mélange de toutes les races qui se sont succédé dans le pays depuis-
tant de siècles. Paléolithiques, Palafltteurs (et leurs contemporains'
-, campagnards) (!) Helvétiens, Romains et toutes les races dont étaient
composées les légions romaines, Allemanes, Burgondes, réfugiés des
guerres de religion, réfugiés des révolutions politiques, touristes et
commis-voyageurs, chacun a laissé sa goutte de sang qui s’est dédoublée
à chaque génération entre les descendants dans lesquels elle s’est
mêlée avec les mille sangs composés des générations précédentes. Les
progressions géométriques amènent vite à des nombres énormes. Si
l’on cherche les ascendants d’un contemporain en ne les comptant
que depuis le début de l’ère chrétienne à raison de.trois générations
par siècle, on arrive à un nombre de 18 chiffres, le nombre 14 suivi
de 16 zéros, chacun de ces millions dé' milliards d’ancêtres ayant sur
ses descendants le droit d’atavisme.
Pourquoi n’avons-nous pas de race indigène ? Cela vient-il uniquement
de la composition bigarrée de notre population où trop de sangs
divers sont venus et viennent sans cesse se mélanger ? Les faits généraux
ne nous le disent pas. Nulle part, en- effet, la création actuelle
d’une race-humaine n’est aussi évidente que dans les Etats-Unis de
l’Amérique du Nord (2) é t cependant nulle part le mélange des sangs,
n’est poussé Si loin. Aucun pays n’a vu semble-t-il autant d’invasions
que l’Italie et cependant aucune race européenne n’est aussi bien
caractérisée que la race italienne. — Est-ce le climat ? Est-ce le sol ?
Sont-ce les moeurs et le-genre de' vie? Qu’est-ce qui détermine la formation
d’une race? Cette question serait un beau sujet d’étude pour
nos anthropologues ; s’ils y répondaient, ils résoudraient peut-être le
problème.qui nous est posé par l’absence d’un type indigène dans
notre pays.
C) Faisons cependant nos réserves sur la participation des Paléolithiques et des
Palafltteurs. à la création des races actuelles de notre Suisse romande. Les premiers
semblent avoir disparu dans la lacune historique qui sépare le paléolithique
, des palaflttes. Les seconds ont peut-être été exterminés lors de l’invasion des Helvétiens
du Ier âge du fer.
(a) Les anatomistes nient que lés Américains des Etats-Unis forment une vraie
race;'ils retrouvent sous les traits caractéristiques de frère Jonathan les détails osseux
des ancêtres émigrés du vieux co'ntinent. Je ne m’étonne pas d’apprendre que
les os n’ont pas eu le temps de se modifier dans les quelques générations du séjour
des Européens en Amérique. Mais la peau, le panicule adipeux, l’habitùs général
du corps sont assez uniformément influencés pour que la race américaine soit
déjà facilement reconnaissable.
7. ChronologiëT
La chronologie des époques préhistoriques est une des études les
plus intéressantes. Elle-se résout bien simplement si on la traite au
point de vue géologique et si, ne cherchant que des dates relatives,.
o n établit la succèssion des événements sans s’inquiéter de la durée
des périodes, Elle est bien difficile, au contraire, si l’on cherche des
•dates absolues et si l’on veut localiser dans les siècles d e s è re s historiques
les. événements constatés par l’archéologie.
La chronologie géologique se résume en Suisse dans une phrase :
l’homme paléolithique a été contemporain de la faune diluvienne et
de l’époque glaciaire.
Je n e fais pas intervenir ici la distinction des étages (époques) du
paléolithique, tels, qu’ils ont été formulés par les naturalistes français:
le Chelléem (ou Acheuléen) avec Y Elephas antiquus, le Rhinocéros
Merkii, Y Hippopotamus amphïbius, le Machærodus latidens ; le
Moustérien .avec Y Elephas primigenius le Rhinocéros tichorhinus,
YUrsùs ferox, le Megaceros hïbernicus; le Solutréen avec le cheval en
hordes immenses, le Bos longifrons, l’Ursus arctos ; le Magdalénien
avec le Renne. Je n ’en ai pas besoin pour les études qui m’occupent
ici. Pour mon compte, je simplifierais notablement ce tableau qui me
paraît très commode, mais trop compliqué; il sépare en étages ce qui
n ’est souvent qu’un faciès local. 11 me semble qu on se contenterait fort
bien de deux étages, l’un inférieur ou archaïque avec faune diluvienne
sub tropicale : Elephas antiquus, Rhinocéros Merkii; l’autre supérieur,
ou récent, avec faune glaeiaire ou sub-polaire: Élephas primigenius,
Rhinocéros tichorhinus, Cervus tarandus, etc. .C’est dans ce dernier-
étage (le Magdalénien de Mortillet), que doivent entrer nos Paléolithiques
de Thaïngen, et du Sehweizersbild dans le nord de la Suisse,
comme ceux'de Veyrier et de la Grotte du Sex de Villeneuve, dans le
bassin du Léman.
Pour nous ils appartiennent à l’étage géologique glaciaire, ou plus
exactement post-glaciaire. VElephas primigenius, le Cervus taran-
■dus ont laissé leuïs os dans les gravières des terrasses lacustres
supérieures du Léman, entre autres à St-Prex et au Boiron de Moiges,
•etc. (‘). Cette terrasse de 30“ au-dessus du niveau actuel du lac est
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