près  de Rolle par une  flottille  
 sortie du  port de Thonon,  composée de  deux  frégates  et de  cinq  
 petits bateaux  et montée par 180 hommes 0 . 
 En 1602, une frégate genevoise balayait le lac jusqu’à  Evian, détruis 
 a n t tous  les bateaux qu’elle ne pouvait  enlever ;  en 1603,  elle  renou-  
 ’vela les mêmes  exploits  sur la  côte du Chablais (5). 
 En  1611,  LL.  SS.  de  Genève  faisaient  construire  de  nouveaux  bateaux  
 de  guerre,  « en particulier  de petits  vaisseaux  garnis de  lames  
 •d’acier  si  tranchantes  qu’elles  coupaient  les  chaînes  tendues  sous'  
 l’eau (!).  Cependant  les  Genevois  préféraient  les  barques  aux  galères  
 parce  qu ils  pouvaient  y  placer  plus  facilement  leurs  grés  canons  si  
 ^redoutés  des  Savoyards » (6). 
 De  la France, maîtresse du Pays  de Gex, nous ne voyons nulle part,  
 à   cette  époque, mentionner des barques de guerre ou  des  galères proprement  
 dites.  A deux ou  trois  reprisés, seulement des bateaux  armés  
 ■sortent  du  port  de  Versoix  et  arrêtent des  bateaux  genevois  et  vau- 
 I}) Michael Stettler.  Chronikon, II, 298. Bern  1626.  Les galères savoyardes étaient  
 au  nombre de deux.  Ibid., p. 340. 
 (?)  Moynier,  p. 33,' 
 ■  (3)  Blavignac, 316. 
 (4)  Savyon  Roc. cit.,  p. 527J.  II,  507. 
 (6)  Blavignac,  316.  Il y  ayait même  deux  frégates  qui  firent le  tour  du  lac  du  
 2 au 5 février et  rentrèrent triomphalement  à Genève,  amenant  en  remorque  14  
 barques et bateaux savoyards.  H.  Fazy. Hist. de  Genève, à  l’époque de l’Escalade,  
 .p.  491.  Genève 1902. 
 (6)  Galiffe, Histoi-rç  de Genève, I, 328. 
 dois,  par simple acte de piraterie,  ou  pour  faire prisonnier quelque  réfugié  
 pour cause de religion.  Ainsi,  en octobre 1601, le péager de Versoix  
 s’était  entendu  avec  son  confrère  savoyard  d’Hermance pour  arrêter  
 un bateau  chargé de marchandises qui venaient de Francfort 0  ;  
 ainsi  le  27  septembre 1635 deux bateaux de Goppet (2),  le 29 juin 1706  
 un bateau de Morges (3),  furent de même abordés  en plein lac, visités  et  
 capturés.  Ces  bateaux  de police  français ne semblent pas  avoir  été de  
 grandes  dimensions. .Plus tard,  enl776,  C u é n o d  d e M a r tig n ie r  faisant  
 un  recensement des bateaux du Léman, dit entre autres :  « 11 y  a  
 dans  le  port de Versoy  un petit vaisseau percé seulement de deux  sabords  
 à la poupe >> 0 . 
 Jusqu’au  milieu  du  XVIIe  siècle,  Berne ne s’était  pas beaucoup  occupée  
 de galères  et de flotte de guerre.  Il y avait eu  une barque ou  galère  
 construite vers  1585,  qui  en  1610 était notée  comme étant  « fort  
 gastée»(5);  en  1616,  cette  barque bernoise  est  encore  citée  comme  
 étant à l’ancre dans  le  port  de Genève ;  en  1650  on  disait  que  cette  
 barque M-‘était-ce la même? — commençait à pourrir(6). Mais  à partir  
 de  cette  époque,  une grande  activité,  presque de l’agitation,  se manifeste  
 dans  le  Conseil de  guerre de  la  ville de  l’Aar,  et  les  trois  gros  
 volumes  de la Schiffahrt im  Lande des  Archives  de Berne sont remplis  
 de  tractations  pour  la  construction  de  barques  de  guerre  et  de  
 galères. 
 En 1656,  le  banneret  Vincent  W a g n e r   fait  établir,  à Vevey,  une  
 barque (7),  ou peut-êfre transformer par le  charpentier Ja c o b   une barque  
 marchande  en  une barque de guerre (s).  En 1658 et 1659  les villes  
 de Morges  et de Nyon  reçoivent l’ordre d’en  construire  sur le modèle  
 de« celle de Vevey (9). 
 j|¡ H.  Fazy.  Histoire  de Genève  à l’époque  de  l’Escalade, p. 308. Genève 1902. 
 (2)  Genfferbücher,  III. 394.  Arch.  de Berne, 
 (3)  Ibid., XV, 239-.' 
 (4)  MS. Cuénod  de Martignier, bibl. V. Cuénod, p. 17. 
 (5)  MS. historique, I, p. 47, v. Arch. de Genève. 
 (6^  Haller  [loc.  cit., p. 524],  p. 163. 
 (7)  Ibid., p. 164. 
 (8)  « J ’ai fait faire un  double fond  à  la  barque,  longue  de  10 pieds de roy et  de  
 2 Va de  large plus qu’elle  n’était,  et  pouvant  loger à position  9 avirons de  chaque  
 «ôté,  deux  petites  échelles pour- monter  par la. poupe en  façon de  galère ».  Lettre  
 ■de Jacob, 7 avril  1656. Schifffahrt im Lande^  I. Arch. de Berne. 
 (9)  Rodt  [loc.  cit., p.  524],  p^ 171.