
 
        
         
		d’après  une  détermination  provisoire  de  Chodat  d’une  Gongrosira,  
 algue Chlorophycée.  Je  fai recueillie à une grande profondeur sous les  
 eaux,  sur le  rocher submergé de Chillon. Dans des  essais faits  avec ma  
 drague  à filet (v. p. 18)  le 18  avril 1900,  en  râclant les rochers  sur lesquels  
 le  château  de Chillon  est  bâti —  rochers  qui  se  redressent  en  
 murailles, souvent  verticales,  d’une profondeur de 80m — mon  râteau  
 s’est accroché deux  fois  aux  rochers  par 40m  et  par  20m environ  de  
 fond. Dans le filet  de  la  drague  j’ai  recueilli plusieurs morceaux d’un  
 tuf  spongieux,  relativement  dur,  blanc-jaunâtre  dans  ses  sections de  
 rupture,  brunâtre  à  la surface.  Quelle en  est l’épaisseur?  je  l’ignore,  
 Le fragment le plus  épais,  qui ne traversait pas  toute la  couche de tuf,  
 mesure plus de 2 cra. 
 Tj.  Signalons  encore  une forme particulière du  tuf  lacustre,  quand il  
 apparaît  en  sable  ou  gravier.  Les  vagues,  en déferlant sur  la grève,  
 détachent des pierres quelques  fragments de tuf,  les  roulent  en  sphé-  
 rules qui se disposent  par décantation  en zones distribuées  suivant  la  
 grosseur des grains.  Je  connais des  sables et des  graviers  du  tuf  lacustre  
 au  bord des lacs  de Constance,  de Neuchâtel  et d’Annecy. 
 9.  Les  talus. du  mont.  —■  La dernière  station de  la  région  littorale  
 que  nous  distinguerons par  une  description  spéciale  sera le mont, ce  
 talus  incliné  qui borde  en avant la beine ;  cette région  est mal connue  
 parce qu’elle échappe  à la vue;  elle  n’en est pas moins intéressante et  
 -curieuse.  Le  sol  y  est formé de  sable et de vase,  plus  limoneux dans  
 la partie  supérieure,  plus  vaseux  au  pied  du  talus. Les  plantes  qui  
 l’habitent  sont  essentiellement  des  Charas  et  Nitellas  qui  y  forment  
 des gazons  ou  taillis  épais  et  serrés.  Sur  les  rameaux des Characées on  
 trouve des touffes d’algues inférieures et de Diatomées. Quant à la faune,  
 elle y est  très  abondante en petites espèces,  nageuses,  sauteuses, marcheuses, 
   qui trouvent  entre les  rameaux piquants  des  Charas  un  abri  
 naturel  contre la dent des Poissons.  Un paquet de  ces  Charas  secoué  
 dans l’eau  donne une pêche  très fructueuse d’Hydrachnides,Crustacés,  
 Vers, Turbellariés,  larves^ d’insectes,  etc. 
 Cette  faune  est le point de jonction entre la  faune littorale et la faune  
 profonde.  Je la recommande tout particulièrement aux naturalistes qui  
 -cherchent  des  espèces nouvelles dans notre  lac Léman. 
 10.  Les  eaux  litto ra le s ;^  Nous venons  d’indiquer les  sociétés  animales  
 et  végétales  liées  aux  différentes  natures  de  sol  du  littoral.  
 Outre  ces  espèces  fixées  aux  corps  durs  ou  prenant  insertion  temporaire  
 sur eux,  les  eaux  de la région  littorale  sont habitées par de nombreux  
 animaux  libres et par des plantes flottantes.  Pour  ceux  qui veulent  
 des  noms  spéciaux,  on  pourrait  appeler  cet  ensemble  d’organismes  
 nageant  et flottant dans les  eaux le plancton littoral. Cette société  
 littorale  libre  est constituée par quelques  espèces  établies  et par nombre  
 d organismes  erratiques apportés par les  courants, soit des  rivières  
 affluentes,  soit de la  région  pélagique. 
 En fait d’animaux, j ’indiquerai  avant tout les Poissons.  Les  uns  sont  
 établis toute  l’année en beine,  et  n’émigrent pas :  le Chabot par  exemple. 
  D’autres viennent frayer en beine,  le Brochet, en février et mars sur  
 la  grève  inondée,  la  Gravenche  en décembre  vers  les  embouchures  
 des  rivières.  D’autres  enfin n’habitent  la  beine  que pendant la  saison  
 d’été :  les Poissons-blancs  et  les Carnassiers qui  les poursuivent. C’est  
 un fait intéressant que cette migration saisonnière des  Poissons. Décrivons  
 en  rapidement  les  traits principaux,  et  cherchons  en  la  cause. 
 En  hiver  la  beine  est déserte;  les  Poissons  l’ont quittée pour  aller  
 séjourner  sur  les  flancs  du  mont  et  du  talus  du  lac,  par  dix,  vingt,  
 quarante mètres de profondeur.  (*.) 
 En  été,  au  contraire, la beine est abondamment habitée. Les Cyprins  
 en particulier l’animent par  leur présence,  soit  en  individus  isolés  ou  
 en petites troupes,  Carpes, Tanches,  Gardons,  Rotengles,  etc.,  soit en  
 bandes plus nombreuses,  Ablettes, Vangerons,  soit en troupes  serrées,  
 tous  les  Cyprins  de  jeune  âge.  En  môme  temps  les  bataillons  nombreux  
 des Perchettes  circulent  le long des murs  des quais,  tandis  que  
 les demi-Perches  se groupent  autour des pierres  et  des  pilotis  en  petites. 
 sociétés de quelques  individus.  A côté de  ces  Poissons  à  la  conscience  
 tranquille,  qui  ne  craignent pas  de  se  montrer au  grand jour,  
 il rampe  tout un peuple de déprédateurs  qui se  cachent  dans  l’ombre,  
 en  guettant  les  victimes  qu’ils  veulent  sacrifier  à  leur  appétit.  Les  
 grands carnassiers,  à  savoir le Brochet,  la Truite,  la Lotte,  la  Perche,  
 viennent jeter la terreur dans  le monde pacifique des  Poissons-blancs. 
 blan ^ j01113  “ Pendant  des  troupes  souvent nombreuses d’alevins de  Poissons-  
 Sa iu "ï  quelques centimètres de long, que nous  voyons, parfois même  au coeur 
 üiver, dans le port de Morges.